samedi 7 janvier 2012

décédé un 7 janvier : Fénelon

1715 : Fénelon, homme d'église et écrivain français (° 6 août 1651).

Portrait de Fénelon par Joseph Vivien
François de Salignac de La Mothe-Fénelon dit Fénelon, né le 6 août 1651 au château de Fénelon à Sainte-Mondane, mort le 7 janvier 1715 à Cambrai, est un homme d'Église, théologien et écrivain français.
Précepteur du duc de Bourgognearchevêque de Cambrai (1695-1715), il s'opposa à Bossuet et tomba en disgrâce lors de la querelle du quiétisme, et surtout, après la publication de son roman, Les Aventures de Télémaque (1699), considéré comme une critique de la politique de Louis XIV. L'influence littéraire de ce roman fut considérable pendant plus de deux siècles.

Fénelon, né le 6 août 1651 au château de Fénelon à Sainte-Mondane, était issu d'une famille noble du Périgord, ancienne mais appauvrie. Plusieurs des ancêtres de Fénelon s'étaient occupés de politique, et sur plusieurs générations certains avaient servi comme évêques de Sarlat. Comme il était un cadet, le deuxième des quatorze enfants que son père, Pons de Salignac, comte de La Mothe-Fénelon, avait eu de deux mariages (dont trois enfants de son mariage avec Louise de La Cropte), il fut destiné de bonne heure à une carrière ecclésiastique.
Dans son enfance Fénelon reçut l'enseignement d'un tuteur au château de Fénelon, qui lui donna une solide connaissance du grec ancien et des classiques. En 1667, à l'âge de douze ans, on l'envoya à l'université de Cahors où il étudia la rhétorique et la philosophie. Quand le jeune homme exprima son attirance pour une carrière dans l'Église, son oncle, le marquis Antoine de Fénelon (un ami de Jean-Jacques Olier et de saint Vincent de Paul) l'envoya étudier au collège du Plessis, dont les étudiants en théologie recevaient le même enseignement que ceux de la Sorbonne. Il s'y lia avec Louis Antoine de Noailles, qui plus tard devint cardinal etarchevêque de Paris. Fénelon montra un tel talent au collège du Plessis qu'il y prêcha avec succès dès l'âge de quinze ans.
Après avoir, à partir de 1672, étudié au séminaire Saint-Sulpice, également proche des jésuites et qu'il eut en tant que jeune prêtre attiré l’attention sur lui par de belles prédications, il fut nommé en 1678 par l'archevêque de Paris directeur de l’Institut des Nouvelles Catholiques, un internat parisien consacré à la rééducation de jeunes filles de bonne famille dont les parents, d’abord protestants, avaient été convertis au catholicisme.

Ses fonctions l'inspirèrent et dès 1681 il consigna son expérience pédagogique dans son Traité de l'éducation des filles (qui ne fut publié qu’en 1687). À la fin de 1685, après la révocation de l'Édit de Nantes de 1598, sur la recommandation de Bossuet, Louis XIV lui confia la direction d'une mission. Pendant ces années-là il faisait partie du cercle qui entourait Bossuet, le fougueux porte-parole de l’épiscopat français. En 1688 il fut présenté à Madame de Maintenon, seconde épouse de Louis XIV. Celle-ci sympathisait à l’époque avec Madame Guyon, femme mystique et pieuse, et avec son quiétisme. Elle l’impressionna profondément quand ils firent connaissance.

Saint-Simon le décrit ainsi :
« Plus cocquet que toutes les femmes, mais en solide, et non a misères, sa passion étoit de plaire, et il avoit autant de soin de captiver les valets que les maîtres, et les plus petites gens que les personnages. Il avoit pour cela des talents faits exprès : une douceur, une insinuation, des grâces naturelles et qui couloient de source, un esprit facile, ingénieux, fleuri, agréable, dont il tenoit, pour ainsi dire, le robinet pour en verser la qualité et la quantité exactement convenable à chaque chose et à chaque personne ; il se proportionnoit et se faisoit tout à tous. »
Dans l’été 1689, sur la proposition de Madame de Maintenon dont il était entre temps devenu le conseiller spirituel, il fut nommé précepteur du duc de Bourgogne, âgé de sept ans, petit-fils de Louis XIV et son éventuel héritier. Il sut enseigner à son élève toutes les vertus d'un chrétien et d'un prince, et lui inspira pour sa personne une affection qui ne se démentit jamais.

Il acquit ainsi une position influente à la cour et fut admis à l’Académie française (1693) comme les autres précepteurs princiers. Cependant, il fut écarté de l'éducation princière d'abord par un éloignement temporaire à l'archevêché de Cambrai (1695) avant d'être disgrâcié. Il fut alors nommé « le Cygne de Cambrai ».


Pour son élève royal (qui cependant devait mourir en 1712 sans être devenu roi, pas plus que son père mort l’année précédente), Fénelon écrivit plusieurs œuvres amusantes et en même temps instructives : d'abord une suite de fables, les Aventures d'Astinoüs et les Dialogues des morts modernes, mais surtout, en 1694-1696, un roman éducatif d'aventures et de voyages Les Aventures de Télémaque, fils d'Ulysse.
Dans ce roman à la fois pseudo-historique et utopique, il conduit le jeune Télémaque, fils d’Ulysse, flanqué de son précepteur Mentor (manifestement le porte-parole de Fénelon) à travers différents États de l’Antiquité, qui la plupart du temps, par la faute des mauvais conseillers qui entourent les dirigeants, connaissent des problèmes semblables à ceux de la France des années 1690, plongée dans des guerres qui l’appauvrissent, problèmes qui cependant peuvent se résoudre (au moins dans le roman) grâce aux conseils de Mentor par le moyen d’une entente pacifique avec les voisins, de réformes économiques qui permettraient la croissance, et surtout de la promotion de l'agriculture et l’arrêt de la production d’objets de luxe.

