jeudi 19 janvier 2012

décédé un 21 janvier : George Orwell

1950 : George Orwell, romancier et essayiste britannique (° 25 juin 1903).


George Orwell, de son vrai nom Eric Arthur Blair, est un écrivain anglais né le 25 juin 1903 à MotihariInde britannique et mort le 21 janvier 1950 à Londres.
Son œuvre porte la marque de ses engagements, qui trouvent eux-mêmes pour une large part leur source dans l'expérience personnelle de l'auteur : contre l'impérialisme britannique, après son engagement de jeunesse comme représentant des forces de l'ordre colonial en Birmanie ; pour la justice sociale et le socialisme, après avoir observé et partagé les conditions d'existence des classes laborieuses à Londres et à Paris ; contre les totalitarismes nazi et soviétique, après sa participation à la guerre d'Espagne.
Témoin de son époque, Orwell est dans les années 1930 et 1940 chroniqueur, critique littéraire et romancier. De cette production variée, les deux œuvres au succès le plus durable sont deux textes publiés après la Seconde Guerre mondiale : La Ferme des animaux et surtout 1984, roman dans lequel il crée le concept de Big Brother, depuis passé dans le langage courant de la critique des techniques modernes de surveillance. L'adjectif « orwellien » est également fréquemment utilisé en référence à l'univers totalitaire imaginé par l'écrivain anglais.

Eric Arthur Blair naît le 25 juin 1903 à Motihari (ancienne Présidence du Bengale et actuel Bihar), dans une famille appartenant à la moyenne bourgeoisie anglaise1. Il est le fils de Richard Walmesley Blair, un fonctionnaire de l'administration des Indes chargé de la Régie de l'opium (le commerce de l'opium, essentiellement en direction de la Chine, est à l'époque un monopole d'État) et d'Ida Mabel Blair. Il a deux sœurs, Marjorie (l'aînée) et Avril (la cadette). Il retourne en Angleterre en 19042en compagnie de sa mère et de sa sœur. Éric ne revoit son père qu'en 1907, lors d'une permission de trois mois accordée à ce dernier, qui ne rejoint définitivement sa famille qu'en 1911, après sa mise en retraite.
À cette époque, le jeune Eric Blair est déjà pensionnaire de la preparatory school3 de St Cyprien, qui lui inspire bien plus tard, dans les années 1946-1947, un récit, qu'il présente comme autobiographique, publié seulement après sa mort : Such, Such were the Joys. Il y décrit quel « épouvantable cauchemar4 » furent pour lui ces années d'internat5. Éric Blair est néanmoins un élève brillant et travailleur (il passe auprès de ses camarades pour un « intellectuel6 »), que ses maîtres motivent en lui rappelant que c'est à une bourse qu'il doit son admission à St Cyprien.
Signe de son excellence scolaire, Blair obtient une bourse au collège d'Eton, la plus réputée des public schools, où il étudie de 1917 à 1921. Orwell garde un assez bon souvenir de ces années, durant lesquelles il travaille peu, passant graduellement du statut d'élève brillant à celui d'élève médiocre, et faisant montre d'un tempérament volontiers rebelle (rébellion qui semble-t-il n'est aucunement liée à des revendications d'ordre politique ou idéologique). À cette époque, il a deux ambitions : devenir un écrivain célèbre (il écrit des nouvelles et des poèmes – médiocres7 – dans une revue du college), et retourner en Orient, qu'il connaît surtout par l'intermédiaire des souvenirs de sa mère.

