1809 : Edgar Allan Poe, écrivain américain († 7 octobre 1849).
Edgar Allan Poe (Boston, 19 janvier 1809 - Baltimore, 7 octobre 1849) est un poète, romancier, nouvelliste, critique littéraire, dramaturge1 et éditeur américain, ainsi que l'une des principales figures du romantisme américain. Connu surtout pour ses contes — genre dont la brièveté lui permet de mettre en valeur sa théorie de l'effet, suivant laquelle tous les éléments du texte doivent concourir à la réalisation d'un effet unique — il a donné à la nouvelle ses lettres de noblesse et est considéré comme l’inventeur du roman policier. Nombre de ses récits préfigurent les genres de la science-fiction et du fantastique.
Né à Boston, Edgar Allan Poe perd ses parents, David Poe Jr. et Elizabeth Arnold, dans sa petite enfance ; il est recueilli par John et Frances Allan de Richmond, enVirginie, où il passe l’essentiel de ses jeunes années, si l’on excepte un séjour en Angleterre et en Écosse, dans une aisance relative. Après un bref passage à l’Université de Virginie et des tentatives de carrière militaire, Poe quitte les Allan. Sa carrière littéraire débute humblement par la publication anonyme d’un recueil de poèmes intitulés Tamerlan et autres poèmes (1827), signés seulement « par un Bostonien ». Poe s’installe à Baltimore, où il vit auprès de sa famille paternelle et abandonne quelque peu la poésie pour la prose. En juillet 1835, il devient rédacteur-assistant au Southern Literary Messenger de Richmond, où il contribue à augmenter les abonnements et commence à développer son propre style en matière de critique littéraire. La même année, à vingt-sept ans, il épouse sa cousine germaine Virginia Clemm, alors âgée de 13 ans.
Après l’échec de son roman Les Aventures d'Arthur Gordon Pym, Poe réalise son premier recueil d’histoires, les Contes du Grotesque et de l’Arabesque, en 1839. La même année, il devient rédacteur au Burton's Gentleman's Magazine, puis au Graham's Magazine à Philadelphie. C'est à Philadelphie que nombre de ses œuvres parmi les plus connues ont été publiées. Dans cette ville, Poe a également projeté la création de son propre journal, The Penn (plus tard rebaptisé The Stylus), qui ne verra jamais le jour. En février 1844, il déménage à New York, où il travaille au Broadway Journal, un magazine dont il devient finalement l’unique propriétaire.
En janvier 1845, Poe publie Le Corbeau, qui connaît un succès immédiat. Mais, deux ans plus tard, son épouse Virginia meurt de la tuberculose le 30 janvier 1847. Poe envisage de se remarier, mais aucun projet ne se réalisera. Le 7 octobre 1849, Poe meurt à l’âge de 40 ans à Baltimore. Les causes de sa mort n’ont pas pu être déterminées et ont été attribuées diversement à l’alcool, à une drogue, au choléra, à la rage, à une maladie du cœur, à une congestion cérébrale, etc.
L'influence de Poe a été et demeure importante, aux États-Unis comme dans l'ensemble du monde, non seulement sur la littérature, mais également sur d'autres domaines artistiques tels le cinéma2 et la musique, ou encore dans des domaines scientifiques3. Auteur américain, il ne fait pas exception au proverbe qui dit que nul n’est prophète en son pays, car il a d’abord été reconnu et défendu par des auteurs français, Baudelaire et Mallarmé en tête. La critique contemporaine le situe parmi les plus remarquables écrivains de la littérature américaine du xixe siècle.
Il naît le 19 janvier 1809 dans une modeste pension de famille du 62, Carver Street, à Boston, dans le Massachusetts4. Sa mère, Elizabeth Arnold (1787-1811) est la fille de deux acteurs londoniens, Henry (ou William Henry) Arnold et Elizabeth Smith. À la mort de son père, en 1796, elle suit sa mère en Amérique. Arrivée le 3 janvier à Boston à bord de l’Oustram, elle monte sur les planches trois mois plus tard, âgé d'à peine neuf ans. elle rejoint ensuite avec sa mère, qui meurt quelque temps après, une petite troupe de théâtre, les Charleston Players5.
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débuts littéraires difficiles
De retour à Baltimore, chez Maria Clemm, il recherche vainement un emploi. Ses articles et ses contes sont tous refusés. Enfin, il envoie cinq nouvelles au concours du Philadelphia Saturday Courrier, qui promet au gagnant un prix de 100 dollars. Il n'obtient pas le prix, mais ses contes (notamment Metzengerstein) sont publiés, sans son nom, en 1832 par leSaturday Courrier (qui les paie très mal)5.
Ainsi commence sa carrière de journaliste. Dans l'indigence, il mène parallèlement un métier de pigiste nègre et son travail d'écrivain, consacrant ses loisirs et ses maigres revenus à l'éducation de sa petite cousine Virginia. En 1831, il fait paraître chez Elam Bliss à New York Poèmes, seconde édition, dédié au « corps des cadets des États-Unis » et précédé du premier manifeste critique d'Edgar, la Lettre à M… (reprise par la suite sous le titre Lettre à B…), qui bénéficie d'un accueil peu favorable5.
En 1833, le New England refuse de publier son premier recueil : Contes du club de l'In-Folio. En revanche, en octobre, il enlève le 1er prix du concours du Baltimore Saturday Visiteravec le Manuscrit trouvé dans une bouteille, qui lui apporte une certaine notoriété et l'amitié de John P. Kennedy, membre du jury et célèbre romancier. Grâce à ses recommandations, il peut publier ses premiers comptes rendus de critique littéraire au Southern Literary Messenger5.
