mercredi 9 mai 2012

Gobseck de Honoré de Balzac,

Gobseck  de Honoré de Balzac,

Gobseck est un roman d’Honoré de Balzac publié en 1830. Il fait partie des Scènes de la vie privée de la Comédie humaine.
Paru en ébauche dans la Mode dès mars 1830 sous le titre : l’Usurier, puis en août 1830 dans le journal le Voleur, le texte paraît en volume cette même année chez Mame-Delaunay avec un nouveau titre les Dangers de l’inconduite, qui deviendra en 1835 Papa Gobseck aux éditions de Madame Charles-Béchet. Le titre définitif,Gobseck, apparait en 1842 dans l’édition Furne de la Comédie Humaine.

portrait de Gobseck

« Cet homme singulier n'avait jamais voulu voir une seule personne des quatre générations femelles où se trouvaient ses parents. Il abhorrait ses héritiers et ne concevait pas que sa fortune pût jamais être possédée par d'autres que lui, même après sa mort. Sa mère l'avait embarqué dès l'âge de dix ans en qualité de mousse pour les possessions hollandaises dans les grandes Indes, où il avait roulé pendant vingt années. Aussi les rides de son front jaunâtre gardaient elles les secrets d'événements horribles, de terreurs soudaines, de hasards inespérés, de traverses romanesques, de joies infinies : la faim supportée, l'amour foulé aux pieds, la fortune compromise, perdue, retrouvée, la vie maintes fois en danger, et sauvée peut-être par ces déterminations dont la rapide urgence excuse la cruauté. Il avait connu M. de Lally, M. de Kergarouët, M. d'Estaing, le bailli de Suffren, M. de Portenduère, lord Cornwallis, lord Hastings, le père de Tippo-Saeb et Tippo-Saeb lui-même. Ce Savoyard, qui servit Madhadjy-Sindiah, le roi de Delhy, et contribua tant à fonder la puissance des Marhattes, avait fait des affaires avec lui. Il avait eu des relations avec Victor Hughes et plusieurs célèbres corsaires, car il avait longtemps séjourné à Saint-Thomas. Il avait si bien tout tenté pour faire fortune qu'il avait essayé de découvrir l'or de cette tribu de sauvages si célèbres aux environs de Buenos-Ayres. Enfin il n'était étranger à aucun des événements de la guerre de l'indépendance américaine. Mais quand il parlait des Indes ou de l'Amérique, ce qui ne lui arrivait avec personne, et fort rarement avec moi, il semblait que ce fût une indiscrétion, il paraissait s'en repentir. Si l'humanité, si la sociabilité sont une religion, il pouvait être considéré comme un athée1. »

La Comédie humaine connaît plusieurs vieillards détenteurs de savoirs et de pouvoirs inquiétants, et dotés d'une longévité peu commune. 

Gobseck est l'un des avatars de l'antiquaire de La Peau de chagrin, auprès de Derville-Raphaël. Mentor de Derville, il lui apprend les mécanismes du monde, tout en le dispensant de reconnaissance. 

Il existe deux hommes en lui : il est à la fois petit et grand, avare et philosophe, théoricien de l'argent qui « imprime le mouvement » à la vie. Mais, Gobseck dont un autre titre est « les dangers de l'inconduite » c'est aussi une description de la femme inconséquente et dilapidatrice.

Édouard ToudouzeLa scène débute dans le salon de Madame de Grandlieu, en conversation avec un ami de la famille, l’avoué Maître Derville. L'avoué entend pendant la conversation de Mme de Grandlieu avec sa fille Camille que celle-ci est amoureuse du jeune Ernest de Restaud, fils d'Anastasie de Restaud, née Goriot. Mme de Grandlieu désapprouve cet amour : la mère d’Ernest est dépensière, enlisée dans une relation illégitime avec Maxime de Trailles, pour lequel elle gaspille sa fortune. Derville intervient en faveur de Camille : il démontre qu’Ernest s’est vu attribuer depuis peu l’intégralité de l’héritage familial. 

Ce récit, qui constitue une mise en abîme d’un type humain du monde balzacien, met en lumière les personnages de Jean-Esther van Gobseck, usurier, et de Maître Derville, avocat en début de carrière. Ces deux personnages, qui jouent un rôle essentiel dans ce roman, reparaissent dans l’ensemble de la Comédie humaine, soit sous forme d’évocation : Gobseck, soit en personne : Maître Derville, que l’on retrouve dans le Colonel ChabertSplendeurs et misères des courtisanes et dans de nombreux autres volumes de la Comédie humaine. Il fait partie, dans les personnages de la Comédie humaine, des Gens de robe honnêtes.
L’organisation de cette œuvre est trompeuse : si la trame de l’histoire est bel et bien celle du mariage de Camille, Balzac s’attache avant tout à dépeindre, en véritable « visionnaire passionné » (BaudelaireL’Art poétique), la vie d’un type méconnu : celui de l’usurier. Et quel usurier ! Car bien sûr, en peignant un tel personnage, Balzac se fait critique de l'avarice, comme on le voit à la fin du roman, avec des myriades de denrées entassés çà et là.
Mais ce n'est pas tant l'avarice que Balzac critique ici, et c'est l'ensemble de la société qui est visée. Nous sommes lors de la Restauration française (au moment de l'histoire, vers 1829), et les nobles reprennent leur place, enviée de tous. Malheureusement, la noblesse ne s'acquiert pas si facilement. Du moins le croit-on, car au-dessus de cela règne l'argent, et avec lui le mariage de convenance entre noblesse déchue et riche bourgeoisie ; tout s'achète dans ce monde. C'est bien cette soumission à l'argent que Balzac met en avant, en mettant en scène (nous sommes dans la Comédie humaine) la vicomtesse de Grandlieu, qui invoque le prétexte des préjugés nobiliaires (Ernest est fils d'une roturière indigne qui ruine sa famille) pour refuser le mariage de sa fille avec Ernest de Restaud, alors que ce qui prime, c'est évidemment que sa famille soit désargentée !
 commencé le 08/05/2012
 notes :

2 commentaires:

  1. Gobseck est un personnage fascinant!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. tout à fait, "l'homme" perce sous la défroque de "l'usurier".
      J'attends un peu pour donner mon avis pour ne pas tout dévoiler, les autres lecteurs n'y sont pas encore.
      Me demande si je vais avoir le courage d'attendre mai pour lire "Ferragus"...
      bonne journée Marie
      bises

      Supprimer