samedi 21 janvier 2012

décédé un 22 janvier : Abbé Pierre

2007 : Henri Grouès dit l'abbé Pierre, prêtre catholique français, fondateur du mouvement Emmaüs en 1949 (° 5 août 1912).


  • Récompenses diverses :
    • Médaille d’or Albert Schweitzer de la Fondation Goethe (à BâleSuisse) en 1975, remise par René Lenoir, secrétaire d’État français.
    • 1991Prix Balzan pour l’Humanité, la paix et la fraternité des peuples, pour son combat pour les droits de l’homme, la démocratie, la paix, pour la lutte contre les souffrances spirituelles et physiques, et pour la solidarité universelle au travers des communautés Emmaüs.
    • Il est promu Grand officier de la Légion d’honneur en 1992 mais il refuse de la porter jusqu’en 2001 pour protester contre le refus de l’État français d’attribuer des logements vides à des SDF. La question était encore d’actualité pendant la campagne présidentielle 2007 (dont la future loi sur le droit au logement opposable devrait porter son nom, comme avant lui pour Coluche dont il a soutenu la cause avant de célébrer ses obsèques et à qui sera attribué la loi sur les dons aux œuvres caritatives).
    • En décembre 2003, sur la proposition de M. Jean-Paul Carteron, Président du Forum de Crans Montana, il reçoit le prix de la Fondation des mains de S.A.S. le prince héréditaire Albert de Monaco. Il s'agira du seul prix « profane » accepté par l'abbé Pierre dans toute vie. Ainsi qu'il le déclara en recevant la modeste œuvre d'art symbolisant ce prix, « je la mettrai sur la table où tous les jours je dis ma messe ».
    • En janvier 2004, il demande à ne plus figurer dans le palmarès de la presse des personnalités les plus aimées des Français, après de nombreuses années successives où il a été promu dix-sept fois en tête du Top 50 entre 1989 et 200338, afin de « laisser cette place aux jeunes. »
    • 14 juillet 2004 : élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d’honneur par le président de la République, la plus haute distinction officielle française45.
    • Une école à son nom a été baptisée à Nueil-les-Aubiers (Deux-Sèvres) en 1993 et à Hédé en Ille-et-Vilaine le 17 septembre 200546.
    •  26 janvier 2007 : hommage national de la République française, avec la présence officielle du gouvernement aux obsèques47.
    • 22 janvier 2008 : à l'occasion du premier anniversaire de sa mort, une plaque à la mémoire de l'abbé Pierre est symboliquement dévoilée par un compagnon d'Emmaüs et un SDF sur l'immeuble où s'installa l'Association Emmaüs après l'hiver 1954 à Paris.
    • Une plaque fut posée en son honneur sur le mur du Lycée Saint-Marc et inaugurée le samedi 13 décembre 2008 en présence de représentants de la famille Grouès, du Mouvement Emmaüs, de Mgr Barbarin, Jean-Jack Queyranne, Michel Mercier, et de Gérard Collomb. Une célébration eucharistique présidée par le Cardinal Barbarin dans la chapelle du Lycée Saint-Marc suivit l'inauguration.
    • À l'occasion du troisième anniversaire de sa mort, La Poste française émet un timbre-poste au tarif le plus courant à son effigie, le 22 janvier 2010.


Henri Grouès, dit l’abbé Pierre2, né le 5 août 1912 à Lyon et mort le 22 janvier 2007 à Paris, est un prêtre catholique français de l'Ordre des Frères mineurs capucinsrésistant, puis député, fondateur du Mouvement Emmaüs (organisation laïque de lutte contre l'exclusion) comprenant la Fondation Abbé-Pierre pour le logement des défavorisés et de nombreuses autres associations, fondations et entreprises de l'économie sociale, en France et partout dans le monde.