En août 1835, il est enfin engagé par Thomas W. White comme directeur de la section littéraire du journal. Toutefois, il n'est pas libre : il doit se conformer au programme de la revue, qui soutient la littérature sudiste, et satisfaire l'admiration infantile de T. W. White pour les discours des gentlemen virginiens. La griffe d'Edgar apparaît dans ses nombreux pamphlets contre les romanciers populaires (du Nord) de l'époque. Il s'attaque notamment au best-seller de Theodore Fay, Norman Leslie, coqueluche de New York et des journaux nordistes tels le Knickerbocker, le Commercial Intelligencer ou la North American Review. Son talent de polémiste éclate, et il rénove l'esprit du Southern. Ses opérations médiatiques, comme la série : « Autobiographies pastiches de lettres d'écrivains », font monter le nombre d'abonnés au journal5.
Du point de vue sentimental, il épouse clandestinement Virginia le 22 septembre 1835. Le 16 mai 1836, il l'épouse publiquement, et la jeune fille, qui n'a que 14 ans14, le rejoint à Richmond avec sa mère5,17.
Toutefois, il s'estime, à juste titre, mal payé et ne supporte plus les reproches (sur son supposé alcoolisme, notamment) dont l'accable, en public, T. W. White, pour empêcher son brillant rédacteur de prendre trop d'ascendant et garder le contrôle de son journal. Aussi décide-t-il de quitter le Southern5.
En février 1837, il s'installe à New York, où la New York Review lui a fait une proposition. Mais le journal a cessé de paraître quand il arrive. Mrs Clemm ouvre une pension à Manhattan, où Edgar s'installe avec Virginia. Il y achève Les Aventures d'Arthur Gordon Pym et y révise Les Contes de l'In-Folio5.
écrivain reconnu
En 1838, il se fixe à Philadelphie pour reprendre ses activités régulières de journaliste appointé. Il tente d'y vivre de sa plume, mais ses quelques piges ne le sortent pas de la misère. La même année paraissent Les Aventures d'Arthur Gordon Pym, qui n'ont aucun succès5.
En juin 1839, William Burton offre à Edgar la place de rédacteur en chef adjoint au Burton's Gentleman's Magazine. Il y est encore moins libre qu'au Southern, car il doit servir l'opportunisme de Burton, qui lui a recommandé de faire preuve d'indulgence dans ses comptes rendus critiques. Toutefois, il s'entend bien avec Burton, et leur collaboration permet au Gent's Mag, qui publie La Chute de la maison Usher, Le Diable dans le beffroi et William Wilson, de devenir le mensuel le plus en vue de Philadelphie. En revanche, la publication en volume des Contes du grotesque et de l'arabesque, en 1840, n'obtient qu'un succès d'estime. La même année, Edgar se livre à une critique de Longfellow, auquel il reproche le manque d'unité de ses textes, et inaugure une série de dénonciations de plagiats5.
En janvier 1840, il entreprend la publication en livraisons successives d'un roman de l'Ouest, Le Journal de Julius Rodman, médiocre fiction restée inachevée et pleine d'emprunts aux journaux de voyage contemporains. En juin, il quitte Burton pour fonder le Pen Magazine, revue littéraire dont il serait le seul maître. Il fait circuler des tracts aux plus grandes célébrités littéraires américaines, mais le projet échoue lorsque le commanditaire, George Graham, se retire. En octobre, Graham, qui possède le Saturday Evening Post et le mensuel Casket achète pour 3 500 dollars le Burton's Gentleman's Magazine (qui compte alors 3 500 abonnés) et le rebaptise Graham's Gentleman's Magazine. Dans le premier numéro paraît le conte L'homme des foules5.
En juin 1841, Edgar est engagé comme rédacteur associé par son ami George Graham. Il touche un salaire annuel de 800 dollars. Pour la première fois, il jouit d'une réelle indépendance. La plupart de ses grands articles et l'essentiel de son œuvre critique ont paru dans les pages du Graham's Magazine. C'est également la période la plus heureuse de sa vie. Il poursuit ses attaques contre les « cliques » et les « coteries » de New York et de Boston, qui dictent leur loi aux éditeurs et aux journalistes des grands centres urbains. Le tirage de la revue passe à 25 000 exemplaires, chiffre exceptionnel pour l'époque5.
Un malheur vient cependant frapper sa famille. Un soir de janvier 1842, alors qu'elle chante pour des amis, Virginia est victime d'une hémorragie causée par la rupture d'un vaisseau de la gorge. Elle reste plusieurs mois entre la vie et la mort. Peu après, le 6 mars, Edgar rencontre Charles Dickens, en tournée aux États-Unis, avec lequel il discute de l'instauration d'un copyright international. Dickens lui promet de lui trouver un éditeur en Angleterre. En mai, Edgar quitte le Graham's Magazine, repris par le projet de fonder sa propre revue, baptisée cette fois The Stylus5.
Le 27 septembre, Edgar quitte Richmond en bateau pour Baltimore, où il débarque le lendemain. On perd alors sa trace pendant quatre jours5.
Le 3 octobre 1849, Joseph W. Walker envoie un message au Dr James E. Snodgrass : « Cher Monsieur, — Il y a un monsieur, plutôt dans un mauvais état, au 4e bureau de scrutins de Ryan, qui répond au nom d'Edgar A. Poe, et qui paraît dans une grande détresse et qui dit être connu de vous, et je vous assure qu'il a besoin de votre aide immédiate. Vôtre, en toute hâte, Jos. W. Walker. » L'endroit où Edgar réapparaît, plus connu sous le nom de « Gunner's Hall », était une taverne, qui (comme souvent à l'époque) servait de lieu de vote pendant les élections5.
