Pierre Loti, né Louis Marie Julien Viaud, le 14 janvier 1850 à Rochefort et mort le 10 juin 1923 à Hendaye, est un écrivain français qui a mené parallèlement une carrière d'officier de marine. Il a été enterré sur l'île d'Oléron après des funérailles nationales. Sa maison à Rochefort est devenue un musée.
Pierre Loti dont une grande partie de l'œuvre est autobiographique s'est inspiré de ses voyages de marin pour écrire ses romans, par exemple à Tahiti pour Le Mariage de Loti (Rarahu) (1882), au Sénégal pour Le Roman d’un spahi (1881) ou au Japon pour Madame Chrysanthème (1887). Il a gardé toute sa vie une attirance très forte pour la Turquie, où le fascinait la place faite à la sensualité, en particulier à la sensualité féminine : il l'illustre notamment dans Aziyadé (1879), et sa suite Fantôme d’Orient (1892).
Pierre Loti a également exploité l'exotisme régional dans certaines de ses œuvres les plus connues, comme celui de la Bretagne dans Mon frère Yves (1883) ouPêcheur d'Islande (1886), et du Pays basque dans Ramuntcho (1897).
En 1870, année du décès de son père, il embarque comme aspirant de première classe et participe sur une corvette de la marine, le Decrès, à la guerre contre l'Allemagne.
Il sert sur le Vaudreuil pour une campagne en Amérique du Sud.
À la fin de l'année 1871, il embarque à Valparaiso sur le vaisseau amiral la Flore 3 qui fait route vers Tahiti. Il découvre l'île de Pâques, où la Flore fait escale, et débarque à Tahiti. La reine Pomaré lui donne le surnom de Loti, du nom d'une fleur tropicale. Tenu à une obligation de réserve du fait de sa qualité d'officier de marine, il n'en fait son nom de plume qu'à partir de 1876. Pendant son séjour, il écrit Le Mariage de Loti. Cet ouvrage constitue le livret de l'opéra de jeunesse de Reynaldo Hahn (1874/1947) sous le titre de L'Île du rêve créé en 1898 à l'Opéra-Comique à Paris4.
À la fin de l'année 1872, il rentre en France avec la Flore et le grade d'enseigne de vaisseau5.
En juillet 1873, il sert sur le Pétrel sur les cotes de l'Afrique occidentale française. Au début de l'année 1874 il est détaché sur l'Espadon6 et rentre en France à son bord en août 1874.
À sa demande, il passe six mois à l'école de gymnastique de Joinville (dernier trimestre 1874, premier trimestre 1875).
Au printemps 1875, il est nommé sur le croiseur la Couronne.
En 1877, lors d'un séjour en Turquie, il rencontre Hatice (lire Hatidjé)7, belle et taciturne odalisque aux yeux verts, avec laquelle il vivra une immense passion. Hatice était une jeune Circassienne qui appartenait au harem d'un dignitaire turc. Ils vécurent une très grande histoire d'amour. Avant le départ de Loti, Hatice confectionna une bague en utilisant ses propres bijoux et l'offrit à son amant. Sur la base de son journal, en 1879, il écrit Aziyadé, où il transforme certains détails, le livre se terminant par la mort des deux amants.
Plus tard, lorsque Pierre Loti put revenir à Constantinople, il se lança à la recherche de sa bien-aimée, mais découvrit qu'elle était morte suite à son chagrin et à l'ostracisme occasionné par son adultère. En 1892, il écrit Fantôme d'Orient, extrait du journal de ce retour qu'il lui dédiera.
Certaines critiques (comme Roland Barthes), évoquant la possible homosexualité de Pierre Loti, expliquent que le personnage d'Aziyadé serait en réalité un jeune homme, comme pour Marcel Proust décrivant les jeunes filles en fleur, qui étaient en réalité de jeunes hommes cachés sous des pseudonymes féminins. En tout état de cause, Pierre Loti recherchait à travers les femmes exotiques une certaine pureté primitive capable de régénérer le monde occidental (Aziyadé (1879), et sa suite Fantôme d’Orient (1892)).
En 1881, il est promu lieutenant de vaisseau et publie son premier roman signé "Pierre Loti", Le Roman d’un spahi.
