mardi 27 décembre 2011

curiosité de lectrice : le cabinet de lecture


Souvent en lisant certains sites littéraires ou historique, ma curiosité s'éveille... j'espère que vous prendrez plaisir à les découvrir avec moi. 
Un cabinet de lecture était un établissement où le public du xviiie et du xixe siècle pouvait lire, moyennant une faible rétribution, les feuilles publiques et les ouvrages nouveaux et anciens.
Également appelés « salons et cercles littéraires », ces établissements, qui permettaient au public, non seulement de lire les journaux, brochures et ouvrages divers qui s’y trouvaient, mais encore de les emporter à domicile, suppléaient aux bibliothèques publiques, d’abord en ce qu’on y trouvait les journaux du jour, qu’on n’y trouvait pas alors, les revues, les brochures, les romans et généralement toutes les nouveautés qui manquaient à celles-ci, ensuite parce qu’ils demeuraient ouverts depuis le matin jusqu’au soir et qu’ils offraient aux personnes studieuses, d’une manière toute économique, asile, feu, lumière et instruction.

illustration : Le cabinet de lecture des chiffonniers.- vieux-papiers.over-blog.com - 

D'après « Musée universel », paru en 1873

Nous trouvons dans Bachaumont la date de la fondation d'un des tout premiers cabinets de lecture qui semble avoir été ouvert dans Paris. On lit dans les Mémoires secrets, à la date du 30 décembre 1762 :

Lecture-copie-3.jpg« Le nommé Grangé, libraire, ouvre incessamment ce qu'il appelle une salle littéraire. Pour trois sous par séance, on aura la liberté de lire pendant plusieurs heures de suite toutes les nouveautés. Cela rappellerait les lieux délicieux d'Athènes, connus sous le nom de Lycée, du Portique, etc., si le ton mercenaire ne gâtait ces beaux établissements. »

Il faut être juste, « le nommé Grange » ne pouvait cependant pas ouvrir au public son établissement pour rien. Vingt ans après, le cabinet de lecture, même sans rappeler « les lieux délicieux d'Athènes », était entré tout à fait dans nos mœurs, comme en témoigne ce curieux passage d'un prospectus de 1784 :

« La distribution des livres se fera tous les jours depuis huit heures du matin jusqu'à midi, et depuis deux jusqu'à huit heures du soir, à l'exception des fêtes et dimanches. On trouvera dans le cabinet le Journal encyclopédique, l'Année littéraire, les Annales politiques, les Mémoires historiques, le Journal des causes célèbres, le Mercure de France, le Journal politique de Bouillon, la Gazette de France, une gazette étrangère, et les livres nouveaux à mesure qu'ils paraîtront. Les ouvrages contre la religion, l'Etat et les mœurs, en seront bannis. »

On voit par la dernière phrase que le directeur de l'établissement tenait à être en règle avec la police.

Les cabinets de lecture ont fait leur apparition en littérature. Ainsi Balzac a parlé du cabinet de lecture de Mlle Chocardelle. Une Revue de fin d’année chantait ces paroles :
Vive le cabinet de lecture !
C’est en lisant que l’on s’instruit ;
La lecture est la nourriture
Du cœur, de l’âme et de l’esprit !
Cependant, les cabinets de lecture devaient naturellement exercer la verve des vaudevillistes. En 1808, M. Solvet donna, sous le pseudonyme de Robert et sous le titre : le cabinet de lecturecomédie en un acte qui ne fut, croyons-nous, jamais représentée. C’était, s’il faut en croire le rédacteur du Catalogue Soleinne, une satire inspirée sans doute par un ressentiment personnel.

Longtemps considérable, l’influence de ces établissements sur les mœurs publiques fut incalculable, à tel point qu’il fut dit que l’atmosphère morale d’une ville se purifiait quand les lieux de plaisir diminuaient et que les cabinets de lecture augmentaient. Ceux-ci étaient censés développer l’esprit d’ordre et d’économie de ceux qui passaient leurs soirées dans un cabinet de lecture, meilleurs endroits pour occuper le désœuvrement que de payer un billet de spectacle ou d’aller dans les cafés, les maisons de jeu et autres mauvais lieux. Certains ont même attribué la baisse notable, indiquée par les statistiques, des recettes des théâtres, à la fréquentation des cabinets de lecture.
La prépondérance du cabinet de lecture diminua néanmoins du jour où le prix des livres devint accessible à la majorité du public pour cesser complètement quand le rez-de-chaussée des journaux fut occupé par le roman-feuilleton. Du jour où le goût des romans devint une frénésie, les ouvrages des auteurs à la mode, qui multiplièrent les volumes, furent l’objet d’une lecture avide.
Lorsque les journaux s’emparèrent de cette source lucrative, le roman s’épanouit dans le feuilleton et les journaux accrurent leur format, diminuant leur prix. Il fut, dès lors, possible d’avoir son journal à soi, son roman à soi pour ce que coûtait une séance de cabinet de lecture. Les cabinets de lecture s’en ressentirent et tombèrent à rien pour ne se relever qu’à la condition de louer, outre les romans, des livres de littérature, d’histoire, depoésie ou de voyages.
L’immense fortune de l’in-18 à un franc finit par avoir raison de la librairie en format in-8° des cabinets de lecture et, du jour où le peuple eut accès, chaque matin, pour 5 centimes, outre les informations politiques et autres, deux bons gros romans, pour 90 centimes et quelquefois moins, un livre à lui en toute propriété, à des collections comme celle de la Bibliothèque nationale, à cinq sous le volume, pour 5 ou 10 centimes, il put, au choix, lire 8 pages des Mémoires de Casanova, apprendre son histoire de France avec ThiersHenri Martin et Michelet, l’utilité pour lui d’aller s’abonner à un cabinet de lecture alla diminuant. Dès lors, le nombre des cabinets de lecture décrut d’année en année et les derniers finirent par disparaître au milieu du xxe siècle.
illustration : Johann Peter Hasenclever - reproarte.com
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source : wikipédia et la France-pittoresque


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