lundi 30 janvier 2012

née un 31 janvier...Benoîte Groult

1920 : Benoîte Groult, journaliste française

Benoîte Groult (née le 31 janvier 1920 à Paris) est une journalisteécrivaine et militante féministe française.

Benoîte Groult  (à la Comédie du Livre de Montpellier, 2010)
Elle est la fille du styliste de meubles André Groult (1884-1967), renommé dans les années trente, et de Nicole Poiret (1887-1967) dessinatrice de mode, sœur du créateur Paul Poiret et grande amie de Marie Laurencin. Benoîte Groult obtient une licence en Lettres et enseigne au début de la carrière au Cours Bossuet. En 1943, elle épouse Blaise Landon qui meurt en mai 1944.
En 1945, elle épouse un étudiant en médecine, Pierre Heuyer, qui meurt quelques mois plus tard. Elle entre au Journal de laRadiodiffusion à la Libération et y reste jusqu'en 1953. En 1951, elle épouse Georges de Caunes avec lequel elle a deux filles, Blandine et Lison, puis le romancier et journaliste Paul Guimard avec lequel elle a une fille, Constance. Elle a collaboré à diverses publications: ELLEParentsMarie Claire, etc.
Dès l'adolescence, elle cultive le goût de l'écriture mais c’est à un âge mûr qu’elle se lance sur la scène littéraire, d'abord avec sa sœur FloraJournal à quatre mains (1958), Le féminin pluriel (1965), Il était deux fois (1967). Elle est par la suite l'auteure de plusieurs best-sellers: La part des choses (1972), Les trois-quarts du Temps (1975), Ainsi soit-elle (1983), Les vaisseaux du cœur (1988), La touche étoile (2006), Mon évasion (2008). Les vaisseaux du cœur, d'inspiration autobiographique, a été adapté en 1992 au cinéma par Andrew Birkin avecGreta Scacchi et Vincent D'Onofrio.
Sa vie et son œuvre font d’elle un témoin privilégié des bouleversements sociaux dans les rapports entre hommes et femmes qui ont marqué le xxe siècle. Son féminisme, déclaré tardivement lui aussi, est une clé de lecture essentielle de son parcours, un identifiant de sa personnalité.
En 1978, elle fonde un mensuel féministe avec Claude Servan-Schreiber F Magazine dont elle rédige les éditoriaux. De 1984 à 1986, elle assure la présidence de la Commission de terminologie pour la féminisation des noms de métiers, de grades et de fonctions, fondée par Yvette Roudy, alors ministre des droits de la femme, où travaillent grammairiens, linguistes et écrivains (arrêté de féminisation publié au Journal officiel en mars 1986). Depuis 1982, elle est membre du jury Femina. Elle publie en 1986, pour la première fois, l'intégralité de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne de 1791, rédigée par Olympe de Gouges1.
bibliographie
rongés / tentation de lire...