débuts d'écrivain difficiles
Eric Blair semble n'avoir guère eu de dons particuliers pour l'écriture, si l'on en croit le témoignage de ceux qu'il fréquente à l'époque14 : il travaille donc d'arrache-pied, écrit poèmes sur nouvelles et multiplie les ébauches de romans.
En parallèle, à l'automne 1927, il explore les bas-fonds londoniens, enquêtant sur les conditions de vie des plus démunis, les suit sur les routes et dans les sinistres asiles de nuit : il espère en tirer la matière d'un ouvrage sur les conditions de vie des pauvres. Il tente par là d'exorciser la culpabilité qui le ronge d'avoir « été l'exécutant d'un système d'exploitation et d'oppression15 » en Birmanie.
Au printemps 1928, il décide d'aller s'installer à Paris (où vit l'une de ses tantes) pour écrire. Il y reste dix-huit mois, au cours desquels nous ne savons pas grand-chose de sa vie16, si ce n'est qu'à l'automne 1929, à court d'argent et après avoir donné quelques leçons d'anglais, il fait la plonge durant quelques semaines dans un hôtel de luxe de la rue de Rivoli. Durant cette période, il publie épisodiquement des articles dans des journaux communistes (tel que Monde, revue fondée et dirigée par Henri Barbusse17). De la quasi-totalité de ses écrits de cette période, il ne reste rien. Il retourne en Angleterre en décembre 1929, juste à temps pour passer les fêtes de Noël avec sa famille. Fauché, n'ayant rien publié de prometteur, sa santé mise à mal par une pneumonie contractée l'hiver précédent, l'équipée parisienne apparaît comme un fiasco intégral.
Il reprend son exploration des bas-fonds de la société anglaise au printemps suivant, partageant la vie des vagabonds et des clochards, tantôt quelques jours, tantôt une semaine ou deux18. Mais il est contraint de mettre un terme à ses expéditions quelques mois plus tard : il n'a plus les moyens financiers de poursuivre ses vagabondages.
Il se décide à accepter un poste d'enseignant dans une école privée, dans une petite ville où il s'ennuie (Hayes, dans le Middlesex). Il en profite pour achever Dans la Dèche à Paris et à Londres, qui paraît au début de l'année 193319. C'est à cette occasion qu'il prend le pseudonyme de George Orwell20. Même si les critiques sont bonnes, les ventes sont médiocres. Qui plus est, l'éditeur d'Orwell (Victor Gollancz) craint le procès en diffamation pour Une histoire birmane dont la rédaction est achevée à l'automne 1934 et qui, pour cette raison, est tout d'abord publié aux États-Unis puis, avec quelques changements de noms, en Angleterre en 1935. À cette période, Orwell s'enthousiasme pour l'Ulysse de James Joyce et contracte une nouvelle pneumonie, qui l'oblige à abandonner sa charge d'enseignant (ou plutôt, qui l'en libère).