Le Dr Snodgrass et Henry Herring, l'oncle d'Edgar, viennent chercher l'écrivain, qu'ils présument ivre. D'après les différents témoignages, au lieu de son costume de laine noir, il portait un manteau et un pantalon d'alpaga de coupe médiocre, vieillis et salis, et dont les coutures avaient lâché en plusieurs points, ainsi qu'une paire de chaussures usées aux talons et un vieux chapeau tout déchiré, presque en lambeaux, en feuilles de palmier. La chemise était toute chiffonnée et souillée, et il n'avait ni gilet ni faux-col5.
Conduit au Washington College Hospital, il alterne entre des phases de conscience et d'inconscience. Aux questions qu'on lui pose, il répond par des phrases incohérentes. Son cousin, Neilson Poe, venu lui rendre visite, ne peut le voir. Edgar meurt, officiellement d'une « congestion cérébrale », le dimanche 7 octobre, à 3 h ou 5 h du matin. Il est inhumé dans le cimetière presbytérien de la ville, le Westminster Hall, maintenant intégré à l'école de droit de l'université du Maryland5.
Plusieurs théories ont été émises pour expliquer la mort d'Edgar. On a prétendu, ainsi, qu'il serait mort des suites d'une trop grande consommation d'alcool. D'autres mettent en avant des ennuis de santé. En 1847, il avait été victime d'une longue maladie qui lui aurait causé une lésion au cerveau. De même, en 1848, le Dr John W. Francis aurait diagnostiqué une maladie du cœur, diagnostic qu'Edgar Poe aurait d'ailleurs rejeté. Enfin, dans ses lettres à Maria Clemm, les 7 et 14 juillet, il indique qu'il est malade, parlant d'une amélioration de son état le19. Parmi les maladies qui auraient pu causer sa mort, on a parlé de la tuberculose, de l'épilepsie, du diabète ou de la rage5.
Autre hypothèse mise en avant : il aurait retrouvé des anciens de West Point, qui l'auraient invité à boire. Rentrant seul, dans un état d'ivresse, il aurait été volé et battu par des brutes et aurait erré dans les rues pendant la nuit, avant de sombrer inconscient5.
Cependant, la théorie la plus largement admise est qu'il aurait été victime de la corruption et de la violence, qui sévissaient de manière notoire lors des élections. De fait, la ville était alors en pleine campagne électorale (pour la désignation du shérif, le 4 octobre) et des agents des deux camps parcouraient les rues, d’un bureau de vote à l’autre, pour faire boire aux naïfs un cocktail d’alcool et de narcotiques afin de les traîner ainsi abasourdis au bureau de vote. Pour parfaire le stratagème, on changeait la tenue de la victime, qui pouvait être battue. Le faible cœur d'Edgar Poe n'aurait pas résisté à un tel traitement5.
Poe est enterré lors d'une cérémonie réduite à sa plus simple expression et placé dans une tombe non marquée qui progressivement sera recouverte par les herbes.
En 1860, sa famille se mobilise pour offrir une pierre tombale de marbre blanc au poète négligé de Baltimore portant l'épitaphe : « Hic Tandem Felicis Conduntur Reliquae. Edgar Allan Poe, Obiit Oct. VII 1849 » et sur l'autre face l'inscription : « Jam parce sepulto », mais la pierre est détruite accidentellement avant même sa mise en place.
Grâce à une souscription initiée en 1865 et relayée par les élèves de l'université du Maryland, Poe est réinhumé le 1er octobre 1875 sur un nouvel emplacement, et une véritable cérémonie est organisée sur sa nouvelle tombe le 17 novembre qui mentionne cette fois une date de naissance erronée (20 janvier au lieu du 19). Le nouveau monument n'a aucune épitaphe, même si plusieurs suggestions ont été faites en particulier par Oliver Wendell Holmes. La pierre tombale mentionne seulement les noms et les dates de ses occupants. En 1885, Les restes deVirginia Poe, enterrés en 1847 à New York, ont été apportés à Baltimore et inhumés avec ceux de Poe et de Maria Clemm, désormais réunis. Ce monument sera dégradé par le temps, remplacé par un monument en bronze, lui même volé et remplacé5.
Ce n'est finalement qu'en 1913 qu'une autre pierre commémorative est repositionnée, d'abord au mauvais endroit, puis finalement à l'emplacement originel de la tombe d'Edgar Poe, dans le cimetière presbytérien de Baltimore avec l'épitaphe suivante tirée du poème Le Corbeau: « Quoth the Raven, "Nevermore." » (Le corbeau dit : « Jamais plus ! »)18,19.
Depuis 1949, les admirateurs de Poe se réunissent chaque année sur sa tombe, à l'anniversaire de sa naissance, le 19 janvier.
À l'occasion du bicentenaire de sa naissance, des funérailles solennelles, présidées par John Astin ont été organisées par le Poe House and Museum de Baltimore le 11 octobre 2009, son enterrement n'ayant pas été annoncé publiquement en 1849 et l'assistance autour de son cercueil s'étant alors résumée à dix personnes20.
Chaque mois de janvier de 1949 à 2009, une mystérieuse personne a déposé sur sa tombe trois roses et une bouteille de cognac.
L'ambition d'Edgar Poe était de créer une véritable littérature nationale. En effet, à cette époque, l'influence européenne était prépondérante et la production du vieux continent affluait aux États-Unis dont la littérature — hormis Washington Irving et James Fenimore Cooper — ne brillait guère que par ses histoires d'horreur — l'auteur le plus connu étant alors Charles Brockden Brown — et ses romans sentimentaux. À ce titre, son œuvre de critique littéraire fut marquée par une véritable exigence de qualité, ainsi que la dénonciation des facilités et des plagiats. Longfellow fut la plus illustre de ses victimes ; il ne répondit jamais à ses accusations, encore que ses amis se fissent un plaisir, en réponse, de calomnier Edgar Poe dans les milieux littéraires new-yorkais29.