  •  Détails sur le produit Journal à quatre mains (1958), roman écrit avec sa sœur Flora Groult -  Réédition. "Donc il y avait une fois, au 44 de la rue Vaneau, une brune et une blonde. C'était en 1940." La brune c'était Benoîte Groult, la blonde, sa sœur Flora, de quatre ans sa cadette. De 1940 à 1945, depuis la Drôle de guerre jusqu'à la Libération, ces deux adolescentes bourgeoises tiennent un journal à quatre mains. Une traversée des années noires où le regard convenu et naïf des jeunes filles rangées s'ouvre à une tout autre réalité, celle du marché noir et des rafles, de la répression et de la TSF clandestine. Mais aussi au vent nouveau qui commence à souffler, à la vie nocturne et aux premières amours. Un témoignage d'une sensibilité toute féminine sur la France occupée.
  • Le féminin pluriel (1965), roman écrit avec Flora Groult
  • Il était deux fois (1967), roman écrit avec Flora Groult
  • Détails sur le produit La part des choses (1972), roman -  Neuf personnages s'embarquent pour un tour du monde en bateau. Une femme vieillissante qui, par peur de lasser l'homme qu'elle aime, risque de le perdre. Un homme de quarante ans qui découvre, à la suite d'un infarctus, qu'il ne supporte plus son métier, ni sa femme, ni ses cinq enfants. Un garçon de vingt ans qui fuit Paris et le luxe familial pour aller chercher au loin des raisons de vivre. La Part des choses, c'est la vie de tous ces individus qui, sortis de leur cadre familier, révèlent leurs angoisses et leurs espoirs. Mais c'est aussi l'histoire d'un couple arrivé à l'âge où l'on fait la part des choses...En Australie, à Nouméa, à Bénarès ou Tahiti, délivrés de toute servitude, nos personnages se retrouvent face à eux-mêmes. À Tahiti surtout où la douceur de vivre abolit les contraintes. C'est là que nos héros découvrent leur destin, un destin que la plupart d'entre eux n'avaient pas soupçonné.
  •  Détails sur le produit Ainsi-soit-elle (1975), essai sur la condition féminine -  Inquiète de voir proliférer « les lèvres insufflées et les seins siliconés, gadgets tirés du catalogue récurrent des fantasmes masculins », et consternée de voir la presse féminine encourager ses lectrices à se conformer « aux rêves des machos », Benoîte Groult a écrit ce livre dans un sursaut. Parce qu’il ne faut jamais baisser la garde. Elle l’a écrit pour expliquer aux femmes d’aujourd’hui que « si elles ne défendent pas elles-mêmes les droits conquis par leurs mères, personne ne le fera pour elles ». Pour leur rappeler que rien n’est jamais acquis, qu’il est toujours possible de revenir en arrière. Pour dire que « rien n’est plus précaire que le droit des femmes », et le prouver avec des exemples effrayants. Elle cite ainsi les Allemandes de l’Est, qui « ont perdu, à la chute du mur de Berlin, des droits qu’elles croyaient acquis pour toujours », ou encore les Algériennes, les Iraniennes, et les Afghanes qui, après avoir « goûté aux premiers fruits de la liberté, ont disparu, du jour au lendemain, sous un voile de silence ». Ces vérités que l’on préférerait ne pas entendre, Benoîte Groult les martèle comme on donne l’alerte. Avec ce manuel du féminisme, elle entend alphabétiser une génération qui ignore tout des combats menés par les femmes au XXe siècle. « Il n’est jamais trop tard pour lire un livre féministe ».
  • Détails sur le produit Le féminisme au masculin (1977), essai sur les féministes -  « Quelles qualités rares a-t-il fallu aux quelques hommes qui ont voulu dépasser l’image traditionnelle de l’épouse dévouée, gardienne du foyer et mère admirable, pour penser à elle comme à une personne indépendante, un être humain à part entière ? » Pour beaucoup d’entre nous, le féminisme a toujours été une affaire de femmes. Mais on oublie qu’il s’est trouvé, à toutes les époques de l’Histoire, des hommes éclairés ayant profité de leur influence pour défendre le deuxième sexe. Y aurait-il une loi de la nature réservant spécifiquement la cuisine, le ménage ou l’éducation des enfants aux femmes ? Comment accepter ce « marché » qui fait des jeunes filles des objets exposés dans les bals jusqu’à leur acquisition par un mari ? Que faire pour que le mariage cesse d’être le tombeau de la femme, et le moyen légal de son asservissement ? Ces questions, de rares hommes les ont posées, et c’est à ces libres-penseurs courageux, écrivains ou hommes politiques des siècles passés, que Benoîte Groult rend hommage ici. Adoptant une perspective inédite, elle redonne voix aux premiers féministes, et met à l’honneur des hommes qui, comme Condorcet, Stuart Mill ou Fourier, ont eu la force de secouer les préjugés, de s’élever contre l’injustice et de dénoncer la prétendue infériorité de la femme comme le résultat d’un abus de pouvoir. Une manière éclatante de montrer qu’il ne faut plus confondre féminisme et haine des hommes.
  • Détails sur le produit Les trois quarts du temps (1983), roman
  • Olympe de Gouges, biographie, Mercure de France, 1986
  • Détails sur le produit Les vaisseaux du cœur‎ (1988), roman -  Exhortation provocante, triomphante, à la passion physique capable de balayer toutes les différences sociales, culturelles, les entraves conjugales, l'éloignement, le temps, Les Vaisseaux du coeur de Benoîte Groult est la plus fabuleuse des histoires d'amour.Claire Gallois, Le Magazine littéraire.Elle a osé appeler un chat un chat, et ce roman n'a pas fini de faire scandale (?). Pourtant, ne croyez surtout pas qu'il s'agisse d'un man « leste ». C'est tout simplement une superbe histoire d'amour.Danièle Mazingarbe, Le Figaro Madame.Il ne faudrait pas voir pour autant dans Les Vaisseaux du coeur une sorte de roman « volontariste », affirmant sans nuance que la liberté d'aimer « sauve » de tous les maux. Il suffit de lire les belles pages sur la vieillesse, vers la fin du livre, pour s'apercevoir que Benoîte Groult n'a pas perdu, dans une prétendue « pornographie », sa lucidité.Josyane Savigneau, Le Monde.
  • Pauline Roland ou Comment la liberté vint aux femmes (1991), biographie
  • Cette mâle assurance (1994), essai sur la misogynie
  • Histoire d'une évasion (1997), essai autobiographique
  • Détails sur le produit La touche étoile (2006), roman -  Ni Dieu ni Diable, Moïra, dans la mythologie grecque, représente la destinée. Elle s’attache à faire advenir l’improbable chez ses protégés en brouillant les cartes quand elle les juge mal distribuées. Ainsi Marion, qui s’est mariée en espérant former un couple moderne, découvrira qu’on souffre comme au temps de Racine même si on a signé le contrat de Sartre et Beauvoir. Mais Moïra lui fera vivre, en marge, une liaison passionnée avec un Irlandais un peu fou, un peu poète. Sa mère Alice, quatre-vingts ans, journaliste féministe de choc, s’est juré de ne pas se laisser déborder par la vieillesse. Un défi osé que Moïra l’aidera à relever avec panache.
    La Touche étoile est une leçon des Ténèbres, dite sur le ton de l’allégresse. Le roman émouvant et drôle de plusieurs générations de femmes. .
  • Détails sur le produit Mon évasion: autobiographie, Grasset, 2008. -  Tant que je saurai où demeurer, tant que je serai accueillie en arrivant par le sourire de mes jardins, tant que j’éprouverai si fort le goût de revenir et non celui de fuir ; tant que la terre n’aura perdu aucune de ses couleurs, ni la mer de sa chère amertume, ni les hommes de leur étrangeté, ni l’écriture et la lecture de leurs attraits ; tant que mes enfants me ramèneront aux racines de l’amour, la mort ne pourra que se taire. Moi vivante, elle ne parviendra pas à m’atteindre. B. G. Benoîte Groult publie enfin son autobiographie : d’une enfance privilégiée dans les années 1930 à l’engagement féministe, d’un mariage bourgeois au contrat de liberté, l’auteure de La Touche étoile raconte ici sa traversée de la vie comme une perpétuelle évasion.





