ça se passe chez Chiffonnette
« Maints éditeurs, pareils à d’adroits couturiers, se chargent d’habiller le livre de manière à séduire des acheteurs dont l’oeil est plus accessible que l’intelligence. »
de Paul Claudel
Extrait du Positions et propositions
Paul Claudel est un dramaturge, poète, essayiste et diplomate français, né le 6 août 1868 à Villeneuve-sur-Fère dans l'Aisne et mort le 23 février 1955 à Paris. Il fut membre de l'Académie française.
Élu en 1946 au fauteuil 13
Paul Claudel est le fils de Louis-Prosper Claudel, un haut-fonctionnaire de province, et de Louise Athénaïse Cerveaux. Il est frère cadet de Louise Claudel et de la sculptrice Camille Claudel, grandit à Villeneuve-sur-Fère. En 1882, il arrive, avec sa mère et ses sœurs, à Paris, au 135bis, boulevard du Montparnasse de 1882 à 1886 puis au 31, boulevard de Port-Royal de 1886 à 18921. Il fait ses études aulycée Louis-Le-Grand où il obtient son baccalauréat de philosophie en 1885 et s'inscrit à l'École libre des sciences politiques pour y préparer une licence de droit2.
Paul Claudel, selon ses dires, baignait, comme tous les jeunes gens de son âge, dans « le bagne matérialiste du scientisme de l'époque ». Il se convertit au catholicisme, religion de son enfance, en assistant en curieux aux vêpres à Notre-Dame de Paris le 25 décembre 1886, jour de Noël. « J'étais debout, près du deuxième pilier, à droite, du côté de la sacristie. Les enfants de la maîtrise étaient en train de chanter ce que je sus plus tard être le Magnificat. En un instant mon cœur fut touché et je crus »3.
À la même époque, Paul Claudel découvre les Illuminations, un recueil de poèmes d'Arthur Rimbaud dont la lecture sera pour lui déterminante. L'influence de celui qu'il appelait le « mystique à l'état sauvage » est manifeste, par exemple, dans Tête d'or, une de ses premières pièces de théâtre.
Diplomate en 1893, il est successivement consul de France à Prague, Francfort, Hambourg, en Chine à Shanghai, Fou-Tcheou (Fuzhou) et Tsien-Tsin (Tianjin), puis ministre plénipotentiaire à Rio de Janeiro, à Copenhague, ambassadeur de France à Tokyo de 1921 à 1927, àWashington, puis à Bruxelles, où se termine sa carrière diplomatique en 1936.
Il s'installe alors définitivement dans le château de Brangues en Isère, qu'il avait acquis en 1927 pour y passer ses étés. Le travail littéraire, mené jusqu'alors parallèlement à sa carrière diplomatique, occupe désormais la plus grande part de son existence. Il reçoit à Brangues diverses notoriétés : des hommes politiques comme le président Edouard Herriot, ou des écrivains comme François Mauriac.
En 1938, Claudel entre au conseil d'administration de la Société des Moteurs Gnome et Rhône4, grâce à la bienveillance de son directeur, Paul-Louis Weiller, mécène et protecteur de nombreux artistes (Jean Cocteau, Paul Valéry, André Malraux)5. Ce poste, richement doté, lui vaudra de nombreuses critiques : à la fois par le statut social et le montant des émoluments qu'il en retire6 mais aussi par le fait qu'au cours de la Seconde Guerre mondiale, cette entreprise de mécanique participera à l'effort de guerre allemand pendant l'Occupation7. Aussi, à partir de 1940, Paul-Louis Weiller, juif, sera écarté de la direction.
Attristé par les débuts de la guerre, et notamment l'invasion de la Pologne, au cours d'un mois de septembre 1939 qu'il juge par ailleurs « merveilleux », Claudel est initialement peu convaincu par le danger que représente l'Allemagne nazie. Il s'inquiète davantage de la puissante Russie qui représente selon lui une « infâme canaille communiste »8
En 1940, il est ulcéré par la défaite de la France9, mais voit d'abord une délivrance dans les pleins pouvoirs conférés par les députés à Pétain. Dressant dans son Journal un « état de la France au 6 juillet 1940 », il met au passif la sujétion de la France à l'Allemagne, la brouille avec l'Angleterre « en qui seule est notre espérance éventuelle » et la présence au gouvernement de Pierre Laval, qui n'inspire pas confiance. À l'actif, il met l'épuisement de l'Allemagne et de l'Italie, le gain de forces de l'Angleterre et un changement idéologique qu'il décrit comme suit : « La France est délivrée après soixante ans de joug du parti radical et anticatholique (professeurs, avocats, juifs, francs-maçons). Le nouveau gouvernement invoque Dieu et rend la Grande-Chartreuse aux religieux. Espérance d'être délivré du suffrage universel et du parlementarisme; ainsi que de la domination méchante et imbécile des instituteurs qui lors de la dernière guerre se sont couverts de honte. Restauration de l'autorité10. » (Ce qui concerne les instituteurs est un écho d'une conversation de Claudel avec le général Édouard Corniglion-Molinier et Antoine de Saint-Exupéry, qui, selon Claudel, lui avaient parlé « de la pagaïe des troupes françaises, les officiers (réservistes instituteurs lâchant pied les premiers). »11)
Toutefois, le spectacle de la collaboration avec l'Allemagne l'écœure bientôt. En novembre 1940, il note dans le même Journal : « Article monstrueux du cardinal Baudrillart dans La Croix nous invitant à collaborer « avec la grande et puissante Allemagne » et faisant miroiter à nos yeux les profits économiques que nous sommes appelés à en retirer ! (...) Fernand Laurent dans Le Jour déclare que le devoir des catholiques est de se serrer autour de Laval et de Hitler. — Les catholiques de l'espèce bien-pensante sont décidément écœurants de bêtise et de lâcheté12».
