Dino Buzzati né le 16 octobre 1906 à San Pellegrino di Belluno, dans la région de Vénétie, et décédé d'un cancer le 28 janvier 1972 à Milan, était un journaliste au Corriere della Sera, peintre, et écrivain italien dont l'œuvre la plus célèbre est le roman intitulé Le Désert des Tartares. De son métier de journaliste lui vient l'habitude de chercher des thèmes et des histoires de la vie quotidienne et d'en faire sortir l'aspect insolite, parfois fantastique.
L'œuvre littéraire de Dino Buzzati renvoie pour une part à l'influence de Kafka1 — par l'esprit de dérision et l'expression de l'impuissance humaine face au labyrinthe d'un monde incompréhensible —, mais aussi au surréalisme — comme dans ses contes où la connotation onirique est très forte. Le plus convaincant des rapprochements néanmoins est peut-être à rechercher du côté du courant existentialiste représenté par le Jean-Paul Sartre de La Nausée (1938) et l'Albert Camus de L'Étranger (1942) — pour ne citer que des œuvres majeures contemporaines du Désert des Tartares. Par ailleurs, ce roman, qui a connu un succès mondial, n'est pas sans rapport, dans sa description d'un « présent perpétuel et interminable », avec deux autres grands classiques modernes : Les Choses, de Georges Perec et La Montagne magique, de Thomas Mann.
Une sensibilité judéo-chrétienne empreinte de sympathie pour tous les humbles et les faibles, mais aussi de compassion pour la méchanceté elle-même (non sans révolte pour ses victimes toutefois - voir L'Œuf) s'en dégage très souvent.
Son œuvre picturale oscille entre surréalisme et peinture métaphysique2.
Un amour, publié pour la première fois en 1963, décrit la passion dévorante d'un quinquagénaire pour une jeune prostituée occasionnelle, ainsi que ses tourments savamment entretenus par elle et par leurs connaissances communes. Au terme d'un calvaire, la fin brutale de leur relation fait pourtant place chez lui à une angoisse bien plus grande, qu'il essayait inconsciemment de fuir à travers sa passion et qui est celle de sa mort inéluctable et maintenant proche : on peut croire acheter la jeunesse d'une personne, mais on ne peut pour autant retrouver la sienne. C'est l'un de ses romans aujourd'hui les plus connus, bien qu'ayant été un échec à sa sortie.
Son principal succès reste Le Désert des Tartares (traduit en français en 1949 et porté au cinéma en 1976 : Le Désert des Tartares). Le Désert des Tartares traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, dans le cadre d'une garnison postée dans un vieux fort isolé à la frontière où le lieutenant Drogo attend la gloire dont le privera la vieillesse et la maladie. En effet, après une longue carrière ritualisée par les activités routinières de la garnison du vieux fort Bastiani, il voit se préciser enfin l'attaque des Tartares, dont l'existence semblait de plus en plus mythique. Cependant, évacué pour des raisons médicales, Drogo ne peut participer au combat et se trouve rendu, au seuil de sa mort, à la vacuité pathétique de sa vie.
Ce thème, profondément dépressif, sera remanié dans un de ses derniers écrits moins connus, publié de manière posthume, Le régiment part à l'aube où le héros, ancien militaire, lutte contre la mort jusqu'à l'aube, et fait le bilan de sa vie avant de partir "comme le régiment".
Ce recueil de nouvelles signe l'apothéose d'une œuvre tout entière vouée au mystère de la vie... et de la mort. C'est dans son village natal, près de Belluno, que Dino Buzzati, atteint d'un cancer, va passer les derniers mois de sa vie. Conscient que l'échéance fatale est proche, il écrit une série de textes courts qui marquent l'aboutissement de ses réflexions majeures. La métaphore de la vie militaire vers laquelle il revient dans ce livre et qu'il affectionne (on l'a vu dans son célèbre Désert des Tartares) est le moyen pour le grand écrivain italien de se pencher sur les thèmes du sacrifice, de l'obéissance, de la fatalité, de la grandeur, de la vacuité... Derrière l'apparente retenue, l'impassibilité à la fois inquiétante et ironique de ces récits, l'émotion est tangible. On veut bien croire Buzzati lorsqu'il déclare que son " régiment " est prêt à partir. Cet " avis de départ " d'un voyageur immobile ne peut laisser aucun lecteur indifférent. Car là aussi gît l'insondable condition humaine.
source principale : wikipédia
bibliographie
rongés / tentation de lire...
