samedi 14 janvier 2012

né un 14 janvier : John Dos Passos

1896 : John Dos Passos, écrivain américain († 28 septembre 1970).


John Rodrigo Dos Passos (né le 14 janvier 1896 à Chicago, mort le 28 septembre 1970 à Baltimore) est un écrivain et un peintre américain.
Familier des techniques du réalisme et du courant de conscience, John Dos Passos les utilise pour asseoir une analyse sociale pessimiste. Il y décrit la vie de quelques personnages représentant différentes classes sociales, leurs espoirs et leurs désillusions. En cela il se rapproche d'un certain réalisme socialiste qu'il ne renie pas, puisqu'il avoue une admiration sans faille pour Eisenstein. De là vint d'ailleurs ce terme de « littérature cinématographique » utilisé par de nombreux critiques à propos de ses livres.
Au cours d'une longue carrière faite de succès, Dos Passos écrit quarante-deux romans, des poèmes, des essais, des pièces de théâtre et crée plus de quatre cents œuvres d'art. On retiendra surtout de lui Manhattan Transfer et sa trilogie U.S.A., écrits dans les années 1920 et 1930, période où il est à l'acmé de sa gloire littéraire.

John Dos Passos est né à Chicago. Son père, d'origine portugaise (il venait de Madère), était un avocat relativement aisé et qui avait donc les moyens de lui offrir la meilleure éducation. En 1907, il est envoyé faire ses études à l'université Choate Rosemary Hall de Willingford (Connecticut). À la suite de quoi, accompagné d'un tuteur privé, il partit six mois faire un tour d'Europe (France, Angleterre, Italie, Grèce et Europe centrale) afin d'y étudier les grands maîtres de la peinture, de l'architecture et de la littérature.
À partir de 1913, il suit des cours à l'Université Harvard. Après l'obtention de son diplôme en 1916, il part en Espagne pour étudier la peinture et l'architecture. LaPremière Guerre mondiale faisant rage en Europe et les États-Unis ne s'étant pas encore engagés dans la guerre, Dos Passos s'engage en juillet 1917 dans le corps des ambulanciers aux côtés de ses amis E. E. Cummings et Robert Hillyer. Il travaille ensuite comme chauffeur à Paris puis dans le centre de l'Italie.
À la fin de l'été 1918, il achève les ébauches de son premier roman. Dans le même temps, il est réquisitionné dans le Corps Médical de l'Armée Américaine, à Camp Crane en Pennsylvanie. À la fin de la guerre, il est en poste à Paris où le Département de l'éducation outremer américain lui permet de rester pour étudier l'anthropologie à la Sorbonne. Un des personnages de la trilogie U.S.A. connaît globalement la même carrière militaire et reste à Paris après l'armistice.

Le premier roman de John Dos Passos, One Man's Initiation : 1917 est publié en 1920. Après cela, ce grand écrivain de la Génération perdue publie un roman antibelliciste intitulé Three Soldiers qui lui apporte une considérable reconnaissance. En 1925Manhattan Transfer qui décrit la vie à New York dans les premières décennies du xxe siècle est un véritable succès commercial et marque l'entrée de la technique expérimentale du courant de conscience (stream-of-consciousness) dans le style de John Dos Passos.
Dos Passos, en cela révolutionnaire, a été amené à considérer la société américaine comme double : d'un côté les riches, de l'autre les pauvres, entre eux une véritable muraille infranchissable. On lui connaît de très belles pages sur la vie des syndicats américains tels que Industrial Workers of the World, sur l'injustice de la condamnation de Sacco et Vanzetti (dont il récuse la légitimité). Très vite, il rejoint le camp des intellectuels américains et européens qui militent pour l'abolition de la peine de mort. En 1928, Dos Passos passe plusieurs mois en URSS pour étudier le système socialiste. En 1932, il signe un manifeste destiné à soutenir le candidat communiste à l'élection présidentielle américaine William Z. Foster1. Il retourne en Espagne avec Hemingway au moment de la Guerre civile espagnole, mais son opinion à propos du communisme avait déjà changé : il se brouille avec Ernest Hemingway et Herbert Matthews à propos de leur attitude au regard de la guerre et de leur compromission avec la propagande stalinienne.
Son œuvre principale reste la trilogie U.S.A., elle comprend Le 42ème Parallèle (1930), 1919 (1932) et La Grosse Galette (1936). Son style mélange trois techniques littéraires : pour l'aspect social, des bouts d'articles de journaux succèdent à des chants populaires. L'émotion, elle, est transcrite au moyen de collages de mots et de phrases qui ne font que traduire les pensées du narrateur. C'est la fameuse « chambre noire », qui peut se rapprocher du style de Céline dans la ponctuation, et qui annonce les cut-up de William Burroughs. Enfin, Dos Passos introduit dans l'œuvre quelques biographies de personnages importants durant l'époque explorée par la trilogie U.S.A. Autant de procédés qui lui permettent de dépeindre le vaste paysage de la culture américaine des premières décennies du xxe siècle. Bien que chacun des romans fonctionne de manière autonome, la trilogie est faite pour être lue comme un tout. La pensée politique et sociale que John Dos Passos développe dans ses nouvelles est très pessimiste au regard de la gestion politique et économique des États-Unis.
À mesure que Dos Passos grandit, sa vision politique se tourne plutôt vers la droite. Au milieu des années 1930, il écrit une série d'articles incendiaires concernant la théorie politique communiste. Au temps où lesocialisme commence à gagner en popularité l'Europe en réponse au fascisme, les romans de Dos Passos ont donc commencé à connaître un succès international déclinant. Toutefois, la reconnaissance de sa contribution au champ littéraire international vint en 1967 lorsqu'il fut invité à Rome pour recevoir le prestigieux Feltrinelli Prize. Bien que les partisans de Dos Passos aient toujours argué que ces œuvres tardives ont été ignorées à cause de son changement d'opinion politique, il y a un relatif consensus entre les critiques pour dire que la qualité de ses romans a commencé à décliner après le triomphe de U.S.A..
Entre 1942 et 1945, Dos Passos travaille comme journaliste, il se spécialise dans la couverture des évènements de la Seconde Guerre mondiale. En 1947, il est élu à l'Académie américaine des Arts et des Lettres, mais un tragique accident de voiture tue la femme qui partageait sa vie depuis 18 ans, Katharine Smith, et lui coûte la perte d'un œil. Il se remariera avec Elizabeth Holdridge (1909-1998) et continuera l'écriture jusqu'à sa mort à Baltimore en 1970. Sa tombe se trouve au Yeomico Churchyard Cemetery de Cople Parish, dans le comté de Westmoreland, en Virginie, pas très loin de sa dernière demeure.
source principale : wikipédia

