jeudi 29 décembre 2011

revue de presse : rentrée littéraire janvier 2012

et c'est reparti pour une nouvelle rentrée littéraire. Suis passée voir chez Actualitté et biblobs par curiosité... pour le moment, je ne pense pas faire augmenter ma PàL...


Avec 480 romans prévus, les chiffres s'inscrivent légèrement en baisse par rapport à 2011 (510).

De grands noms sont attendus pour débuter l'année en beauté. Avec des Pennac, Sollers, Jauffret et autres Lodge et Weyergans, le lecteur en aura pour toute l'étendue de sa traditionnelle curiosité. Nos confrères de Livres Hebdo annoncent 311 romans français, dont 55 premiers romans, et 169 romans étrangers.

Mais il faudra se satisfaire de ces sorties car, ensuite, c'est le grand plongeon. Avec l'actualité élyséenne chargée, peu d'éditeurs se risquent à publier des titres attendus après le mois de mars 2012. Ce seront alors les beaux jours de la politique-fiction, genre très en vogue en temps d'élections présidentielles…

Pour ce qui est de cette nouvelle rentrée, les fans iront directement sur le dernier  PennacJournal d'un corpspublié chez Gallimard, quand d'autres se délecteront du nouveau François WeyergansMémoire pleine, chez Julliad, ou encore de l'attendu Régine DeforgesToutes les femmes s'appellent Marie, chez Hugo et Cie. - http://www.actualitte.com/actualite/monde-edition/librairies/rentree-litteraire-2012-480-romans-sur-les-starting-blocks-30834.htm



Marie est jeune et belle, elle est veuve. Elle aime son fils, Emmanuel. Emmanuel, handicapé mental, aime sa mère, Marie.
Arrivé à l’adolescence, le trop-plein d’amour d’Emmanuel transforme radicalement la relation entre la mère et le fils. Radicalement et dangereusement, selon la moral des bien-pensants. Et ils sont nombreux.
Avec ce court roman, Régine Deforges signe un texte littéraire puissant, dans la veine de Pour l’amour de Marie  Salat  et L’Orage . Un texte entêtant qui pose la question dérangeante mais nécessaire de la sexualité des handicapés : comment appréhende-t-on les besoins physiques et affectifs des personnes dont la différence ne permet que rarement une sexualité dite « normale » ?


L’existence des aidants sexuels pour les handicapés est une réalité dans plusieurs pays européens : Pays-Bas, Danemark, Allemagne, Suisse. En France, le sujet est encore tabou, il dérange, met mal à l’aise. Mais les choses semblent évoluer puisqu’un colloque Handicap et Sexualité  a eu lieu en novembre 2010.

Toutes les femmes s’appellent Marie  est un roman d’engagement , dans la lignée des combats que Régine Deforges mena pour le droit des femmes et la liberté d’expression.


Détails sur le produitJournal d'un corps de Daniel Pennac
L'auteur a commencé à tenir scrupuleusement le journal de son corps à l'âge de douze ans, en 1935. Il a continué jusqu à la fin de sa vie à 87 ans, en 2010. Son projet était d observer à la loupe et de noter l évolution de son organisme tout ce qui d ordinaire est tu ou négligé dans les journaux intimes au profit des constructions sentimentales, des aléas de la vie professionnelle ou familiale et de s en tenir aux faits concrets qui fondent notre existence charnelle.
Le résultat, très original, est le roman d'un corps de sa naissance à sa mort, qui tient moins du précis anatomique que de l univers malaussénien, car Daniel Pennac évite la froideur du constat médical en introduisant à chaque page des données fictionnelles qui donnent du rythme et font circuler un sang chaud, celui de l anecdote intime, dans le corps autopsié que le lecteur, souvent, reconnaîtra comme étant le sien. 
Le texte n'a bien entendu rien d'une autofiction et, malgré son sujet singulier, doit beaucoup au talent de conteur de l'auteur de La fée Carabine. "Le livre se prête aussi au grappillage, explique Pennac. Le lecteur peut directement aller voir ce qu éprouvait le personnage à tel ou tel âge, ou se promener librement dans l index, du côté des organes, des maladies, des fonctions : Démangeaison, Densité corporelle, Dent, Dépression nerveuse, Dépucelage, Diarrhée, Émotion, Énergie, Épistaxis, Épuisement, Érection... Au lecteur de choisir de lire en fonction de ces entrées, ou, et c est pour moi l idéal, de tout lire dans la continuité, comme un roman". 
C est à la fois intelligent et émouvant, habilement construit, très juste dans la restitution des sensations diverses qui font vivre le corps (notamment les passages sur le désir et le plaisir amoureux), allant débusquer la poésie jusque dans la réalité la plus triviale.