Dans le Figaro du 10 mai 1941, il publie encore des Paroles au Maréchal (désignées couramment comme l’Ode à Pétain) qui lui sont souvent reprochées. La péroraison en est : « France, écoute ce vieil homme sur toi qui se penche et qui te parle comme un père./ Fille de saint Louis, écoute-le ! et dis, en as-tu assez maintenant de la politique ?/ Écoute cette voix raisonnable sur toi qui propose et qui explique13.». Henri Guillemin (critique catholique et grand admirateur de Claudel, mais non suspect de sympathie pour les pétainistes) a raconté que, dans un entretien de 1942, Claudel lui expliqua ses flatteries à Pétain par l'approbation d'une partie de sa politique (lutte contre l'alcoolisme, appui aux écoles libres), la naïveté envers des assurances que Pétain lui aurait données de balayer Laval et enfin l'espoir d'obtenir une protection en faveur de son ami Paul-Louis Weiller et des subventions aux représentations de l'Annonce faite à Marie14. À partir d'août 1941, le Journal ne parle plus de Pétain qu'avec mépris15.
Paul Claudel a mené une constante méditation sur la parole, qui commence avec son théâtre et se poursuit dans une prose poétique très personnelle, s'épanouit au terme de sa vie dans une exégèse biblique originale. Cette exégèse s'inspire fortement de l'œuvre de l'Abbé Tardif de Moidrey (dont il a réédité le commentaire du Livre de Ruth16), mais aussi d'Ernest Hello. Claudel s'inscrit ainsi dans la tradition patristique du commentaire scripturaire, qui s'était peu à peu perdue avec la scolastique, et qui a été reprise au xixe siècle par ces deux auteurs, avant de revenir sur le devant de la scène théologique avec le cardinal Jean Daniélou et Henri de Lubac. Sa foi catholique est essentielle dans son œuvre qui chantera la création : « De même que Dieu a dit des choses qu'elles soient, le poète redit qu'elles sont. » Cette communion de Claudel avec Dieu a donné ainsi naissance à près de quatre mille pages de textes. Il y professe un véritable partenariat entre Dieu et ses créatures, dans son mystère et dans sa dramaturgie, comme par exemple dans Le Soulier de satin et L'Annonce faite à Marie.
Avec Maurice Garçon, Charles de Chambrun, Marcel Pagnol, Jules Romains et Henri Mondor, il est une des six personnes élues le 4 avril 1946 à l'Académie française lors de la deuxième élection groupée de cette année visant à combler les très nombreuses places vacantes laissées par la période de l'Occupation. Il est reçu le 13 mars 1947 par François Mauriac au fauteuil de Louis Gillet.
Il est enterré dans le parc du château de Brangues ; sa tombe porte l'épitaphe : « Ici reposent les restes et la semence de Paul Claudel. » (Il faut probablement lire le mot « semence » à la lumière de la doctrine de la résurrection de la chair : à la fin des temps, lors du retour glorieux du Christ, les morts ressusciteront ; les restes humains sont ainsi la semence de la chair transfigurée qui sera celle de la résurrection. D'où l'importance de la sépulture dans la religion chrétienne, et les réticences face à l'incinération par exemple17.)
source principale : wikipédia
qui d'autre dans le fauteuil 13...
- 1634 : Claude-Gaspard Bachet de Méziriac
- 1639 : François de La Mothe Le Vayer
- 1672 : Jean Racine
- 1699 : Jean-Baptiste-Henri de Valincour
- 1730 : Jean-François Leriget de La Faye
- 1731 : Prosper Jolyot de Crébillon
- 1762 : Claude-Henri de Fusée de Voisenon
- 1776 : Jean de Dieu-Raymond de Boisgelin de Cucé
- 1804 : Jean-Baptiste Dureau de La Malle
- 1807 : Louis-Benoît Picard
- 1829 : Antoine-Vincent Arnault déjà élu en 1803 (voir fauteuil 16) avait été radié en 1816.
- 1834 : Eugène Scribe
- 1862 : Octave Feuillet
- 1891 : Pierre Loti
- 1924 : Albert Besnard
- 1935 : Louis Gillet
- 1946 : Paul Claudel
- 1956 : Wladimir d'Ormesson
- 1974 : Maurice Schumann
- 1999 : Pierre Messmer
- 2008 : Simone Veil
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