polémique relative à la liste de noms de communistes fournie par Orwell à  l'Information Research Department
Le 11 juillet 1996, un article publié dans le quotidien anglais The Guardian révèle que George Orwell a livré en 1949 une liste de noms de journalistes et d'intellectuels « cryptocommunistes », « compagnons de routes » ou « sympathisants » de l'Union soviétique à un fonctionnaire de l'Information Research Department (une section du ministère des Affaires étrangères britannique liée aux services de renseignements), Celia Kirwan. La réalité de cette collaboration est prouvée par un document déclassifié la veille par le Public Record Office46.
L'information est relayée en France principalement par les quotidiens Le Monde (12 et 13 juillet 1996) et Libération (15 juillet 1996). Le public français apprend ainsi que l'auteur de 1984 « dénonçait au Foreign Office les « cryptocommunistes » » (Le Monde, 13 juillet 1996). Dans son numéro d'octobre 1996, le magazine L'Histoire va plus loin encore, expliquant qu'Orwell aurait « spontanément participé à la chasse aux sorcières » organisée contre les intellectuels communistes par le Foreign Office.
Ces articles français oublient de mentionner plusieurs informations essentielles. D'abord, Kirwan, belle-sœur de l'écrivain Arthur Kœstler, était une amie intime d'Orwell, dont elle avait repoussé la demande en mariage en 1945, alors que l'écrivain était veuf depuis quelques mois. Ensuite, la remise des informations a eu lieu à l'occasion d'une visite de Kirwan à Orwell, peu avant la mort de ce dernier, qui était déjà dans un sanatorium. Kirwan lui confie alors qu'elle travaille pour un service gouvernemental chargé de recruter des écrivains et des intellectuels susceptibles de produire de la propagande antisoviétique. Orwell, après lui avoir donné les noms de quelques personnes de sa connaissance lui paraissant aptes à être recrutées, propose de lui indiquer, à titre privé, les noms d'autres personnes qu'il est inutile d'approcher, en raison de leurs convictions politiques (lesquelles sont souvent de notoriété publique).
La fameuse liste, déclassifiée en 2003 – mais déjà mentionnée dans la biographie de Bernard Crick parue en 1980 ; celui-ci en ayant tout simplement consulté la copie disponible dans les Archives Orwell47 – confirme ce qui précède. Bernard Crick signale que « quelques-uns (des individus), recensés comme ayant simplement des opinions "proches", semblent sélectionnés pour des raisons tirées par les cheveux et peu pertinentes ».Simon Leys répond à cela que la liste établie pour Kirwan n'est pas établie uniquement en fonction de critères politiques, mais signale également des individus dont il est inapproprié de solliciter la collaboration en raison de leur « malhonnêteté » ou de leur « stupidité »48.
Dans sa biographie politique d'Orwell, John Newsinger mentionne que l'auteur a manifesté à plusieurs reprises à la fin des années 1940, son hostilité à toute tentative d'instaurer un « maccarthysme anglais49». Il indique aussi que, « lorsque l'IRD a été créé par le gouvernement travailliste, son but affiché est de mener des activités de propagande en faveur d'une troisième voie entre le communisme soviétique et le capitalisme américain. Il n'est absolument pas évident à l'époque qu'il s'agissait d'une arme des services secrets britanniques »50.
Pour terminer, il faut indiquer que 1949 est l'une des années les plus terribles de la guerre froideStaline est vieillissant et sa paranoïa ne cesse de s'aggraver ; l'URSS a mis au point l'arme atomique et termine son processus de satellisation des pays d'Europe de l'est ; la guerre de Corée est sur le point de débuter ; et l'Angleterre grouille littéralement d'espions du NKVD (notamment les fameux Cinq de Cambridge).
Orwell, lui, très loin des sympathies soviétiques d'une partie de l'intelligentsia occidentale, a pu voir pendant la guerre civile espagnole le stalinisme au pouvoir à Barcelone, lors de l'élimination des anarchistes qui contrôlaient la ville.
Le détail de cette affaire se retrouve dans le pamphlet Orwell devant ses calomniateurs, publié en 1997 par L'Encyclopédie des nuisances aux éditions Ivrea. De manière plus succincte, Simon Leys aborde la question dans la réédition de son essai Orwell ou l'horreur de la politique (2006).