Mémoire pleine de François Weyergans
Daniel Flamm, un homme d'une cinquantaine d'années, vit à Paris avec ses deux enfants et leur mère. Sans s'y attendre, il rencontre à Montréal une comédienne débutante. Elle s'appelle Justine et il s'éprend d'elle. L'attirance est immédiate et réciproque. Autrement dit, un coup de foudre. Commence une aventure aussi ardente qu'éphémère. Comment lutter contre l'éphémère ? Justine est drôle, insolente, inventive. Son narcissisme séduit Daniel. Quand il quittera Montréal, ils sauront tous les deux qu'ils ne refermeront jamais cette parenthèse. Ils s'écriront, se téléphoneront, se reverront parfois et, les années passant, renforceront le lien fragile qui les unit. S'aiment-ils d'autant plus qu'ils se voient peu ? Le téléphone, les SMS, les cassettes enregistrées et postées par Justine leur permettent de croire que leur amour ne faiblit pas, même si chacun mène sa vie de son côté. Coup de théâtre : Justine débarque à Paris et s'y installe. Daniel part pour Strasbourg, où l'accueille sa sœur psychiatre. Justine et Daniel s'aiment mais s'évitent. Manque de courage ou résignation devant un amour moins fort que leur rêve ? Ils comprennent que le temps qui passe, sans qu'ils prennent jamais la grande décision de vivre ensemble, les conduit de la jubilation à la mélancolie. Comme dans toutes les grandes histoires d'amour, le malheur veille. " Peut-on trop aimer ? ", se demandent-ils. Daniel Flamm apprendra que l'amour survit dans cet étrange endroit que nous appelons la mémoire.

De la chair avant toute chose
Le début 2012 marquera enfin les retours de David Lodge (sur la vie sexuelle de HG Wells chez Rivages), Philippe Sollers (sur une tentation incestueuse, Picasso et Manet, chez Gallimard), Daniel Pennac (qui publie un «Journal d’un corps», tiré à 120.000 exemplaires chez Gallimard), Chloé Delaume («Une femme avec personne dedans», Seuil), Gilles Leroy («Dormir avec ceux qu’on aime», Mercure de France), Régis Jauffret (qui raconte l’affaire Fritzl dans «Claustria», Seuil), ou encore Claire Castillon (une jeune femme se prostitue à l’insu de son mari dans ses «Merveilles», chez Grasset).- http://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20111229.OBS7714/rentree-litteraire-2012-sexe-politique-et-grands-espaces.html

Détails sur le produit Un homme de tempérament de David Lodge
« Le sexe pour [H. G. Wells] était idéalement une forme de récréation, comme le tennis et le badminton, quelque chose que l on faisait quand on était avec satisfaction venu à bout d une tâche, pour se défouler et exercer un moment son corps plutôt que son esprit... »

De sa plume claire, légère et souvent drôle, David Lodge brosse le portrait d un homme qui voulait changer le monde : un fervent défenseur de l Amour Libre dont le destin a été déterminé par de nombreuses aventures et mésaventures sexuelles qui non seulement compliquent sa vie privée mais nuisent à ses ambitions d homme public.