Edgar Poe a laissé d'importants écrits théoriques, influencés par August Wilhelm Schlegel et Coleridge, qui permet de donner sens à son œuvre. Ses réflexions littéraires renvoient à ses conceptions cosmogoniques. Dans Eureka, il explique que l'univers, à l'origine, était marqué par l'unicité. Il a éclaté par la suite en quelque chose que l'on pourrait rapprocher de la théorie du Big Bang, mais il aspire à retrouver son unité. De même, en littérature, l'unité doit l'emporter sur toute autre considération. D'où la théorie de l'effet unique qu'il développe dans Philosophie de la composition (traduit par Baudelaire sous le titre de Genèse d'un poème): le but de l'art est esthétique, c'est-à-dire l'effet qu'il crée chez le lecteur. Or, cet effet ne peut être maintenu que durant une brève période (le temps nécessaire à la lecture d'un poème lyrique, à l'exécution d'un drame, à l'observation d'un tableau, etc.). Pour lui, si l'épopée a quelque valeur, c'est qu'elle est composée d'une série de petits morceaux, chacun tourné vers un effet unique ou un sentiment, qui « élève l'âme ». Il associe l'aspect esthétique de l'art à l'idéalité pure, affirmant que l'humeur ou le sentiment créé par une œuvre d'art élève l'âme et constitue, de ce fait, une expérience spirituelle. Le poème, le conte, le roman ne doit tendre que vers sa réalisation, et toute digression doit être rejetée. De même, le roman à thèse, où l'intrigue est entrecoupée de dissertations sur tel ou tel sujet, est à proscrire. Adversaire du didactisme, Poe soutient, dans ses critiques littéraires, que l'instruction morale ou éthique appartient à un univers différent du monde de la poésie et de l'art, qui devrait seulement se concentrer sur la production d'une belle œuvre d'art29.
L'univers, dit-il, est un poème de Dieu, c'est-à-dire qu'il est parfait. Mais l'Homme, aveugle aux œuvres de Dieu, ne voit pas cette perfection. C'est au poète, qui a l'intuition de cette perfection, grâce à son imagination créatrice, de la faire connaître à l'humanité. Mais certains poètes mégalomanes, guidés par ce que les Grecs anciens appelaient hubris, au lieu d'admettre l'impossibilité de l'imitation parfaite de l'intrigue de Dieu par l'Homme, prétendent se livrer à une concurrence sacrilège. Marqués non par l'imagination créatrice, mais par la fancy — une fantaisie délirante créant l'erreur, l'illusion —, ils ne voient pas la perfection de la création divine ; leur esprit aveuglé interprète le monde en fonction de leur cœur, de leur propre tourment intérieur ; ils sont voués au néant par leur ambition prométhéenne. Dans la première catégorie, on peut citer le chevalier Auguste Dupin (Double assassinat dans la Rue Morgue, Le Mystère de Marie Roget et La Lettre volée), William Legrand (Le Scarabée d'or) ou le baron Ritzner von Jung (Mystification). De même, dans certains contes, l'illusion est révélée par un parent au narrateur fiévreux qui a fui une épidémie de choléra dans Le Sphinx, par des lunettes qu'on offre au narrateur myope dans Les Lunettes, par la révélation des causes psychosomatiques de la sorte de catalepsie dont souffre le narrateur dans L'Enterrement prématuré. Dans la seconde catégorie, la figure la plus marquante est Roderick Usher, dont l'influence néfaste « contamine » le regard du narrateur et lui fait voir comme surnaturels des phénomènes qui ont, en fait, une explication rationnelle (Poe disséminant adroitement les indices de cette explication dans le texte)29.
Dans La Lettre volée (en anglais, The Purloined Letter), Edgar Poe imagine une intrigue où un certain « D. » (peut-être un frère du héros, le chevalier Auguste Dupin, comme semble l'indiquer la citation de la tragédie Atrée et Thyeste deCrébillon père : « Un destin si funeste, / S'il n'est digne d'Atrée, est digne de Thyeste. ») vole à une dame de qualité unelettre compromettante. Pour la cacher aux policiers, qui surveillent ses allers-retours et fouillent son hôtel pendant son absence, il la met bien en évidence dans un tableau accroché au mur. L'aveuglement des policiers, à l'esprit médiocre, renvoie à l'aveuglement des hommes, incapables de saisir la perfection de l'intrigue de Dieu. Quant à « D. », Poe le décrit comme dominé par la fancy, au contraire du chevalier Dupin, qui finit par l'emporter, grâce à son imagination créatrice29.
La narration, chez Poe, est marquée par la polysémie, dont témoignent les nombreux jeux de mot, dans les textes tragiques comme dans les textes comiques. Le narrateur, qui se signale le plus souvent par des lectures néfastes (littérature fantastique à l'allemande, romans gothiques, ésotérisme, métaphysique), décrit une histoire déformée par safancy, il ne maîtrise pas son écriture, dans laquelle plusieurs indices permettent d'appréhender la réalité sous-jacente29.