Bibliographie
Il dresse un tableau de Manhattan durant le premier quart du xxe siècle, en suivant des individus d'origine complètement différentes, dont les vies s'entrecroisent : l'avocat et politicien George Baldwin, la danseuse Ellen Thatcher, le journaliste Jimmy Herf, le marin Congo Jake, etc.
D'un point de vue stylistique, l'œuvre est caractérisée par la technique d'écriture expérimentale dite du courant de conscience (collage notamment), inspirée de Joyce etT. S. Eliot, que Dos Passos développera dans la trilogie U.S.A.
L'œuvre est considérée comme l'une des plus importantes de Dos Passos par Sinclair LewisD. H. Lawrence ou Ernest Hemingway.
C'est en s'inspirant du nom de ce roman et pour afficher ses origines new-yorkaises que Tim Hauser a créé en 1969 The Manhattan Transfer, un groupe vocal de doo-wop, de jazz « léger » et cabaret américain.

" Cette œuvre immense qui domine la production littéraire de sa décade ", écrit le critique américain John Brown. John Dos Passos, dans le 42e Parallèle, invente un genre romanesque nouveau. Prodigieux tableau des débuts du XXe siècle aux U.S.A., il fait vivre des personnages de toutes les classes sociales, introduit des actualités, des portraits au vitriol des célébrités du jour, des collages, des textes lyriques. Ainsi surgit la " comédie inhumaine ", d'un monde collectif, où les tragédies individuelles se fondent dans le désespoir d'une époque, d'une société.
L'orgie de spéculations boursières, la chasse aux dollars qui se termine par la crise des années 30, tel est le sujet de La Grosse Galette. Ainsi s'achève dans un climat de tragédie la grande trilogie de Dos Passos, U.S.A., un des romans les plus importants du XXe siècle. Les personnages principaux en sont Charley Anderson, héros de la guerre qui veut s'enrichir vite, Margo bowling, vedette de Hollywood, Mary French l'idéaliste, et aussi Sacco et Vanzetti dont ce livre raconte l'exécution.
« - Et en Amérique, ça leur plaît la guerre ? - Ils ignorent ce que c'est. Ils sont comme des enfants. Ils croient tout ce qu'on leur raconte ; ils n'ont aucune expérience des affaires internationales, comme vous, les Européens. À mon sens, notre entrée dans la guerre est une vraie tragédie. - C'est une sorte de démenti à notre unique raison d'être, ajouta Randolph. - En échange du calme, de la civilisation et de la beauté d'une vie ordonnée qu'abandonnaient les Européens pour aller au Nouveau-Monde, nous leur avons offert l'occasion de conquérir le luxe et, ce qui est infiniment plus important, de se libérer du passé - du passé fantôme, de cette gangrène qui est en train de tuer l'Europe d'aujourd'hui en l'infectant de haine et du besoin de tuer. L'Amérique a trahi tout cela, vous voyez ; tel est notre point de vue. Nous voilà devenus une nation militaire, une entreprise de piraterie, autant que la France, l'Angleterre et l'Allemagne. »
L'An premier du siècle, c'est 1919, le début de l'après-guerre.
Ce deuxième volume de la grande trilogie U.S.A. est dominé par la figure de Joe Williams qui incarne le " pauvre type ", l'homme anonyme victime de la vie. Engagé dans la marine marchande, il est ballotté sans but d'un continent à l'autre. Mais il y a aussi, dans ce grand roman, la guerre et ses profiteurs, les combines de la conférence de paix, la fin de l'idéalisme, toute une société conquérante qui s'élève sur les ruines et les malheurs de la guerre.
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Ils durent changer de train à Manhattan Transfer.
Ellen avait un gant neuf, en chevreau, dont le pouce avait craqué, et elle ne cessait de le frotter nerveusement avec l'index. John portait un imperméable à martingale et un chapeau mou gris rosâtre. Quand il se tourna vers elle, en souriant, elle ne put s'empêcher de détourner les yeux et de fixer la pluie qui miroitait sur les rails. Voilà, chère Elaine. Oh, fille de prince, voyez, nous prenons le train qui vient de la gare de Penn...
C'est drôle d'attendre ainsi dans la brousse de New Jersey.








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