Henri Grouès est né à Lyon (IVe) dans une famille bourgeoise aisée et pieuse de négociants en soie lyonnais, originaire, du côté paternel, du hameau de Fouillouse à Saint-Paul-sur-Ubaye, et de Tarare dans le Rhône du côté maternel. Il est le cinquième de huit enfants. Il a été baptisé à l'église Saint-Eucher, dans le 4e arrondissement de Lyon. Il passe son enfance à Irigny, une commune au Sud-Ouest de Lyon. À 12 ans, il accompagne son père à la confrérie séculaire des Hospitaliers veilleurs, où les bourgeois se font coiffeurs barbiers pour les pauvres.
Élève à l'internat Saint-Joseph (actuel lycée Saint-Marc), il fit partie des scouts de France, dans lesquels il fut totémisé « Castor Méditatif ». En 1928 à 16 ans, après un « coup de foudre avec Dieu » selon ses propres mots, il veut entrer dans les ordres franciscains, cependant il devra attendre d'avoir 17 ans et demi.
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Il est mobilisé comme sous-officier dans le régiment du train des équipages, en décembre 1939, au début de la Seconde Guerre mondiale.
Selon sa biographie officielle issue des archives officielles du Ministère de la Défense Nationale3, « vicaire à la Cathédrale Notre-Dame de Grenoble, il recueille des enfants juifs dont les familles ont été arrêtées lors des rafles des Juifs étrangers en zone Sud, en août 1942 »4.
En novembre 1943 il fait passer en Suisse le plus jeune frère du général de GaulleJacques, ainsi que son épouse qu'il confie au réseau de l'abbé Marius Jolivet, curé de Collonges-sous-Salève5. Il participe à la création de maquis dont il est un des leaders dans le massif du Vercors et le massif de la Chartreuse. C'est à cette époque qu'il rencontre Lucie Coutaz, qui le cache sous un faux nom, et restera sa secrétaire particulière jusqu'à sa mort en 1983. Elle est considérée comme la cofondatrice du Mouvement Emmaüs.
Il aide les réfractaires au Service du travail obligatoire (STO). Il prend le nom d’abbé Pierre dans la clandestinité. En 1944, il est arrêté par l’armée allemande à Cambo-les-Bains, dans les Pyrénées-Atlantiques, mais est relâché et passe en Espagne puis rejoint via Gibraltar le général de Gaulle à Alger en Algérie6. Il devient aumônier de la Marine sur le Jean Bart à Casablanca (Maroc).
Ses actions dans la résistance lui valent la Croix de guerre avec palme à la Libération. De son expérience passée et des drames dont il a été témoin, il doit, comme bien d’autres résistants de tout bord qui l’ont côtoyé, son engagement politique pour restaurer une société digne fondée sur les droits humains fondamentaux, mais aussi sa profonde détermination à agir pour des causes qu’il croit justes, y compris parfois dans l’illégalité, et à mobiliser autour de lui pour faire changer les lois établies et les regards indifférents.
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Il fonde en 1949 le Mouvement Emmaüs (en référence à Emmaüs, village de Palestine apparaissant dans un épisode du dernier chapitre de l'Évangile selon Luc). Ce mouvement est une organisation laïque de lutte contre l'exclusion, présente aujourd'hui dans 36 pays du Monde. Il commence ainsi dès l'été 1949 par fonder la communauté Emmaüs de Neuilly-Plaisance, au 38 avenue Paul Doumer, au départ auberge de jeunesse8.
.La rencontre avec George, désespéré qui a perdu toute raison de vivre, et à qui l'abbé Pierre demande « Viens m'aider à aider » marque cependant le véritable acte fondateur du Mouvement Emmaüs9.
Les communautés Emmaüs se financent par la vente de matériels et d’objets de récupération et construisent des logements10 :
« Emmaüs, c'est un peu la brouette, les pelles et les pioches avant les bannières. Une espèce de carburant social à base de récupération d'hommes broyés11. »
En 1952, il participe au jeu « Quitte ou double » sur Radio Monte Carlo pour alimenter financièrement son combat, où il gagnera 256 000 francs de l'époque.
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le mythe
L’image du grand barbu en soutane, en grosse pèlerine et godillots que lui a un jour offerts un sapeur-pompier, forge vite son statut de « héros légendaire », de « juste » (d'après son testament évoqué par les membres duMouvement Emmaüs, cette pèlerine emblématique reviendra au Musée des pompiers de Paris).
Après l’appel de 1954 et la sortie du film Les Chiffonniers d'Emmaüs consacré à l’abbé Pierre, Roland Barthes a analysé, en 1957, son visage « qui présente clairement tous les signes de l’apostolat : le regard bon, la coupe franciscaine, la barbe missionnaire, tout cela complété par la canadienne du prêtre-ouvrier et la canne du pèlerin. Ainsi sont réunis les chiffres de la légende et ceux de la modernité. »21 Sa coupe, « équilibre neutre entre le cheveu court […] et le cheveu négligé », approche selon le sémiologue l’intemporalité de la sainteté, et l’identifie à saint François d’Assise. La barbe, celle du capucin et du missionnaire, symbolise quant à elle la pauvreté et la vocation apostolique comme pour le père de Foucauld. Son visage évoque donc à la fois la spiritualité de l’homme, le combat de son sacerdoce, et sa liberté vis-à-vis de sa hiérarchie. Pour Pierre Bourdieu, l’abbé est même un prophète, « surgi[ssant] en temps de disette, de crise », « pren[ant] la parole avec véhémence et indignation »22.
Mais Barthes se demande aussi si « la belle et touchante iconographie de l’abbé Pierre n’est pas l’alibi dont une bonne partie de la nation s’autorise, une fois de plus, pour substituer impunément les signes de la charité à la réalité de la justice. » Cette grande popularité en France ne s’est jamais démentie, les enquêtes d’opinion de la presse le plaçant pendant une dizaine d’années (un record inégalé, après avoir succédé au commandantJacques-Yves Cousteau, à peine éclipsé durant un an par une seconde place temporaire imputée à l’affaire Garaudy) en tête des personnalités préférées des Français, comme celles du Journal du Dimanche publiées plusieurs fois par an, jusqu’à ce qu’il demande à en être retiré en début 2004. « C’est à la fois une arme et une croix », dit-il, pour laisser la place des honneurs aux plus jeunes.
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bibliographie
illustration : Sur un mur de Lyon, sa ville