En mai 1883, il embarque sur l'Atalante pour participer à la campagne du Tonkin et publie le récit, heure par heure, de la prise de Hué dans Trois Journées de guerre en Annam, texte qui paraît dans les colonnes du Figaro. Loti est alors mis en disponibilité par le gouvernement de Jules Ferry qui lui reproche de dénoncer la férocité et la cruauté dont font preuve les soldats français. Le 28 avril, Julien Viaud embarque sur le Château-Yquem à destination des Pescadores, qu'il quittera le 5 juillet.
L'homosexualité était une des préoccupations de Pierre Loti. Lui-même aurait éprouvé une vive affection pour un de ses camarades de l'École navale, ce qui aurait provoqué une grande irritation de son père. Les frères Goncourt (Journal, Flammarion, 1959, t. 4, p. 227) évoquent Loti en disant de lui : « Cet auteur, dont l'amante, dans son premier roman, (Aziyadé), est un monsieur... » (voir ci-dessus). Louis Godbout, dans Ébauches et débauches (Montréal 2002) fournit d'autres exemples. Dans Mon frère Yves Pierre Loti décrit l'amitié pure entre Yves Kermadec et l'officier, mais évoque les pratiques homosexuelles de personnages secondaires. La presse de l'époque ne s'y trompait pas. Un journal satirique, Le Rire, publiait un dessin montrant une dame du monde disant à un ami : « Vous venez dîner, n'est-ce pas ? Nous avons Loti et son nouveau frère Yves ». Analysant leJournal intime (Les Indes savantes, 2006), Nicolas Bauche souligne « un désir de cacher ses amitiés masculines avec Joseph Bernard et Pierre Le Cor, au profit de pages versant dans une hétérosexualité franche »9.
Quand Dumas fils faisait valoir à l'Académie les titres littéraires de Loti, le vieux Legouvé fit observer que celui-ci n'avait pas bonne réputation, et après avoir hésité, il précisa, en disant qu'il aimait les hommes. « Nommons-le d'abord, répondit Dumas, ensuite nous verrons bien ». Bourget ne croit pas la mauvaise réputation de Loti justifiée. Certains esprits raffinés fréquentent des esprits les plus simples. D'où le penchant de Loti pour des matelots. Il nous assurait que Loti était très ennuyé de vieillir et comme quelqu'un le félicitait d'être jeune (...), Loti lui dit « Vous verrez que, le matin, je suis bien mieux ».
(Abbé Mugnier (1879-1939), Journal, 5 février 1912, - Le Mercure de France, coll. "Le Temps retrouvé", 1985, p.231).
source principale : wikipédia
Bibliographie
Chacun de ses romans correspond à un pays différent. C'est une étude sur chaque pays. Il s'immerge dans la culture où il voyage. Il a une vision de l'altérité qui n'est pas intellectuelle mais sensible (sensations éprouvées). Selon lui, il n'y a plus rien à faire chez nous ; c'est ainsi qu'il part à l'étranger pour trouver de quoi s'exalter (vision nihiliste du monde).
Sa plus grande fascination allait à l'Empire ottoman, où la tolérance se confond avec la sensualité. Les femmes sont le passage obligé pour connaître l'autre civilisation. Pierre Loti recherche l'exotisme à travers les femmes. Il est en quête d'une certaine pureté dans le contact avec les femmes étrangères (mythe d'une pureté primitive qui doit régénérer le monde occidental). L'exotisme de Loti n'est pas un dialogue avec l'autre : il se fond plutôt avec l'autre, il ne s'agit donc pas de tolérance.
- 1879 : Aziyadé, témoignage de sa passion et d'une belle histoire d'amour. Avec ce livre Pierre Loti avait aussi retourné l’opinion occidentale en faveur des Turcs. (lire)
- 1880 : Rarahu
- 1881 : Le Roman d'un spahi, premier roman signé Pierre Loti se situant au Sénégal.
- 1882 : Le Mariage de Loti (Rarahu). Fleurs d'ennui. Pasquala Ivanovitch, écrit en 1872, ce roman a rencontré un vif succès.