Si cet ambitieux roman pose la question de l éternelle dualité entre idéal amoureux et réalité du désir, il fait aussi découvrir toute une époque à travers l un de ses meilleurs représentants, H.G. Wells, l un des écrivains les plus créatifs et prophétiques de sa génération.

L expansion du socialisme, la naissance des théories féministes, les deux guerres mondiales, les attaques aériennes, la bombe atomique... autant de thèmes d un monde en pleine mutation qui ne sont pas sans résonance avec le nôtre.
Détails sur le produit Claustria de Régis Jauffret
Platon, le mythe de la caverne. Des prisonniers qui ne verront jamais de la réalité que des ombres d’humains projetées sur la paroi de la grotte où ils sont enchaînés. Dans le souterrain les enfants n’ont vu de l’extérieur que les images tombées du ciel qui leur parvenaient par le câble de l’antenne.
Le mythe a traversé vingt-quatre siècles avant de s’incarner dans cette petite ville d’Autriche avec la complicité d’un ingénieur en béton et celle involontaire de l’Écossais John Baird qui inventa le premier téléviseur en 1926.

« Tomber amoureux, ce jour-là, foudroyé au contact d’une main, me rendit mes seize ans, exactement mes seize ans à Léningrad. Quiconque aura aimé sait ces choses-là entre mille : étreindre une main, c’est tout donner, d’un coup, sans prudence, sans contrat, sans rien. Tenir la main, tous les enfants le savent, n’est pas seulement s’accrocher au passage : tenir ta main, c’est tenir à toi, tenir de toi. Et plus je serre, plus j’entrecroise nos doigts, les entrelace, plus je te dis mon incommensurable besoin, un besoin tel que ta paume me renseigne sur toi. Sur ta paume, j’ai pu lire que tu étais quelqu’un de bien. »


     Au cours d’une tournée qui le conduit du Caire à Buenos Aires et de Casablanca à Odessa, l’écrivain-narrateur rencontre Marian à Bucarest et s’en éprend  instantanément. Mais les deux hommes ne sont pas égaux devant la vie et devant l’amour. Marian, issu d’un pays qui a fait les frais de la dictature, croit ferme en l’avenir et au cœur qui bat. L’écrivain français n’a plus le même enthousiasme. Gilles et Marian vont devoir composer avec le réel – la différence d'âge, la distance géographique, des emplois du temps inconciliables. Avec la confusion des sentiments, aussi.

     Dans ce roman d’amour et d’errance, Gilles Leroy, après Alabama Song (prix Goncourt 2007) et Zola Jackson (2010), renoue brillamment avec la veine intimiste de Grandir et de L’amant russe.

Détails sur le produit Les merveilles de Claire Castillon 
" Le plaisir, ça m'avait bien secouée, mais le plaisir à faire du mal, ça devient mille fois meilleur et ce serait ma façon d'aimer."
Ainsi parle Evelyne, petite fille dérangée, puis jeune femme détraquée. A son compagnon Luiggi, le pizzaïolo, elle dit qu'elle fait des ménages dans une usine. Mais du lundi au vendredi, elle est escort-girl en secret.
C'est une histoire qui finit mal.
Une langue unique, juste et puissante.

Pour le moment, vague tentation pour Claustria de Régis Jauffret...

dernières minutes, chez livres-hebdo :


Philippe Besson (Une bonne raison de se tuer, Julliard), 
Christian Gailly (La roue et autres nouvelles, Minuit), 
Chloé Delaume (Une femme avec personne dedans, Le Seuil), 
Franz-Olivier Giesbert (Dieu, ma mère et moi, Gallimard), 
Nicolas Fargues (La ligne de courtoisie, P.O.L).

Côté étranger,
 
Michael Cunningham revient avec Crépuscule (Belfond), 
Carlos Ruiz Zafon avec Le palais de Minuit (Robert Laffont), 
Lionel Schriver avec Tout ça pour quoi (Belfond). 

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