mercredi 11 avril 2012

et si nous faisions un petit challenge roumain ?


La Roumanie invitée au prochain Salon du livre de Paris




Le bureau du Syndicat national de l’édition a approuvé mercredi 11 avril la candidature – unique – de la Roumanie comme pays invité d’honneur au Salon du livre de Paris 2013.


L’Institut culturel roumain et le Centre national du livre de Roumanie devraient fortement encourager les traductions en français de leurs auteurs, en plus des aides octroyées par le Centre national des lettres.

A l’occasion du Salon du livre 2012, l’Institut culturel roumain avait proposé une table ronde consacrée à l’auteur roumain d’expression française Panaït Istrati. Mircea Cartarescu (Denoël), Gabriela Adamesteanu (Gallimard) et Florina Ilis (éditions des Syrtes) figurent parmi les auteurs roumains déjà traduits en français.

Les langues roumaine et française, toutes deux d’origine latine, partagent des similitudes grammaticales et lexicales. La Roumanie, pays francophone et francophile, est membre de l’Union européenne depuis 2007.


Panaït Istrati, né à Brăila le 11 août 1884 et mort à Bucarest le 16 avril 1935, est un écrivain roumain de langue française, surnommé le « Gorki des Balkans ».
Il naît à Brăila, un port roumain sur le Danube, fils de la blanchisseuse Joița Istrate et d'un contrebandier grec. Son père est tué par les garde-côtes alors que Panaït Istrati est encore bébé.
Élevé à Baldovinești, village proche de Brăila, il étudie à l'école primaire durant six ans, en redoublant la première année. Il gagne ensuite sa vie comme apprenti chez un cabaretier, où il apprend à parler grec, puis chez un pâtissier albanais. Il devient ensuite marchand ambulant, manœuvre, soutier à bord des paquebots du Service maritime roumain. Pendant cette période, il est un lecteur compulsif, et ses voyages le mènent à Bucarest, à Constantinople, au Caire, à Naples, à Paris et en Suisse.
En 1916, Istrati est atteint de phtisie. Il séjourne dans un sanatorium suisse et fait connaissance avec Josué Jéhouda, qui lui apprend le français et lui fait découvrir les romans deRomain Rolland. Istrati en est plus qu'impressionné et fait du romancier son maître à penser. Une fois rétabli, il poursuit ses errances autour de la Méditerranée et commence à écrire en français. Il envoie son manuscrit à Romain Rolland qui, ayant déménagé, ne le reçoit pas. Istrati erre alors dans l'Europe à feu et à sang de la Première Guerre mondiale.
Rattrapé par la misère, malade et seul, il tente de se suicider à Nice en janvier 1921. Il est sauvé et on trouve sur lui une lettre non envoyée qu'il avait écrite à Romain Rolland. Celui-ci en est averti, et lui répond promptement en l'encourageant dans sa démarche d'écrivain : « J’attends l’œuvre ! Réalisez l’œuvre, plus essentielle que vous, plus durable que vous, dont vous êtes la gousse ». Il l'aide à publier ses romans, Kyra Kyralina en 1923,Oncle Anghel en 1924Présentation des haïdoucs en 1925 et Domnitza de Snagov en 1926, qui constituent le cycle des Récits d'Adrien Zograffi.
En 1927, compagnon de route du Parti communiste (il avait depuis longtemps une vive estime pour son compatriote révolutionnaire, Christian Rakovsky), il visite Moscou et Kiev avec l'écrivain grec Nikos Kazantzakis, puis voyage à nouveau en Union soviétique en 1929. Durant ces séjours, il devine, derrière l'accueil réservé aux hôtes étrangers, la réalité de la dictature stalinienne, qui lui inspire l'écriture de Vers l'autre flamme, confession pour vaincus, dans lequel, sept ans avant le Retour d'URSS d'André Gide, il dénonce avec une grande virulence l'arbitraire du régime soviétique. Selon Louis Janover« Istrati décrit l’exploitation impitoyable des travailleurs par une bureaucratie prête à tout pour défendre ses privilèges1 ». L’ouvrage, en trois volumes, est en fait co-écrit avec Boris Souvarine et Victor Serge.
Plaque commémorative au n° 24 de la rue du Colisée à Paris où Panaït Istrati rédigea une grande partie de son œuvre
S'ensuit une classique et violente campagne de calomnies menée à son encontre par les intellectuels du PCF, au premier rang desquels Henri Barbusse. Malade et moralement affaibli, Istrati retourne en Roumanie, mais revient à Nice afin d'y soigner une tuberculose, puis repart à Bucarest. Dans les dernières années de sa vie, il publie, dans la revue La Croisade roumaniste, des articles dénonçant les injustices sociales de son temps. Il meurt de la tuberculose dans un sanatorium de Bucarest en 1935, vilipendé tant par les communistes qui le traitent de « fasciste » que par les fascistes qui le traitent de « cosmopolite ».
Figure très célèbre de la littérature de l'entre-deux-guerres, Panait Istrati tombe dans un oubli quasi complet pendant plusieurs décennies ; son œuvre est interdite en France durant la guerre, et en Roumanie durant le régime communiste. Elle est peu à peu rééditée en France à partir des années 1960, à l'initiative de l'Association des amis de Panait Istrati, située à Valence, dans la Drôme, puis en Roumanie à partir de 1990