Nombre d'histoires d'Edgar Poe, principalement celles qui devaient figurer dans les Contes de l'In-Folio, qu'elles relèvent du tragique ou du comique, appartiennent au registre de la parodie. Son but est de démontrer l'inconsistance des fausses gloires de son temps, dont seuls quelques-uns ont échappé à l'oubli. Ainsi, Metzengerstein imite les horreurs inventées dans les romans gothiques, comme Le Château d'Otrante d'Horace Walpole ou Les Élixirs du diable d'Ernst Theodor Amadeus Hoffmann. L'histoire repose sur la croyance en la métempsycose, pour laquelle Edgar Poe a toujours manifesté un profond mépris et qui relevait pour lui de l'aliénation mentale. Dans Le Duc de l'Omelette, il se moque des maniérismes et du style affecté de Nathaniel Parker Willis. Dans Un événement à Jérusalem, qui reprend un roman deHorace Smith, Zilhah, a Tale of the Holy City (1829), il ridiculise l'orientalisme des romantiques. Quant à Manuscrit trouvé dans une bouteille, il représente un pastiche des récits de voyage. De même, des contes comme Béréniceraillent les outrances auxquelles se livraient les revues de l'époque. Le Roi Peste, de son côté, démonte les mécanismes du roman Vivian Grey (1826), récit plein de fantaisie débridée à travers lequel, non sans incongruité,Benjamin Disraeli entendait dénoncer l'ivrognerie. De même, dans Comment écrire un article à la « Blackwood » et A Predicament, la satire dénonce l'absurdité des contes à sensation, qui faisaient la fortune duBlackwood's Magazine, très célèbre revue d'Édimbourg. Quant à l'héroïne, Psyché Zenobia, c'est une femme de lettres américaine, un « bas-bleu », Margaret Fuller, dont les sympathies pour les transcendantalistessuffisaient à énerver Poe29.
Plus largement, quand l'actualité ne venait pas lui fournir un sujet, il puisait assez souvent dans ses nombreuses lectures (que favorisait son travail de critique littéraire) pour concevoir et construire ses œuvres de fiction. Ainsi, Hop Frog est inspiré de l'accident advenu à Charles VI lors du bal des ardents, tel que l'a décrit Jean Froissart dans ses Chroniques. De même, William Wilson est directement inspiré de la trame d'un poème dramatique que Byron aurait eu l'intention d'écrire, dont Washington Irving avait révélé le contenu dans The Gift en 1836. Nathaniel Hawthorne s'était lui-même servi de ce matériau pour rédiger Howe's Masquerade29. Il s'est également inspiré, pour sa nouvelle La Barrique d'amontillado, de La Grande Bretèche d'Honoré de Balzac31.
Il pouvait aussi faire appel, comme tout écrivain, à son expérience personnelle. Ainsi, Un matin sur le Wissahicon relate au départ une promenade qu'il avait faite à Mom Rinker's Rock et la rencontre d'un daim apprivoisé, même s'il s'éloigne vite de la simple transcription de souvenirs pour se livrer à une contemplation émerveillée de la nature et à une réflexion sur l'altération des paysages créée par la présence humaine, et plus largement sur les rapports entre l'industrie humaine et la beauté (sa description perdant tout réalisme pour basculer dans l'onirisme et offrir un coup d'œil éphémère sur une vision céleste)29.
Edgar Poe est un auteur prolifique, qui laisse deux romans, de nombreux contes et poèmes, outre ses essais, ses critiques littéraires et son abondante correspondance. Une partie importante de ses contes et poèmes ont été traduits en français32 par Charles Baudelaire et Stéphane Mallarmé. D'une très grande qualité littéraire, ces traductions comportent cependant quelques erreurs et libertés par rapport à l'original, parfois graves pour la compréhension de la pensée de Poe33,34,35. Si les poèmes ont pu faire l'objet de retraductions, le rôle joué par Baudelaire dans la célébrité de Poe en Europe empêche tout travail en ce sens, et seuls les textes qu'il a laissé de côté ont fait l'objet de traductions plus récentes. On trouve plusieurs contes et poèmes de Poe en accès libre sur le web.
Pendant longtemps, l'image d'Edgar Poe fut tronquée ; elle l'est encore dans une partie importante du public36. Poe fut victime d'unpasteur baptiste bien-pensant, par ailleurs littérateur jaloux, Rufus Griswold (1815-1857) — le « pédagogue vampire », selon le mot de Baudelaire —, qui s'acharna à détruire son image37. Le 9 octobre 1849, déjà, il écrivait dans le New York Tribune : « Edgar Poe est mort. Il est mort à Baltimore avant-hier. Ce faire-part étonnera beaucoup de personnes, mais peu en seront attristées. (…) L'art littéraire a perdu une de ses plus brillantes et de ses plus bizarres célébrités29. » Par la suite, chargé avec James Russell Lowell etNathaniel Parker Willis d'assurer l'édition des Œuvres posthumes de Poe38, il rédigea une notice biographique parue en tête du troisième tome, « chef d'œuvre d'ambiguïtés suggestives, de faux vraisemblables, de mensonges masqués, d'imaginations superbement jouées » selon Claude Richard. Il prétendit ainsi qu'il était alcoolique, mélancolique, c'est-à-dire victime d'un déséquilibre mental, et que c'était un personnage sinistre qui avait des « éclairs de génie ». Les légendes qu'il forgea eurent longtemps seules droit de cité, malgré les protestations des amis de Poe (Sarah Helen Whitman, John Neal, George Rex Graham, George W. Peck, Mrs Nichols ou Mrs Weiss)39. C'est grâce aux travaux de John Henry Ingram (1880)40, James A. Harrison (1902)41 et Arthur Hobson Quinn (1941)42 que la vérité sur le travail de l'écrivain fut rétablie, avec l'édition, en 1902, des œuvres complètes de Poe, dite Virginia Édition, qui comporte dix-sept volumes29,43.