Romans
- Bàrnabo des montagnes, R. Laffont, 1959 ((it) Bàrnabo delle montagne, Treves-Treccani-Tumminelli, 1933), trad. Michel Breitmanin Bàrnabo des montagnes et le Secret du Bosco Vecchio - dans Barnabo des Montagnes l'idée dominante qui supporte toute l'œuvre de Buzzati : il ne convient pas de distinguer entre l'histoire et le mythe, la réalité et la chimère car tout, peut être, est fiction et l'essentiel est de vivre (puisqu'on a commencé) ; même fictivement.Ainsi après avoir été exclu du corps d'élite des gardes forestiers, Barnabo remontera-t-il vers sa poudrière, veiller sur des explosifs inutiles - voire absents - comme Drogo veille sur le fort Bastiani du Désert des Tartares, car c'est l'absurde seul qui donne un sens à la vie.
- Le Secret du vieux bois, R. Laffont, 1959 ((it) Il segreto del Bosco Vecchio, 1935), trad. Michel Breitmanin Bàrnabo des montagnes et le Secret du Bosco Vecchio
- Le Désert des Tartares, R. Laffont, 1949 ((it) Il deserto dei Tartari, Rizzoli, 1940), trad. Michel ArnaudAdapté au cinéma en 1976 par Valerio Zurlini Le Désert des Tartares - Promu officier, le lieutenant Drogo est affecté au fort Bastiani, isolé dans le désert des Tartares.Il guette un improbable ennemi, et décide de partir dès que possible. Peu à peu, une angoisse sourde l'envahit, le pousse à rester. Un espoir irraisonné lui fait souhaiter l'arrivée des Tartares... Voir sa vie défiler au ralenti, inéluctablement, est insupportable. Pour Drogo, l'absurde de cette condition doit trouver une fin.
- L'Image de pierre, R. Laffont, 1961 ((it) Il grande ritratto, Mondadori, 1960), trad. Michel Breitman -
Lorsque le physicien Ermanno Ismani, professeur d'électronique à l'Université de X., reçoit du ministère de la Défense la proposition de se rendre en grand secret dans une région montagneuse où il devra passer deux ans isolé du reste du monde, il n'en sait pas plus que nous, lecteurs.
C'est en commun et pas à pas que nous découvrirons le mystère que cache cette mission digne des Drogo et Barnabo chers aux lecteurs de l'auteur du Désert des Tartares. - Un Amour, R. Laffont, 1964 ((it) Un amore, Mondadori, 1963), trad. Michel Breitman - Adapté au cinéma en 1976 par Gianni Vernuccio - Si certains critiques ont cru pouvoir trouver dans ce roman, le dernier de Buzzati, des accents autobiographiques, il faut les corriger en observant que cette histoire de l'amour fou qu'éprouve un quinquagénaire distingué mais timide, Antonio Dorigo, pour une jeune putain milanaise, Laïde, a quelque chose d'universel. Car chaque homme mûr ne peut que se reconnaître - en réalité ou en fantasme - dans le personnage de Dorigo, dévoré par la jalousie, tourmenté par celle qui réveille en lui les sentiments les plus extrêmes. Un amour, c'est aussi la description, dans un style haletant derniers feux de la passion. Ce texte peut sembler particu dans l'oeuvre de l'auteur du Désert des Tartares, mais il offre..: pourtant ce trait commun avec les autres livres de Buzzati: la nostalgie de l'absolu. Dès lors, tout lecteur, quels que soient son âge et son sexe, sera touché par cette oeuvre puissante, impressionnante par son extraordinaire véhémence.Journal
- 1965 : En ce moment précis
- Contes
- 1942 : Les Sept Messagers (I sette messageri) (trad. fr. 1969 dans le recueil portant son nom)
- 1945 : La Fameuse Invasion de la Sicile par les ours (La Famosa invasione degli orsi in Sicilia) (trad. fr. 1968)- Tout commence le jour où Tonin, le fils du roi des ours, est enlevé par des chasseurs dons les montagnes de Sicile... Profitant de l'hiver qui menace son peuple de famine, le roi décide d'envahir la plaine où habitent les hommes. Avec l'aide de son armée et d'un magicien, il réussit a vaincre et à retrouver Tonin. Mais il comprend vite que le peuple des ours n'est pas fait pour vivre au pans des hommes...
