jeudi 16 février 2012

le jeudi, c'est citation... Octave Mirbeau

ça se passe chez Chiffonnette






 Ah! dans les cabinets de toilettecomme les masques tombent!... Comme s'effritent et se lézardent les façades les plus orgueilleuses!...

Journal d'une femme de chambre (1900)
Citations de Octave Mirbeau









Description de l'image  Octave Mirbeau.jpg.
Octave Mirbeau, né le 16 février 1848 à Trévières (Calvados) et mort le 16 février 1917 à Paris, est un écrivain, critique d'art et journaliste français. Octave Mirbeau a connu une célébrité européenne et de grands succès populaires, tout en étant également apprécié et reconnu par les avant-gardes littéraires et artistiques, ce qui n'est pas commun.
Journaliste influent et fort bien rémunéré, critique d’art défenseur des avant-gardes, pamphlétaire redouté, il a été aussi un romancier novateur, qui a contribué à l'évolution du genre romanesque, et un dramaturge, à la fois classique et moderne, qui a triomphé sur toutes les grandes scènes du monde. Mais, après sa mort, il a traversé pendant un demi-siècle une période de purgatoire : il était visiblement trop dérangeant pour la classe dirigeante, tant sur le plan littéraire et esthétique que sur le plan politique et social. Littérairement incorrect, il était inclassable, il faisait fi des étiquettes, des théories et des écoles, et il étendait à tous les genres littéraires sa contestation radicale des institutions culturelles ; également politiquement incorrect, farouchement individualiste et libertaire, il incarnait une figure d'intellectuel critique, potentiellement subversif et « irrécupérable », selon l'expression de Jean-Paul Sartre dans Les Mains sales.

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Mirbeau poursuit désormais une double carrière de journaliste et d’écrivain. Chroniqueur, conteur et critique d’art influent, redouté et de mieux en mieux rémunéré, il collabore, successivement ou parallèlement, à La France, au Gaulois, au Matin, au Gil Blas, au Figaro, à L'Écho de Paris, puis, pendant dix ans, à partir de l’automne 1892, au Journal, où il touche 350 francs par article (environ 1 100 euros), ce qui est tout à fait considérable pour l’époque.
Le Calvaire, illustré par Georges Jeanniot (1901)
Outre ses chroniques, il y fait paraître de nombreux contes, dont il ne publie en volume qu’une petite partie : Lettres de ma chaumière(1885) – dont l’exergue est significatif de son engagement éthique : « Ne hais personne, pas même le méchant. Plains le, car il ne connaîtra jamais la seule jouissance qui console de vivre : faire le bien » – et Contes de la chaumière (1894) ; la plupart ne seront publiés qu’après sa mort, en plusieurs volumes, et seront recueillis en 1990 dans ses Contes cruels (rééditions en 2000 et 2009).
Parallèlement il entame tardivement, sous son propre nom, une carrière de romancier : Le Calvaire (novembre 1886), qui lui vaut un succès de scandale, notamment à cause du deuxième chapitre démystificateur sur la débâcle de l’armée de la Loire pendant la guerre de 1870, qui fait hurler les nationalistes et que Juliette Adam a refusé de publier dans la Nouvelle revue (ce roman inspirera certains écrivains comme Paul Bourget) ; puis L'Abbé Jules (avril 1888), roman dostoïevskien dont le héros;Jules Dervelle, est un prêtre révolté, déchiré par ses contradictions et fauteur de scandales ; et Sébastien Roch (mars 1890), sur un sujet tabou, le viol d’adolescents par des prêtres, ce qui lui vaut une véritable conspiration du silence. Ces œuvres novatrices, en rupture avec les conventions du naturalisme, sont vivement appréciées des connaisseurs et de l’avant-garde littéraire, mais sont négligées par une critique conformiste, effrayée par leurs audaces8.
C’est au cours de cette période qu’il entame une vie de couple avec Alice Regnault, une ancienne actrice de théâtre, qu’il épouse, honteusement et en catimini, à Londres, le 25 mai 1887, après deux ans et demi de vie commune. Mais Mirbeau ne se fait aucune illusion sur ses chances de jouir du bonheur conjugal, comme en témoigne une nouvelle au titre amèrement ironique, publiée au lendemain de son mariage : « Vers le bonheur ». « L’abîme » qui, selon lui, sépare à tout jamais les deux sexes, les condamne irrémédiablement à de douloureux malentendus, à l’incompréhension et à la solitude. Cette expérience le poussera, vingt ans plus tard, à interpréter à sa façon les relations entre Balzac et Évelyne Hanska dans La Mort de Balzac (1907), sous-chapitres de La 628-E8, où il ne cherchera pas à établir une impossible « vérité » historique et qui lui servira avant tout d’exutoire pour exhaler son amertume et ses frustrations.