  • 1987 : Bernard Chevalier interroge l’abbé Pierre : Emmaüs ou venger l’homme, avec Bernard Chevalier, Éditions Le Centurion, éd. LGF/Livre de Poche, Paris. - (ISBN 978-2-253-04151-1).
  • 1988 : Cent poèmes contre la misère, éd. Le Cherche-midi, Paris - (ISBN 978-2-86274-141-3).
  • 1993 : Dieu et les hommes, entretien avec Bernard Kouchner, éd. Robert Laffont - (ISBN 978-2-221-07618-7).
  • 1994 : Testament… - (ISBN 978-2-7242-8103-3). Réédition 2005, éd. Bayard/Centurion, Paris - (ISBN 978-2-227-47532-8).
  • 1994 : Une terre et des hommes, éd. Cerf, Paris.
  • 1994 : Absolu, éd. Seuil, Paris.
  • 1996 : Dieu merci, éd. Fayard/Centurion, Paris.
  • 1996 : Le bal des exclus, éd. Fayard, Paris.
  • 1997 : Mémoires d’un croyant, éd. Fayard, Paris.
  • 1999 : Fraternité, éd. Fayard, Paris.
  • 1999 : Paroles, éd. Actes Sud, Paris.
  • 1999 : C’est quoi la mort ?, livre didactique destiné aux enfants, utilisé aussi dans l’apprentissage de la langue française, éd. Albin Michel, Paris. (Cet ouvrage bénéficie aussi de nombreuses traductions et rééditions dans divers pays).
  • 1999 : J’attendrai le plaisir du Bon Dieu : l’intégrale des entretiens d’Edmond Blattchen, éd. Alice, Paris.
  • 2000 : En route vers l’absolu, éd. Flammarion, Paris.
  • 2001 : La Planète des pauvres. Le tour du monde à vélo des communautés Emmaüs, de Louis Harenger, Louis Harenger, Michel Friedman, Emmaüs international, Abbé Pierre, éd. J’ai lu, Paris -(ISBN 978-2-290-30999-5).
  • 2002 : Confessions, éd. Albin Michel, Paris - (ISBN 978-2-226-13051-8).
  • 2002 : Je voulais être marin, missionnaire ou brigand, rédigé avec Denis Lefèvre, éd. Le Cherche-midi, Paris - (ISBN 978-2-7491-0015-9). Réédition en livre de poche, éd. J’ai lu, Paris - (ISBN 978-2-290-34221-3).
  • 2004 : "L’Abbé Pierre", par Bernard Violet, éd. Fayard. Biographie réactualisée en janvier 2007 avec la reproduction intégrale du testament de 114 pages que l’Abbé Pierre avait confié à l’auteur.
  • 2004 : L’Abbé Pierre, la construction d’une légende, par Philippe Falcone, éd. Golias - (ISBN 978-2-914475-49-5).
  • 2004 : L’Abbé Pierre parle aux jeunes, avec Pierre-Roland Saint-Dizier, éd. Du Signe, Paris - (ISBN 978-2-7468-1257-4).
  • 2005 : Le sourire d’un ange, éd. Elytis, Paris.
  • Détails sur le produit 2005 : Mon Dieu... pourquoi ? Petites méditations sur la foi chrétienne et le sens de la vie, recueil où il aborde également des sujets d’actualités comme le célibat des prêtres, l’ordination des femmes, le fanatisme religieux, le désir et le sexe, le mariage homosexuel. Il a été rédigé avec Frédéric Lenoir, éd. Plon - (ISBN 978-2-259-20140-7).
  • 2006 : Servir : Paroles de vie, avec Albine Navarino, éd. Presses du Châtelet, Paris - (ISBN 978-2-84592-186-3).
  • 2006 : l'abbé Pierre: Entretien et portrait par Ariane LarouxPortraits Parlés, éditions de l'Age d'Homme.
  • 2007 : Clandestin, 1942 - 1944, éd. Vollodalen, Collection Citadelle, Paris - (ISBN 978-2-9522069-3-8).Cet ouvrage reprend le texte d'une conférence prononcée par l'abbé Pierre le 23 avril 1945.



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