- 1953 : Sept étages (Sette piani) (trad. fr. 1969 dans le recueil Les Sept Messagers puis dans le recueil Le rêve de l'escalier)
- 1954 : L'Écroulement de la Baliverna (Il Crollo della Baliverna) - Il a suffi d'un livre, Le Désert des Tartares, pour mettre Buzzati au rang des plus grands écrivains. Dans les contes qui composent l'Ecroulement de la Baliverna, la même magie opère. On est pris sous un charme étrange à la limite du plaisir et de l'angoisse. Chacune de ces histoires est un saut périlleux, par-dessus le vide, ou l'escalade d'une face lisse, à pic et sans prises
- Nouvelles
- 1949 : Panique à la Scala (Paura alla Scala), recueil - " La tête pleine de ces questions sans réponses, il parvint place de la Scala. Et, d'un coup, toutes ses idées noires s'envolèrent à la vue du bouillon de culture qui fermentait aux portes du théâtre, des dames qui se hâtaient dans un froufrou de traînes et de longs voiles, des badauds et curieux amassés, de l'encombrement de splendides autos au travers des vitres desquelles on pouvait deviner des rangées de diamants, des corsages immaculés, de belles épaules dénudées. Tandis que se préparait une nuit pleine de menaces, peut-être même de drames, de tragédies, la Scala, impassible, étincelait de toutes les splendeurs de temps révolus. Jamais encore, au cours des récentes saisons lyriques, on n'avait vu une aussi riche affinité entre l'humanité, l'esprit et la matière. Et cette inquiétude qui avait commencé à s'épandre dans toute la ville ne servait ici qu'à exacerber l'animation... "
- 1956 : Le Chien qui a vu Dieu - Que vient faire ce chien errant dans une petite ville italienne ? Pourquoi cinq frères s'évitent-ils soudain ? Qui a composé cette musique révolutionnaire et obsédante? Trois nouvelles aux décors et aux situations sans lien apparent. Pourtant, à la lecture, toujours la même atmosphère inquiétante et mystérieuse. L'auteur du " Désert des Tartares " et du " K ", tout en se plaisant à détourner la banale anecdote vers le fantastique ou l'irréel, sonde ici le genre humain à travers ses passions et ses vanités.
- 1960 : Les Souris
- Vers 1965 : Sessanta racconti, recueil d'une soixantaine de nouvelles, dont furent extraits les recueils en langue française Le K (cf. infra), L'Écroulement de la Baliverna, et Les Sept Messagers3.
- 1966 : Le K, recueil de textes (dont le Veston ensorcelé…) - Lorsque le vieux Stefano rencontre enfin le K, le squale qui doit le dévorer, il découvre que le monstre l'a poursuivi sur toutes les mers du monde, non pour l'avaler mais pour lui remettre la perle merveilleuse « qui donne à celui qui la possède fortune, puissance, amour et paix de l'âme ». Devenu, avec Le désert des Tartares, un classique du XXe siècle, ce récit ouvre un recueil de 50 contes fantastiques où l'on retrouve tous les thèmes poignants et familiers de Dino Buzzati : la fuite des jours, la fatalité de notre condition de mortels, l'angoisse du néant, l'échec de toute vie, le mystère de la souffrance et du mal. Autant d'histoires merveilleuses, tristes ou inquiétantes pour traduire la réalité vécue de ce qui est par nature incommunicable.
- 1966 : Les Sept Messagers, recueil de nouvelles (dont Les Sept Messagers, Sept Étages…) - Depuis que je suis parti explorer le royaume de mon père, Je m'éloigne chaque jour davantage de la ville et les nouvelles qui me parviennent se font de plus en plus rares. Quand j'ai entrepris ce voyage, j'avais à peine trente ans et plus de huit ans se sont écoulés, exactement huit ans six mois et quinze jours d'une route ininterrompue. Au moment du départ, je croyais pouvoir aisément parvenir en quelques semaines aux frontières du royaume, mais je n'ai fait que rencontrer toujours de nouvelles gens et de nouveaux villages et de nouvelles provinces ; Et partout des hommes parlant ma propre langue et se prétendant mes vassaux. Traduit de l'italien par Michel Breitman.
- 1967 : Pauvre petit garçon !, nouvelle et recueil
- 1971 : Les Nuits difficiles, (première partie de Le Notti difficili)-
" Apologues, fantaisies oniriques, fables fantastiques, petits récits de science-fiction ou méditations à coloration métaphysique... ; les genres varient, mais l'inspiration morale reste la même. C'est au même triomphe des limites et de l'absurdité de notre condition que nous assistons... Ses fantasmes et ses névroses, Buzzati les décrit avec l'élégance et le détachement qu'on lui connaît. La sobriété douloureuse de la phrase se fait plus concise, plus sèche. " (Françoise Wagener, Le Monde)
On retrouve dans ces nouvelles l'extraordinaire don de Buzzati, où
l'économie et la précision se mêlent à l'aisance dans le passage du naturel au surnaturel, souvent par le chemin de l'humour. Buzzati y joue, avec une virtuosité presque douloureuse, de ces clairs-obscurs
de la réalité qui, dit-il, " transforment les pauvres apparences du jour en un paradis où il serait beau de sombrer pour toujours " - un paradis qui est celui de " l'imagination survivante ", dans sa lutte contre " un
monde civilisé qui ne la laissera plus jamais en paix ". Ces nouvelles, initialement publiées dans la collection " Pavillons " en deux recueils, sous les titres Les Nuits difficiles et Le Rêve de l'escalier, sont aujourd'hui réunies en un seul volume conforme à l'édition originale italienne, Le Notti difficili. - 1971 : le rêve de l'escalier (deuxième partie de Le Notti difficili)-
Dans l'Epouse ailée, une comtesse mal mariée se voit pousser des ailes, mais les perd dès qu'elle se donne à l'homme qu'elle aime.