En France même, où ses œuvres ont connu très tôt un large écho, grâce essentiellement aux efforts de Charles Baudelaire, nombre d'études témoignent d'une méconnaissance assez large du poète américain. Une part des légendes qui se colportent ont d'ailleurs été transmises par Baudelaire, lui-même, qui s'est reconnu dans cette image de l'écrivain hanté et misérable et l'a présenté avec trop d'insistance comme le parangon des poètes maudits44 et sulfureux. Même s'il dénonce largement les légendes colportées par Rufus Griswold (parmi lesquelles celle de l'alcoolisme de Poe), rappelant que, selon plusieurs témoins, il ne buvait généralement que fort peu, il décrit ce supposé alcoolisme comme « un moyen mnémonique, une méthode de travail »45. De même, il lui attribue ses propres penchants pour la drogue29.
Plus tard, en 1933, Marie Bonaparte se livra à une importante étude psychanalytique, qui est fréquemment citée parmi les grandes critiques de Poe et de son œuvre, et qui a eu une grande influence sur la réception de l'œuvre de Poe, ne serait-ce qu'en raison de son analyse des textes de Poe suivant le prisme de la psychanalyse freudienne. Cela dit, plusieurs critiques considèrent son ouvrage comme assez contestable dans sa manière de reproduire et d'amplifier certaines légendes véhiculées par Griswold. Par exemple, elle affirme qu'Edgar Poe aurait aperçu, dans sa petite enfance, ses parents faisant l'amour, déduisant de cet événement des complexes dont témoigneraient, selon elle, ses textes. Influencée par les légendes répétées à l'envi depuis Griswold, qui présentent Poe comme un être neurasthénique, alcoolique, drogué, marqué par la fatalité46, elle fait partie des analystes qui considèrent que Poe a écrit une œuvre largement autobiographique, transcrivant sur le papier ses propres terreurs47. Pour ce faire, si elle corrige certaines erreurs de la traduction de Baudelaire48, elle se livre elle-même à certaines déformations, pour justifier son propos. Ainsi, la phrase : « Si dans maintes de mes productions, la terreur a été le thème, je soutiens que cette terreur n'est pas d'Allemagne, mais de l'âme — que j'ai déduit cette terreur de ses seules sources légitimes et ne l'ai poussée qu'à ses seuls résultats légitimes.», tirée de la préface desContes du grotesque et de l'arabesque, devient, sous sa plume : « Si dans maintes de mes productions, la terreur a été le thème, je soutiens que cette terreur n'est pas d'Allemagne, mais de mon âme ». Pour ces critiques, cette lecture ignore pour une part le travail de l'écrivain et méconnaît la pensée de Poe, que l'auteur prétend qualifier de « nécrophile en partie refoulé en partie sublimé »49,50,51. Ainsi, selon le psychanalyste Édouard Pichon, « les études des psychanalystes sur les artistes, représentées surtout, en France, par celles de Laforgue sur Baudelaire et deMarie Bonaparte sur Edgard Poë, contiennent maints éléments intéressants, mais Freud a le bon sens d'écrire que la psychanalyse "ne peut rien nous dire de relatif à l'élucidation artistique"52 ». Par ailleurs, et dans une perspective très différente de celle d'une Marie Bonaparte ou d'un René Laforgue, Jacques Lacan a également livré un commentaire psychanalytique de la nouvelle intitulée La Lettre volée48.
source principale : wikipédia
- Les Aventures d'Arthur Gordon Pym (The Narrative of Arthur Gordon Pym of Nantucket, (deux livraisons, Southern Literary Messenger, janvier-février 1837 ; en volume, juillet 1838)
- Le Journal de Julius Rodman (The Journal of Julius Rodman, six livraisons, Philadelphie, Burton's Gentleman's Magazine, janvier-juin 1840), inachevé
contes
- Metzengerstein (Philadelphie, Philadelphia Saturday Courier, 14 janvier 1832)
- Le Duc de l'Omelette (The Duc De L'Omelette, Philadelphie, Philadelphia Saturday Courier, 3 mars 1832)
- Un événement à Jérusalem (A Tale of Jerusalem, Philadelphie, Philadelphia Saturday Courier, 9 juin 1832)
- Perte d'haleine (Loss of Breath, Philadelphie, Philadelphia Saturday Courier, 10 novembre 1832)
- Bon-Bon (Philadelphie, Philadelphia Saturday Courier, 1er décembre 1832)
- Manuscrit trouvé dans une bouteille (MS. Found in a Bottle, Baltimore, Baltimore Saturday Visiter, 19 octobre 1833)
- Le Rendez-vous (The Assignation, Richmond, Godey's Lady's Book, janvier 1834)
- Bérénice (Berenice, Richmond, Southern Literary Messenger, mars 1835)
- Morella (Richmond, Southern Literary Messenger, avril 1835)