- 1883 : Trois journées de guerre en Annam
- 1883 : Mon frère Yves10
- 1884 : Les Trois Dames de la Kasbah
- 1886 : Pêcheur d'Islande, où il décrit la vie des pêcheurs bretons, un grand succès pour lequel il obtient le prix Vitet. (lire) - Pêcheur d'Islande a sans doute souffert de son succès, considérable, et l'on ne relit plus beaucoup cette histoire d'amour qui fit tant pleurer nos grands-mères. Le chef-d'oeuvre de Loti n'en recèle pas moins de nombreuses qualités. Avec une construction savante, soigneusement équilibrée, un style sobre, à la limite de l'épure ("La mer, la mer grise"), des phrases ciselées, polies comme des galets, Loti accomplit un véritable travail d'artiste et de peintre pour évoquer ces horizons blancs, immensément vides, qui déchirent le ciel d'Islande. Lumières polaires irisées, brumes blafardes, soleils sans chaleur, impassibles et cruels, répondent aux tourments des coeurs, annoncent les amours brisées par la mort, les noces du marin et de la mer. Artisan scrupuleux, Loti trouve ici le chemin d'une poésie à la fois simple et profonde, où son chant s'épanouit en toute plénitude.
- 1887 : Madame Chrysanthème, un immense succès et Propos d'exil
- 1889 : Japoneries d'automne
- 1890 : Au Maroc et Le Roman d'un enfant, texte autobiographique où l'auteur raconte son enfance. (lire)
- 1891 : Le Livre de la pitié et de la mort. L'étude d'Anatole France sur Le Livre de la Pitié et de la Mort, inédite en librairie, avait été publiée dans le numéro du 8 août 1891 du journal L'Univers illustré, lors de la première publication de cet ouvrage.
- 1892 : Fantôme d’Orient, suite d'Aziyadé et ultime hommage au fantôme qui n'a jamais cessé de hanter son cœur.
- 1893 : L'Exilée et Le Matelot
- 1894 : Le Désert. Jérusalem et La Galilée -
Son ami Claude Farrère le décrivait comme " un agnostique qui ne se résigna jamais à renoncer à Dieu ", d'où ce voyage en Terre sainte qui nourrira son inquiétude religieuse et lui inspirera l'une de ses œuvres majeures, récit de voyage autant que quête spirituelle sous forme de triptyque.
Après avoir saisi l'intemporalité et la virginité du Sinaï (Le Désert), il observe minutieusement églises et pèlerins dans Jérusalem avant de peindre des paysages en mots, les Evangiles à la main tel un guide (La Galilée). - 1897 : Ramuntcho, se situant au Pays basque et Figures et choses qui passaient - Roman d'amour et d'aventure situé dans le milieu des contrebandiers basques, il a pour titre le nom de son personnage principal, le jeune et beau héros Ramuntcho. En dépit du caractère folklorique de sa description des mœurs régionales, dans un cadre inspiré à l'auteur par la découverte de sa terre d'adoption (Loti loua à Sare une maison à partir de 1893 et mourut à Hendaye en 1923), ce livre est devenu un ouvrage emblématique du Pays basque.
- 1898 : Judith Renaudin
- 1899 : Reflets de la sombre route
- 1902 : Les Derniers Jours de Pékin
- 1903 : L'Inde sans les Anglais
- 1904 : Vers Ispahan
- 1904 : Traduction, avec Emile Vedel, du Roi Lear de William Shakespeare
- 1905 : La Troisième Jeunesse de Madame Prune
- 1906 : Les Désenchantées, un grand succès.
- 1907 : Vies de deux chattes
- 1909 : La Mort de Philæ 11.
- 1910 : Le Château de la Belle au Bois dormant
- 1912 : Un Pèlerin d'Angkor
- 1913 : La Turquie agonisante
- 1916 : La Hyène enragée
- 1917 : Quelques aspects du vertige mondial
- 1918 : L'Horreur allemande et Les Massacres d'Arménie
- 1920 : La Mort de notre chère France en Orient exprime son incompréhension et sa réprobation face au démantèlement de l'Empire ottoman.
- 1921 : Suprêmes visions d'Orient
- 1923 : Un jeune officier pauvre
- 1924 : Lettres à Juliette Adam
- 1925 : Journal intime, 1878-1881, première partie
- 1929 : Journal intime, 1882-1885, deuxième partie et Correspondance inédite, 1865-1904
- 1930 : Un pèlerin d'Angkor, illustrations de F. de Marliave, Henri Cyral, éditeur à Paris
rongés Ramuntcho et Pêcheur d'Islande, contrainte et forcée... bon sang que j'ai eu horreur de ces deux livres !
me demande bien si je pourrais encore le lire ???
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