Big Brother (qui signifie « Grand Frère », cependant dans la traduction française le nom est aussi en anglais) est un personnage de fiction du roman 1984 de George Orwell. L'expression « Big Brother » est utilisée pour qualifier toutes les institutions ou pratiques portant atteinte aux libertés fondamentales et à la vie privée des populations ou des individus.
Dans 1984, Big Brother est le chef du « Parti », donc de l'État d' « Océania », et il est aussi le grand surveillant, omniprésent par les affiches et les « télécrans » des domiciles privés, ce que rappelle la maxime officielle Big Brother is watching you (le Grand Frère vous regarde). Il est l'objet d'un culte de la personnalité.
Il n'apparait jamais en personne. Il est représenté par le visage d'un homme d'environ 45 ans, moustachu, fixant les gens dans les yeux, dans une expression qui se veut à la fois rassurante et sévère1.
La propagande veut que Big Brother soit le créateur du parti, ainsi que le héros d'innombrables exploits révolutionnaires.
Ces affirmations finissent par éveiller le doute, puisque le visage apparaissant publiquement est bien trop jeune pour avoir été impliqué dans ces événements, et qu'il ne vieillit pas.
Finalement, les clés sur l'existence de Big Brother sont données dans les scènes d’« éducation » de Winston. Big Brother lui est présenté comme immortel tant que le parti est au pouvoir. À la question existe-t-il ?, la réponse est oui. La question a-t-il un corps ? est récusée comme n'ayant pas d'importance pour déterminer s'il existe. Existe-t-il comme j'existe ? entraîne la réponse vous n'existez pas. Finalement il devient évident pour le lecteur que Big Brother est une icône de propagande qui n'existe pas en tant qu'être humain, mais l'autorité qu'a le Parti pour décider de ce qui est vrai ou faux doit l'emporter sur les recherches d'incohérence (c'est le 2 + 2 = 5) et sur la confrontation aux faits matériels (c'est la doublepensée). Il est donc essentiel pour un habitant de cet univers d'accepter l'existence de Big Brother. Ce qu'on oublie souvent en parlant de Big Brother (celui d'Orwell) c'est que sa principale activité ce n'est pas de surveiller mais de réécrire l'histoire en permanence selon les besoins du moment, c'est d'ailleurs l'activité professionnelle du personnage principal du roman.
Le livre de Goldstein souligne que le nom de Big Brother lui-même est un paradoxe, tout comme les noms des ministères océaniens. L'Angsoc prône en effet une désintégration du noyau familial, en encourageant les enfants à dénoncer leurs parents, ou en inhibant tout amour au sein d'un couple au profit du devoir de procréer pour le Parti. Il est donc paradoxal que son nom soit « Grand Frère », qui est une image destinée normalement à encourager l'amour au sein d'une famille.
Quoi qu'il en soit, Big Brother est un personnage de propagande et une allégorie, l'incarnation du « Parti », et aussi (cela revient au même) l'incarnation du devoir citoyen à Océania.