Pendant les sept années qui suivent, Mirbeau traverse une interminable crise morale, où le sentiment de son impuissance à se renouveler9, sa remise en cause des formes littéraires, notamment du genre romanesque, jugé par trop vulgaire, et son pessimisme existentiel, qui confine au nihilisme, sont aggravés par une douloureuse crise conjugale qui perdure – et dont témoigne une longue nouvelle, Mémoire pour un avocat (1894). C’est au cours de cette période difficile qu’il s’engage dans le combat anarchiste10 et qu’il découvre Vincent Van Gogh, Paul Gauguin et Camille Claudel, dont il proclame à trois reprises le « génie ». Il publie également son roman Dans le ciel en feuilleton dans L'Écho de Paris (mais non en volume), et il rédige sa première grande pièce, Les Mauvais bergers, tragédie prolétarienne profondément pessimiste, qui sera créée en décembre 1897 par les deux plus grandes « stars » de la scène de l’époque, Sarah Bernhardt et Lucien Guitry.

 Au tournant du siècle, après l'Affaire Dreyfus, dans laquelle il s'engage passionnément, Mirbeau remporte de grands succès de ventes et de scandales avec Le Jardin des supplices(juin 1899) et Le Journal d'une femme de chambre (juillet 1900), et, à degré moindre, avec Les Vingt et un Jours d'un neurasthénique (août 1901) ; puis il connaît un triomphe mondial au théâtre avec Les affaires sont les affaires (1903), puis avec Le Foyer (1908), deux comédies de mœurs au vitriol qu’il parvient, non sans mal, à faire représenter à la Comédie-Française, au terme de deux longues batailles. La 628-E8 connaît également un succès de scandale en novembre 1907, à cause, surtout, des sous-chapitres sur La Mort de Balzac. Ses œuvres sont alors traduites en de nombreuses langues, et sa réputation et son audience ne font que croître dans toute l’Europe, tout particulièrement en Russie, où, bien avant la France, paraissent deux éditions de ses œuvres complètes entre 1908 et 1912.

Personnalité de premier plan, craint autant qu’admiré, à la fois marginal – par ses orientations esthétiques et par ses prises de position politiques radicales –, et au cœur du système culturel dominant qu’il contribue à dynamiter de l’intérieur, il est reconnu par ses pairs comme un maître : ainsi Léon Tolstoï voit-il en lui « le plus grand écrivain français contemporain, et celui qui représente le mieux le génie séculaire de la France11 » ; Stéphane Mallarmé écrit-il qu’il « sauvegarde certainement l’honneur de la presse en faisant que toujours y ait été parlé, ne fût-ce qu’une fois, par lui, avec quel feu, de chaque œuvre d’exception12 » ; Georges Rodenbach voit-il en lui « Le Don Juan de l’Idéal13 » et Remy de Gourmont « le chef des Justes par qui sera sauvée la presse maudite14 », cependant qu’Émile Zola salue, chez l’auteur du Journal d’une femme de chambre, « Le justicier qui a donné son cœur aux misérables et aux souffrants de ce monde15 ».



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