- Lionnerie (Lionizing, Richmond, Southern Literary Messenger, mai 1835)
- Aventure sans pareille d'un certain Hans Pfaall (The Unparalleled Adventure of One Hans Pfaall, Richmond, Southern Literary Messenger, juin 1835)
- Le Roi Peste (King Pest, Richmond, Southern Literary Messenger, septembre 1835)
- Ombre (Shadow - A Parable, Richmond, Southern Literary Messenger, septembre 1835)
- Quatre bêtes en une (Four Beasts in One - The Homo-Cameleopard, Richmond, Southern Literary Messenger, mars 1836)
- Mystification (American Monthly Magazine, juin 1837)
- Silence (Silence - A Fable, Baltimore, Baltimore Book, automne 1837)
- Ligeia (Baltimore American Museum, septembre 1838)
- Comment écrire un article à la « Blackwood » (How to Write A Blackwood Article, Baltimore, Baltimore American Museum, novembre 1838)
- Une position scabreuse (A Predicament, Baltimore, Baltimore American Museum, novembre 1838)
- Le Diable dans le beffroi (The Devil in the Belfry, Philadelphie, Saturday Chronicle and Mirror of the Times, 18 mai 1839)
- L'Homme qui était refait (The Man That Was Used Up, Philadelphie, Burton's Gentleman's Magazine, août 1839)
- La Chute de la maison Usher (The Fall of the House of Usher, Philadelphie, Burton's Gentleman's Magazine, septembre 1839)
- William Wilson (Philadelphie, The Gift: A Christmas and New Year's Present for 1840, octobre 1839)
- Conversation d'Eiros avec Charmion (The Conversation of Eiros and Charmion, Philadelphie, Burton's Gentleman's Magazine, décembre 1839)
- L'Homme d'affaires (The Business Man, Philadelphie, Burton's Gentleman's Magazine, février 1840)
- Philosophie de l'ameublement (Philadelphie, mai 1840)
- Pourquoi le petit Français porte-t-il le bras en écharpe? (Why the Little Frenchman Wears His Hand in a Sling, Philadelphie, Tales of the Grotesque and Arabesque, 1840)
- Préface des Contes du Grotesque et de l'Arabesque (Philadelphie, 1840)
- L'Homme des foules (The Man of the Crowd, Philadelphie, Graham's Magazine, décembre 1840)
- Double Assassinat dans la rue Morgue (The Murders in the Rue Morgue, Philadelphie, Graham's Magazine, avril 1841)- Marie Roget ? Oh ! une jeune fille bien sage ! Comment ? Sauvagement assassinée, dites-vous ? Mais par qui et pourquoi ? Et Mme L'Espanaye et sa fille, la discrétion même ! Jamais une histoire... jusqu'à ce qu'elles soient retrouvées mutilées par un atroce meurtrier. Quelle terrifiante idée ! On a tenté de cacher le pauvre corps de Mlle L'Espanaye dans le conduit d'une cheminée. Comment un être humain peut-il brusquement devenir une bête sanguinaire ? Pour seuls indices : cris, ombres et vêtements tachés de sang. Des meurtres qui vont donner du fil à retordre à M. Dupin et à son compagnon ! Edgar Allan Poe nous entraîne dans des enquêtes à faire pâlir d'horreur. Un conseil, ce soir, n'éteignez pas la lumière... on ne sait jamais
- Une descente dans le Maelstrom (A Descent into the Maelström, Philadelphie, Graham's Magazine, mai 1841)
- L'Île de la fée (The Island of the Fay, Philadelphie, Graham's Magazine, juin 1841)
- Colloque entre Monos et Una (The Colloquy of Monos and Una, Philadelphie, Graham's Magazine, août 1841)
- Ne pariez jamais votre tête au diable (Never Bet the Devil Your Head, Philadelphie, Graham's Magazine, septembre 1841)
- Éléonora (Eleonora, Philadelphie, The Gift for 1842, 4 septembre 1841)
- La Semaine des trois dimanches (Three Sundays in a Week, Saturday Evening Post, 27 novembre 1841)
- Le Portrait ovale (The Oval Portrait, Philadelphie, Graham's Magazine, avril 1842)
- Le Masque de la Mort Rouge (The Masque of the Red Death, Philadelphie, Graham's Magazine, mai 1842)
- Le Jardin paysage (The Landscape Garden, Snowden's Ladies' Companion, octobre 1842), texte fondu plus tard dans Le Domaine d'Arnheim
- Le Mystère de Marie Roget (The Mystery of Marie Roget, Snowden's Ladies' Companion, novembre et décembre 1842, février 1843)
- Le Puits et le Pendule (The Pit and the Pendulum, The Gift: A Christmas and New Year's Present, 1843)
- Le Cœur révélateur (The Tell-Tale Heart, The Pioneer, janvier 1843)
- Le Scarabée d'or (The Gold-Bug, Philadelphie, Dollar Newspaper, 21 et 28 juin 1843)- Six énigmes extraordinaires où l'étonnante capacité d'intuition du détective Auguste Dupin est mise à l'épreuve. Des meurtres violents de Double assassinat de la rue Morgue et de La lettre volée au cryptogramme mystérieux dans Le scarabée d'or, l'étrange et le suspense se côtoient dans ces étonnantes histoires.