source principale : wikipédia

Bibliographie
Les éditeurs français ne sont mentionnés que si les textes n'ont pas faits l'objet de plusieurs traductions différentes.
  • Détails sur le produit Dans la dèche à Paris et à Londres (Down and Out in London and Paris) (1933), également traduit sous le titre La Vache enragée. Plus d'un bon esprit, à commencer par Henry Miller, juge que Dans la dèche à Paris et à Londres est, avant même 1984 et Hommage à la Catalogne, le plus grand de tous les livres d'Orwell qui écrivait pour sa part : C'est un récit bien banal et j'espère qu'on lui reconnaîtra à tout le moins les mérites qu'on reconnaît d'ordinaire à un journal de voyages. Je puis encore ajouter ceci : Voilà le monde qui vous attend si vous vous trouvez un jour sans le sou. Ce monde, je veux un jour l'explorer plus complètement. J'aimerais connaître des hommes comme Mario, Paddy ou Bill le mendiant non plus au hasard des rencontres, mais intimement. J'aimerais comprendre ce qui se passe réellement dans l'âme des plongeurs, des trimardeurs et des dormeurs de l'Embankment. Car j'ai conscience d'avoir tout au plus soulevé un coin du voile dont se couvre la misère
  • Une histoire birmane (Burmese Days) (1934).
  • Détails sur le produit Une fille de pasteur (A Clergyman's Daughter) (1935), Paris, Le Serpent à Plumes, 2007. Fille unique, Dorothy vit une existence morne avec son père, le pasteur acariâtre d'une petite paroisse du Suffolk. Frappée par une soudaine amnésie, elle se retrouve à la rue et va partager l'existence des déshérités, des clochards de Londres aux cueilleurs saisonniers de houblon. Mais, à mesure que la mémoire lui revient, Dorothy trouvera-t-elle en elle-même la force d'aspirer à une autre vie ? Publié en 1935 et inédit en français jusqu'en 2007, Une fille de pasteur est l'un des premiers romans de George Orwell. Avec une lucidité et une acuité implacables, Orwell dépeint l'hypocrisie, la pauvreté et la misère spirituelle qui vont accompagner Dorothy dans son odyssée à travers l'Angleterre des années 1930.
  • Et vive l'Aspidistra ! (Keep the Aspidistra Flying) (1936).
  • Le Quai de Wigan (The Road to Wigan Pier) (1937).
  • Hommage à la Catalogne (Homage to Catalonia) (1938), traduit aussi sous le titre Catalogne libre.
  • Un peu d'air frais (Coming Up for Air) (1939).
  • Chroniques du temps de la guerre (1941-1943) (The War broadcasts/The war commentaries), Paris, Éd. G. Lebovici, 1988.
  • Détails sur le produit La Ferme des animaux (Animal Farm) (1945). -  Un certain 21 juin eut lieu en Angleterre la révolte des animaux. Les cochons dirigent le nouveau régime. Snowball et Napoléon, cochons en chef, affichent un règlement : " Tout ce qui est sur deux jambes est un ennemi. Tout ce qui est sur quatre jambes ou possède des ailes est un ami. Aucun animal ne portera de vêtements. Aucun animal ne dormira dans un lit. Aucun animal ne boira d'alcool. Aucun animal ne tuera un autre animal. Tous les animaux sont égaux. " Le temps passe. La pluie efface les commandements. L'âne, un cynique, arrive encore à déchiffrer : " Tous les animaux sont égaux, mais (il semble que cela ait été rajouté) il y en a qui le sont plus que d'autres. "
  • Détails sur le produit 1984 (1948). L'origine de 1984 est connue : militant de gauche violemment opposé à la dictature soviétique, George Orwell s'est inspiré de Staline pour en faire son "Big Brother", figure du dictateur absolu et du fonctionnement de l'URSS des années trente pour dépeindre la société totalitaire ultime. Mais Orwell n'oublie pas de souligner que les super-puissances adverses sont elles aussi des dictatures...
    Ce qui fait la force du roman, outre son thème, c'est la richesse des personnages, qu'il s'agisse du couple qui se forme, malgré la morale étroite du Parti, ou même du policier en chef qui traque les déviants, ex-opposant lui-même, passé dans les rangs du pouvoir... C'est aussi cette "novlangue", affadie et trompeuse, destinée aux "proles", et ces formules de propagande ("L'ignorance, c'est la force") scandées par des foules fanatisées et manipulées.
    1984 est un livre-phare, apologie de la liberté d'expression contre toutes les dérives, y compris celles des sociétés démocratiques. 
  • Essais, articles et lettres, en quatre volumes, Paris, Éd. Ivrea & Éd. de l'Encyclopédie des Nuisances, 1995-2001.
    Édition établie par Sonia Orwell et Ian Angus, traduction française des Collected Essays, Journalism, and Letters (posthume, 1968).
  • Dans le ventre de la Baleine et autres essais (1931-1943), Paris, Éd. Ivrea & Éd. de l'Encyclopédie des Nuisances, 2005.
    Édition abrégée des Essais, articles et lettres.
  • Tels, tels étaient nos plaisirs et autres essais (1944-1949), Paris, Éd. Ivrea & Éd. de l'Encyclopédie des Nuisances, 2005.
    Édition abrégée des Essais, articles et lettres.
  • Correspondance avec son traducteur René-Noël Raimbault : correspondance inédite, 1934-1935, Paris, Éd. Jean-Michel Place, 2006.
  • À ma guise : chroniques (1943-1947), Marseille, Agone, 2008. (ISBN 2-7489-0083-5).
  • Écrits politiques (1928-1949) : sur le socialisme, les intellectuels et la démocratie, Marseille, Agone, 2009 (ISBN 2-7489-0084-2).

lu comme tout le monde ou presque 
"la ferme des animaux" 

La Ferme des animaux (Animal Farm) est un apologue de George Orwell publié en 1945 (en 1947 pour la traduction en français), décrivant une ferme dans laquelle les animaux se révoltent puis prennent le pouvoir et chassent les hommes, à la suite de la négligence de ceux-ci à leur encontre. Il s'agit d'une fable animalière par laquelle Orwell propose une satire de la Révolution russe et une critique du stalinisme1.