revue de presse : Groult: "Aucun intellectuel vivant n'est féministe"
Ils ont tout sacrifié: l’honneur, la fortune, parfois même leur vie. Dans son livre Le Féminisme au masculin*, l’écrivaine Benoîte Groult, 90 ans, rend hommage à ces quelques hommes -Poullain de La Barre, Condorcet, Stuart Mill, Fourier… - féministes avant l’heure. Elle cherche aujourd’hui leurs successeurs… et peine à en trouver. Le professeur Baulieu, Lucien Neuwirth, Valéry Giscard d’Estaing, Lionel Jospin…
Après Condorcet, Stuart Mill et Fourier, qui sont les hommes féministes d’aujourd’hui?
Il y en a très peu. J’en vois tout de même un : le professeur de médecine Etienne-Emile Baulieu, qui s’est attaché, malgré l’opposition de ses confrères, à mettre en œuvre la pilule du lendemain. Je l’ai écouté parler de ce qui pouvait rendre service aux femmes dans la recherche. Car le féminisme n’est pas seulement une théorie abstraite, il est essentiel pour le corps et l’âme des femmes. On peut aussi citer Lucien Neuwirth, qui a défendu la contraception avant tout le monde à l’Assemblée.
C’est tout?
J’ai regardé dans les centaines de livres que j’ai chez moi, je n’ai trouvé aucun intellectuel vivant que l’on puisse vraiment classer dans les féministes au masculin. J’ai passé tous les penseurs en revue, et je les ai recalés. Finkielkraut? Il ne s’intéresse pas aux problèmes spécifiquement féminins. Bernard-Henri Lévy? Il a publié un livre d’entretiens avec Françoise Giroud où il faisait preuve d’un élégant machisme. Chez tous ces écrivains contemporains, la misogynie se voit moins, mais elle reste présente.
Et les politiques?
De Gaulle a donné le droit de vote aux femmes. Mais quand on lui a dit: "Vous allez en prendre au gouvernement?" Il a répondu: "Oui, à un sous-secrétariat d’Etat au tricot." Cela montrait bien dans quelle estime il tenait les capacités des femmes. Je ne vois pas tellement d’hommes politiques féministes. Si, Lionel Jospin mériterait de compter parmi les héros de mon livre. Il a défendu la loi sur la parité. Et il s’est battu pour la féminisation des noms de métier. Il a même envoyé un guide sur ce thème à toutes les administrations. Et je n’oublie pas Valéry Giscard d’Estaing. C’est grâce à lui que Simone Veil a pu faire passer le droit à l’IVG. Sinon, les partis de droite auraient voté contre.