- Le Chat noir (The Black Cat, Philadelphie, United States Saturday Post, 19 août 1843)
- De l'escroquerie considérée comme l'une des sciences exactes (Diddling, intitulé à l'origine : Raising the Wind; or, Diddling Considered as One of the Exact Sciences, Philadelphie, Philadelphia Saturday Courier,14 octobre 1843)
- Un matin sur le Wissahicon (Morning on the Wissahiccon, The Opal, automne 1843)
- Les Lunettes (The Spectacles, Dollar Newspaper, 27 mars 1844)
- Le Canard au ballon (New York, 13 avril 1844)
- Souvenirs de M. Auguste Bedloe (A Tale of the Ragged Mountains, Godey's Lady's Book, avril 1844)
- L'Enterrement prématuré (The Premature Burial, Dollar Newspaper, 31 juillet 1844)
- Révélation Magnétique (Mesmeric Revelation, Columbian Magazine, août 1844)
- La Caisse oblongue (The Oblong Box, Godey's Lady's Book, septembre 1844)
- L'Ange du bizarre (The Angel of the Odd, Columbian Magazine, octobre 1844)
- La Lettre volée (The Purloined Letter, The Gift: A Christmas and New Year's Present, automne 1844)
- C'est toi l'homme !, d'abord traduit sous le titre: Ecce homo (Thou Art the Man, Godey's Lady's Book, novembre 1844)
- La Vie littéraire de Monsieur Thingum bob, ancien rédacteur en chef de « L'Oie soiffarde » (The Literary Life of Thingum Bob, Esq., Richmond, Southern Literary Messenger, décembre 1844)
- Le Mille Deuxième Conte de Schéhérazade (The Thousand-and-Second Tale of Scheherazade, Godey's Lady's Book, février 1845)
- Petite Discussion avec une momie (Some Words with a Mummy, The American Review, avril 1845)
- Puissance de la parole (The Power of Words, Democratic Review, juin 1845)
- Le Démon de la perversité (The Imp of the Perverse, Philadelphie, Graham's Magazine, juillet 1845)
- Le Système du docteur Goudron et du professeur Plume (The System of Doctor Tarr and Professor Fether, Philadelphie, Graham's Magazine, novembre 1845)
- La Vérité sur le cas de M. Valdemar (The Facts in the Case of M. Valdemar, The American Review, décembre 1845)
- Le Sphinx (The Sphinx, Arthur's Ladies Magazine, janvier 1846)
- La Barrique d'amontillado (The Cask of Amontillado, Godey's Lady's Book, novembre 1846)
- Le Domaine d'Arnheim (The Domain of Arnheim, Columbian Lady's and Gentleman's Magazine, mars 1847)
- Mellonta Tauta (Flag of Our Union, février 1849)
- Hop-Frog (Flag of Our Union, 17 mars 1849)
- Von Kempelen et sa découverte (Von Kempelen and His Discovery, Flag of Our Union, 14 avril 1849)
- Un Entrefilet aux X (X-ing a Paragrab, Flag of Our Union, 12 mai 1849)
- Le Cottage Landor (Landor's Cottage, Flag of Our Union, 9 juin 1849)
- Introduction du recueil Le Club de l'In-Folio (1850, posthume)
- Le Phare (The Light-House, Londres, Notes and Queries 25 avril 1942, manuscrit incomplet)
- Histoires extraordinaires, Paris, Michel Lévy frères, 1856. - Ce volume contient :- Edgar Poe, sa vie et ses oeuvres - Double Assassinat dans la rue Morgue - La Lettre volée - Le Scarabée d'or - Le Canard au ballon - Aventure sans pareille d'un certain Hans Pfaall - Manuscrit trouvé dans une bouteille - Une descente dans le Maelstrom - La Vérité sur le cas de M. Valdemar - Révélation magnétique - Souvenirs de M. Auguste Bedloe - Morella - Ligeia - Metzengerstein
- Nouvelles Histoires extraordinaires, Paris, Michel Lévy frères, 1857. - L'homme est lui-même et ce qu'il se cache. Ce secret hanta Edgar Poe. Le descendant de la maison Usher qui croit sa soeur morte, l'assassin du chat noir et William Wilson sont victimes de leur double, le cousin de Bérénice l'est de sa névrose obsessionnelle, le peintre du portrait ovale, de son art. Dans ces nouvelles fantastiques, prolongement des Histoires extraordinaires, les cadavres se promènent, un sourire ironique aux lèvres, les femmes sont « belles comme un rêve de pierre », et la mort clôt chaque récit. L'envoûtement est total, l'horreur atteint son point culminant et pourtant la réalité est là, tangible, pour chasser l'irrationnel. Fasciné par cette oeuvre américaine, Baudelaire l'a traduite admirablement et rendue célèbre dans le monde entier.
- Les Aventures d'Arthur Gordon Pym (roman), Paris, Michel Lévy frères, 1858. - Un jeune Américain de seize ans, Arthur Gordon Pym, se lie d'amitié avec Auguste Barnard, fils d'un capitaine de navire, et tous les deux prennent l'habitude de s'embarquer pour de folles équipées sur un canot à voile. Un soir, tandis qu'ils sont couchés, nais non dégrisés de l'alcool qu'ils ont bu, Auguste décide que l'on ne peut dormir quand souffle une si belle brise, et, cette nuit-là, le canot heurte un baleinier. Bien d'autres aventures suivront, plus lointaines et envoûtantes. Ce roman publié en 1838 est présenté par Pym lui-même comme sa propre histoire qu'Edgar Poe raconte en son nom, à la première personne et, très vite, autre marque d'authenticité, le récit fait place à une sorte de journal de bord. Mais ces effets de réel n'atténuent rien de l'étrangeté des événements et des lieux où se trouve entraîné le lecteur : tout au contraire, le fascinant pouvoir du livre tient à la profondeur de cet imaginaire donné pour réel, et Borges, non sans raison, considérait ces Aventures comme le chef-d'œuvre de l'auteur.
- Histoires grotesques et sérieuses, Paris, Michel Lévy frères, 1865. -
Ce volume contient :- Le mystère de marie roget - Le joueur d'échecs de maelzel - Eléonora - Un événement a Jérusalem - L'ange du bizarre - Le système du docteur goudron et du professeur plume - Le domaine d'arnheim - Le cottage Landor - La philosophie de l'ameublement - La genèse d'un poème
- Le Corbeau, Paris, R. Lesclide, 1875.
- Les Poèmes d'Edgar Poe, Bruxelles, Deman, 1888 ; Paris, Léon Vanier, 1889.
souvenir de lecture et envie de relire...
ça tombe bien, j'en ai trouvé toute une série chez mon bouquiniste...
bien envie de faire de 2012 une année fantastique... commencée par Maupassant et se terminant sur Poe...
illustration : guilma38.skyrock.com
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