Le plus grand adversaire de Fénelon à la cour fut Bossuet, qui l’avait d’abord soutenu. Déjà en 1694 il s’était opposé à lui dans l’affaire du quiétisme, querelle théologique, et en 1697 il avait essayé de le faire condamner par le pape pour son Explication des maximes des saints sur la vie intérieure, où il prenait la défense de Madame Guyon (celle-ci avait fini par être presque considérée comme une ennemie publique, au point qu’elle avait été arrêtée en 1698).
Fénelon se soumit avec humilité et abjura publiquement ses erreurs. À partir de 1698 Télémaque commença à circuler à la cour sous forme de copies, et on y vit tout de suite une critique à peine voilée contre la manière autoritaire du gouvernement de Louis XIV, contre sa politique étrangère agressive et belliqueuse et contre sa politique économique mercantiliste, orientée vers l'exportation. Cet ouvrage, que Fénelon n'avait pas voulu rendre public, lui avait été soustrait par un domestique infidèle.
Au début de 1699, Fénelon perdit son poste de précepteur et quand, en avril, son Télémaque fut publié (d'abord anonymement et sans son autorisation), Louis XIV y vit une satire de son règne, arrêta l'impression et disgracia l'auteur : Fénelon fut banni de la cour.

Vers 1700, il habita alors quelque temps en Belgique dans une demeure, longtemps appelée « la Belle Maison », se trouvant aux limites des communes de Pâturages et d’Eugies, puis il se retira dans son archevêché de Cambrai où, cessant toute activité en théologie et en politique, il essaya de se conduire de façon exemplaire, conformément aux enseignements de son personnage de Mentor (qui, dans le roman, n’était autre que Minerve alias Athéna, déesse de la Sagesse qui s’était ainsi déguisée). Retiré dans son diocèse, Fénelon ne s'occupa que du bonheur de ses fidèles ; il prit soin lui-même de l'instruction religieuse du peuple et des enfants, et se fit universellement chérir par sa bienfaisance.

Pendant le cruel hiver de 1709, il se dépouilla de tout pour nourrir l'armée française qui campait près de lui. La réputation de ses vertus attira à Cambrai nombre d'étrangers de distinction, entre autres Andrew Michael Ramsay qu'il convertit et qui ne le quitta plus. Il meurt en 1715 à l'âge de 64 ans.
Un chapitre des Mémoires de Saint-Simon est consacré à sa mort, en des termes plutôt élogieux.

Dans la France des xviiie et xixe siècles, Télémaque fut un des livres pour les jeunes les plus lus (Aragon et Sartre l'avaient lu dans leur jeunesse). On le considère parfois comme un précurseur de l'esprit des Lumières.
On lui doit un assez grand nombre d'ouvrages, dont quelques-uns sont perdus, Louis XIV ayant fait brûler, à la mort du duc de Bourgogne, plusieurs de ses écrits qui se trouvaient dans les papiers du prince.
source principale : wikipédia

Bibliographie
  • Traité de l'éducation des filles (1687) ;
  • Traité du ministère des pasteurs, (1688) ;
  • Réfutation du système du père Malebranche sur la nature et la grâce (1688) ;
  • Lettre à Louis XIV (1694) (sur le site Magister).
  • Explication des maximes des saints sur la vie intérieure (1697) ;
  • Détails sur le produit Les Aventures de Télémaque (1699) ; chez Gutenberg.org
  • Dialogues des Morts et Fables, écrits composés pour l'éducation du duc de Bourgogne1700) (1712);
  • Lettre sur les occupations de l'Académie (1714) ;
  • Démonstration de l'existence de Dieu, tirée de la connaissance de la Nature et proportionnée à la faible intelligence des plus simples (1712), et avec une deuxième partie, 1718, souvent réimprimé, notamment en 1810avec notes de Louis-Aimé Martin ;
  • Fables et opuscules pédagogiques (1718).
  • Dialogues sur l'éloquence, avec une Lettre à l'Académie française, (1718) ;
  • Examen de la conscience d'un roi (pour le duc de Bourgogne), imprimé seulement en 1734 ;
  • des Sermons, qui pour la plupart furent prêches d'abondance
  • des Lettres spirituelles.

souvenir de lecture


En un temps où peintres, sculpteurs et musiciens trouvaient leur inspiration dans l'Antiquité païenne autant que dans la Bible, Fénelon, dans Les Aventures de Télémaque, peignait en tableaux enchanteurs ce qu'on appelait la fable, les dieux de la mythologie et les héros homériques. 
Loin de contredire le christianisme dévot et la spiritualité du pur amour de l'archevêque de Cambrai, l'Antiquité était, comme elle avait été chez Poussin et comme elle était chez Couperin, le moyen d'exprimer les inévitables questions sur lesquelles butaient les religions et les théologies : le désir, la culpabilité et la mort, la paternité et la filiation, la fragilité des cultures et la cruauté de l'histoire. 
Parce qu'elles étaient leurs questions, des générations de lecteurs, par-delà les modes et les goûts, se sont laissé séduire par cette fable, écrite pour le petit-fils de Louis XIV, à la fois ancienne et moderne, une des rares qu'on ait créées depuis l'Antiquité avec un aussi durable succès.








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