Oncle Anghel

Oncle Anghel de Panaït Istrati 



« Par cette nuit tombante du début d'avril le hameau de Baldovinesti, situé à environ cinq kilomètres de Braïla, fêtait le premier jour de la résurrection du Christ. Dans toutes leurs cours, les paysans allumaient des moyettes de roseau sec ; partout les joyeux coups de fusil retentissaient, hommages rustiques orthodoxes rendus à la mémoire de celui qui fut le meilleur des hommes.

Dans la chaumière de l'oncle Dimi - le cadet de la famille -, la mère Zoïtza - l'aînée des quatre frères - et son fils unique Adrien [...]. »


Mircea Cărtărescu, né le 1er juin 1956, est un écrivain roumain.

Critique et théoricien littéraire, il est un représentant de la génération des années 1980.
Il obtient son doctorat en littérature roumaine en 1999, avec la thèse Le postmodernisme roumain, sous la direction du professeur Paul Cornea. Sa thèse est publiée la même année, par la maison d'édition Humanitas. À la fin de ses études, entre 1980-1989, il est professeur de roumain, occupant ensuite des fonctions administratives à l'Union des écrivains roumains, et rédacteur au magazine Caiete Critice (Feuilles critiques).
En 1991, il devient lecteur et ensuite professeur, en 2004, à la Faculté des lettres de Bucarest, spécialité Histoire de la littérature roumaine. Il vit en partie à Bucarest et en partie en Allemagne où il enseigne à l'université de Stuttgart. Il est aussi collaborateur régulier de la presse écrite roumaine.
Ses débuts littéraires ony lieu en 1978, publiant un groupage de poésies dans le magazine România literară. Ses débuts dans la prose se font avec sa publication dans les volumes collectifs de la maison d'édition Cartea Romaneasca, en 1980, dans le volume « Faruri, vitrine, fotografii ». Il va ensuite publier dans le volume collectif « Desant'83 ».
Cărtărescu est initialement un poète, mais c'est par ses romans qu'il se fait connaître du grand public.
Son livre Pourquoi nous aimons les femmes lui apporte le succès. Il déclare alors que cela n'est plus un livre et qu'il a rejoint le domaine de la fantasmagorie sociale.
Orbitor est un roman en trois parties, OrbitorL'Œil en feul'Aile Tatouée, qui constitue une des œuvres majeures de Cărtărescu.
Pour Cărtărescu, la vie des êtres humains est leur vie intérieure : « la substance de mes livres est faite de mes expéditions dans le monde des rêves et de l'imagination. ».

L'Oeil en feuL'Oeil en feu de Mircea Cartarescu 

Voyage dans un Bucarest tantôt réel tantôt imaginaire, L'Œil en feu déroule une spirale de souvenirs, de visions et de rêves éveillés. Dans un livre-kaléidoscope où la ville, la mémoire et le corps du narrateur ne font plus qu'un, Mircea Cartarescu déploie une fresque historique qui s'assemble par
fragments. C'est d'abord l'histoire de Vassili,
l'enfant sans ombre qui devient capitaine des pompiers dans le Bucarest pittoresque de la fin du XIXe siècle. Puis, dans le carcan de cauchemar de la
Roumanie des années 50 et 60, l'enfance du narrateur lui-même, où le rêve façonne entièrement une réalité devenue monstrueuse. Livre-carrefour de l'œuvre de Cartarescu, que beaucoup comparent aujourd'hui à Borges, L'Œil en feu transforme le regard de l'enfance en prisme poétique et fantastique qui capte l'histoire de la Roumanie en une série de fulgurantes apparitions.