Dans Les vieux clandestins, le héros possède des lunettes qui lui mermettent de voir son entourage tel qu'il sera dans trente, quarante ou cinquante ans...
Le Rêve de escalier est un recueil de nouvelles fantastiques qui fait reculer les limites de l'imagination. - 1972 : L'Homme et la Lune, recueil
- Bestiaire magique - Dino Buzzati s'est toujours rangé du côté de l'imaginaire, du merveilleux, du fantastique. Ses textes nous font pénétrer dans un monde en tous points semblable au nôtre mais où pourtant il y a comme une fêlure, infime et dérangeante. C'est par cette fissure que l'auteur nous fait accéder à la dimension mystérieuse du réel, à une méditation sur la fuite du temps, sur la fatalité du destin et sur l'absurdité de la condition humaine. Et, si au centre de l'œuvre de Dino Buzzati se trouve l'Homme, ses angoisses, ses incertitudes, ses peurs, son univers n'en est pas moins peuplé d'animaux qui peuvent l'aider, l'éclairer, le dissuader, mais aussi lui mener la vie dure. Dans ce recueil d'articles parus dans la presse et de nouvelles sur la thématique du bestiaire, les animaux sont devenus les principaux personnages. Un chien devient un homme ("L'arriviste"), un invisible crapaud se transforme en un monstrueux géant ("Le Falstaff de la faune"), un "Tyrannosaurus Rex" s'apprête à écraser une ville... Au fil des textes se dessine ainsi une sorte d'humanité intermédiaire, inférieure par certains côtés et privilégiée par d'autres. Car les animaux enseignent la rédemption à l'homme, en le protégeant contre quelque chose qui pourrait le submerger.
encore des envies de lecture...
je me demande bien pourquoi je n'ai pas plus lu Buzzati !
Collection : Bouquins
Dino Buzzati (1906-1972) figure parmi les grands noms de la littérature italienne et européenne de notre XXe siècle ; il est assurément un des maîtres du fantastique moderne. La vie de Buzzati est tout entière placée sous le signe de l'écriture : il mène de front deux carrières, celle de journaliste au grand quotidien milanais Il Corriere della Sera et celle d'écrivain. Mais ces deux activités ne font qu'une pour lui tant elles se nourrissent l'une de l'autre. Journaliste, écrivain, Buzzati est aussi peintre et dessinateur, illustrateur de certains de ses livres. Cet homme aux talents multiples est l'auteur d'une œuvre littéraire caractérisée elle aussi par la diversité : Dino Buzzati est auteur de romans, de nouvelles, mais aussi de poésies, de contes pour enfants, de nombreuses pièces de théâtre, de livrets d'opéra, d'un singulier roman-bande dessinée... Quelle que soit la forme choisie, Dino Buzzati s'est toujours rangé, délibérément et obstinément, du côté de l'imaginaire, du merveilleux, du fantastique. Ses textes nous font pénétrer dans un monde en tous points semblable au nôtre mais où pourtant il y a comme une fêlure, quelque chose d'infimement mais d'infiniment dérangeant. C'est par cette fissure que l'auteur nous fait accéder à la dimension mystérieuse du réel. Au centre de l'œuvre de Dino Buzzati se trouve l'Homme, ses angoisses, ses incertitudes, ses peurs. Cette méditation sur la fuite du temps, sur la fatalité du destin, sur l'absurdité de la condition humaine, chez Buzzati passe par un art de raconter sans pareil, qui tisse la trame de récits au climat envoûtant.
Ce premier tome de la collection " Bouquins " couvre la production des vingt premières années : du premier roman Bàrnabo des montagnes (1933) à la pièce Un cas intéressant
(1953), adaptée et mise en scène par Albert Camus à Paris, en passant notamment par Le Désert des Tartares.
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