Un soir, tous les animaux de la ferme du Manoir sont convoqués dans la grange par Sage l'Ancien, le plus vieux cochon de la ferme. L’animal leur fait part de son rêve de la veille décrivant un monde débarrassé de la race humaine, leur laissant entrevoir les nombreux avantages dont les animaux pourraient profiter (travailler dignement et non plus en esclaves, avoir des loisirs, vivre plus longtemps, etc.), il exhorte tous les animaux à se soulever contre le fermier, M. Jones, l'unique source de tous leurs problèmes tout en entonnant un chant révolutionnaire sorti de son rêve intitulé Bêtes d'Angleterre. Trois jours plus tard Sage l'Ancien meurt dans son sommeil.
Par chance, la révolution a lieu plus tôt et plus facilement qu'espéré. Un soir, après une journée bien remplie, le manque de nourriture exacerbe la colère des animaux. Dans un moment de fureur, ils attaquent M. Jones et ses ouvriers agricoles puis les chassent de la ferme. Arrachée aux mains de ses propriétaires, elle est renommée Ferme des animaux. Les nouveaux dirigeants sont vite désignés en regard de leur intelligence supérieure : les cochons Napoléon et Boule de neige, tous deux secondés par Brille-Babil, un goret excellent dans l'art du discours. Tous trois mettent en place un système philosophique qui régira désormais la vie de la ferme : l'Animalisme. Peu après, ils réunissent les animaux dans la grange et inscrivent sur le mur les sept grands principes de ce système :
  • Tout deuxpattes est un ennemi.
  • Tout quatrepattes ou tout volatile est un ami.
  • Nul animal ne portera de vêtements.
  • Nul animal ne dormira dans un lit.
  • Nul animal ne boira d'alcool.
  • Nul animal ne tuera un autre animal.
  • Tous les animaux sont égaux.
Les cochons avaient en effet appris à écrire à partir d'un vieil abécédaire des enfants Jones. Tous apprennent ensuite à lire quelques lettres, quelques mots ou couramment selon leur capacité. Les animaux entament peu après la fenaison. Boule de neige se montre très actif, répartissant les animaux en commissions. Napoléon, en revanche ne fait pas grand chose, si ce n'est d'enlever des chiots à leurs mères pour les éduquer.
Un jour, M. Jones, accompagné d'autres fermiers, tente de reprendre la ferme, mais les animaux, en particulier Boule de neige et le cheval Malabar, se battent avec courage et les repoussent. Tous deux sont décorés pour leur vaillance dans cet affrontement, que l'on nomme bataille de l'étable.
Quelques semaines plus tard, Boule de neige a l'idée de créer un moulin à vent sur la colline pour générer de l'électricité et alléger le travail des animaux. Napoléon catégoriquement opposé à ce projet - selon lui inutile - tente de rallier les animaux à sa cause face à son adversaire Boule de Neige, scandant le slogan "Votez pour Napoléon et la mangeoire pleine !". Mais le charisme de Boule de neige a raison du caractère rude de son adversaire. Jaloux de cela, Napoléon envoie alors sur Boule de neige les chiens qu'il avait élevés en cachette, devenus de solides molosses. Boule de neige est alors chassé de la ferme.
Napoléon annonce que Boule de neige n'était rien d'autre qu'un espion des fermes alentours qui tentait par tous les moyens de les mener à leur perte, puis déclare qu'on construira bel et bien le moulin, qui était en fait sa propre idée. Napoléon annule ensuite les réunions et les débats et fait savoir que désormais toute question sera débattue par un comité de cochons. Une dictaturese met peu à peu en place, mais se heurte aux sept commandements de l'Animalisme. Les cochons y opèrent de subtiles modifications et convainquent les autres animaux que leur mémoire leur joue des tours (ainsi, le principe Nul animal ne tuera un autre animal devient Nul animal ne tuera un autre animal sans raison valable ; Nul animal ne boira d'alcool devient Nul animal ne boira d'alcool à l'excès ; Nul animal ne dormira dans un litdevient Nul animal ne dormira dans un lit avec des draps). Napoléon fait également savoir que chanter Bêtes d'Angleterre est désormais interdit.
Le moulin est détruit par deux fois, une fois par le vent et une autre fois par les humains (lors de la bataille du Moulin à vent). À chaque fois, Boule de neige est tenu responsable de leurs malheurs. Brille-Babil affirme être en possession de documents secrets qui confirment que Boule de neige était bien l'agent de Jones depuis le début. Pendant ce temps, la vie des autres animaux ne s'améliore pas, tandis que les cochons jouissent de nombreux privilèges (ils ont de plus grandes rations, le droit de se lever plus tard, ne participent pas aux corvées, etc.). Un jour, le courageux cheval Malabar, épuisé par la construction des deux moulins, tombe gravement malade. Brille-Babil vient s'enquérir de son sort puis déclare aux animaux que, sur ordre spécial du camarade Napoléon, Malabar va immédiatement être conduit à un hôpital où il pourra être soigné. En réalité Malabar est envoyé à l'abattoir, ce qui procurera aux cochons l'argent pour s'acheter une caisse de whisky.
Les cochons se mettent peu après à marcher sur leurs pattes de derrière, à porter les vêtements des Jones et à superviser les tâches un fouet à la patte. Ils renomment également la ferme de Ferme du Manoir, son appellation d'origine. Un soir, ils invitent les fermiers des alentours et se réconcilient avec eux, promettant d'entretenir dorénavant des relations amicales et coopératives. Et les humains félicitent les cochons pour leur réussite : les bêtes de la Ferme des Animaux arrivent à produire plus de travail que les leurs, sans rechigner, avec pourtant des rations alimentaires des plus réduites. Et quand la jument Douce demande à l'âne Benjamin de lui lire les commandements inscrits sur le mur, il lui dit qu'il n'en reste plus qu'un seul :
  •  Tous les animaux sont égaux, mais certain le sont plus que d'autre.