Gabriela Adameșteanu est une écrivaine et journaliste roumaine, née en 1942 à Târgu Ocna.
Son père était un prêtre orthodoxe issu d'une famille d’intellectuels passionnés d’histoire et de généalogie.

Elle est l'auteur de trois romans et de deux recueils de nouvelles. Elle a commencé à écrire tardivement à cause de son dégoût de la littérature réaliste-socialiste. Elle a obtenu quelques prix dans son pays où elle est souvent rééditée.
Entre 1991 et 2005, elle est commentatrice politique et rédactrice en chef de Revue 22, l’hebdomadaire du Groupe pour le dialogue social.
Parlant couramment le français, elle est aussi la traductrice d’Hector Bianciotti et de Guy de Maupassant en roumain.

Une matinée perdueUne matinée perdue de Gabriela Adamesteanu 

" Rien que du boulot et encore du boulot, la voilà sa vie, à partir de ses onze ans quand sa mère est morte et qu'elle s'est retrouvée seule avec une ribambelle de frères à s'occuper. Le père, il était parti à la guerre et au bout d'un an, c'était l'été, la mère a attrapé la fièvre typhoïde, ou le typhus, bref elle a attrapé une belle saloperie et elle en est morte, la pauvre. Et Sile, le plus petit, il est mort aussi, vu que
personne y donnait plus le sein, et puis ç'a été le tour des jumeaux, mais Ilie et Niculae et elle, ils s'en sont tirés, ils étaient plus grands, et Dieu leur a prêté vie. " A plus de soixante-dix ans, Vica se souvient... Et plus de soixante-dix ans d'histoire roumaine défilent, vus par ses yeux, et à travers son franc-parler savoureux de femme du peuple, auquel fait contrepoint toute une galerie de personnages. Dans cette polyphonie de voix, alternent le grave et le comique, la tendresse et l'humour, et le monde se dissout et se recompose à chaque page, tel un kaléidoscope.

Née en 1968, Florina Ilis a publié un recueil de haïkus et quatre romans. La Croisade des enfants a reçu de nombreux prix littéraires, dont le prestigieux prix de l'Académie roumaine.

La croisade des enfants

La croisade des enfants de Florina Ilis

L'histoire commence un matin, sur le quai d'une gare, quand un groupe d'enfants part vers la mer Noire, en colonie de vacances. Stoppé en pleine campagne par les écoliers, leur train ne parviendra pas à destination. Aidés par Calman, " Tsigane blond à peau blanche ", les enfants vont y organiser leur propre vie devant des troupes spéciales déconcertées et des médias avides de nouvelles sensationnelles. Ce qui n'était au départ qu'un jeu pour les enfants, prêts à en découdre avec le monde réel ou virtuel des adultes, devient une véritable affaire d'Etat. On évoque la présence d'un groupe de terroristes voulant déstabiliser le gouvernement ; on pense par la suite à des malfrats, des trafiquants en tout genre - hypothèse encouragée par l'arrivée massive d'enfants des rues sur les lieux, qui demandent la liquidation des orphelinats et des foyers d'accueil. Les médias, la police, l'armée, les professeurs ou les parents, la société entière, semblent incapables, pour un temps, de mettre fin à la " croisade des enfants ", qui exigent le respect de leurs droits et de leurs libertés. L'issue sera précipitée dans une confusion générale et nul ne sortira indemne de cette aventure où le burlesque le dispute au tragique. Ecrit par un auteur doué d'une indéniable grâce littéraire, La Croisade des enfants est une fresque du chaos postcommuniste roumain, confronté à ses propres dilemmes : enfance et jeunesse déboussolées, progrès et adaptation, politique et corruption, innocence et compromis...




 

2 commentaires:

  1. Ne connaissant rien à la littérature roumaine, naturellement je serai d'un challenge roumain si jamais tu donnes suite... au moins ce Salon du Livre sera la certitude de découvrir des auteurs !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pourquoi ne suis-je pas étonnée Nathalie !
      pour l'instant aucune idée de ce que je vais lire, mais je pars en recherches aujourd'hui.
      A ce soir, avec de bonnes trouvailles je l'espère
      bisous

      Supprimer