et "1984"...
publié en 1949.
1984 s'inspire d'un ouvrage de l'écrivain russe Ievgueni Zamiatine intitulé Nous autres et paru en 1920 ; lui aussi donne la description d'une dystopie totalitaire. Il emprunte aussi énormément à La Kallocaïne, dystopie de la Suédoise Karin Boye, publié en 1940, qui pose le problème de la confiance, de la délation et de la trahison des proches dans un régime totalitaire.
1984 est communément considéré comme une référence du roman d'anticipation, de la dystopie, voire de la science-fiction en général. La principale figure du roman,Big Brother, est devenue une figure métaphorique du régime policier et totalitaire, ainsi que de la réduction des libertés. En 2005, le magazine Time a d'ailleurs classé1984 dans sa liste des 100 meilleurs romans et nouvelles de langue anglaise de 1923 à nos jours, liste où se trouve La Ferme des animaux, autre fameux roman d'Orwell1.
Il décrit une Grande-Bretagne postérieure d'une trentaine d'années à une guerre nucléaire entre l'Est et l'Ouest censée avoir eu lieu dans les années 1950, où s'est instauré un régime de type totalitaire fortement inspiré à la fois du stalinisme et de certains éléments du nazisme. La liberté d'expression en tant que telle n’existe plus. Toutes les pensées sont minutieusement surveillées, et d’immenses affiches trônent dans les rues, indiquant à tous que « Big Brother vous regarde » (Big Brother is watching you).






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