"Les hommes ont plutôt tendance à freiner toute évolution"

Pourquoi y a-t-il aussi peu d’hommes féministes?
Parce que les femmes occupent le créneau… Même si le mot "féminisme" est passé de mode. On me dit souvent: "Vous êtes encore féministe?…", comme si c’était une maladie honteuse dont je n’arrivais pas à guérir. Les jeunes filles d’aujourd’hui ne se revendiquent pas du tout comme féministes. Elles croient que tous les droits sont tombés dans leur berceau par hasard. Alors que moi, quand je suis née, j’avais zéro droit. A 25 ans, j’étais professeur de latin, mais je n’avais pas le droit de vote! Ni à la contraception, ni le droit d’entrer à Polytechnique, ni de divorcer, ni d’être élue… De même, les jeunes politiques, par exemple au PS, n’osent pas se dire féministes. Pour eux, c’est une étiquette ringarde.
Un combat dépassé?
Les hommes ont plutôt tendance à freiner toute évolution, à massacrer toutes les femmes qui sortent la tête hors de l’eau. Quand Edith Cresson est devenue la première femme Premier ministre, les députés lui lançaient des petites phrases: "De quelle couleur est ton slip, Edith?" Tout cela parce qu’elle s’habillait d’une manière assez affriolante. On s’attaque à notre coquetterie comme au Moyen Age ! Quand Ségolène Royal s’est présentée à la présidence, elle a été accusée d’incompétence alors qu’elle avait fait les mêmes études que Bayrou et bien d’autres. C’est encore un monde d’hommes où le pouvoir est aux hommes. La galanterie française a bien disparu, mais quand il s’agit de sièges à l’Assemblée, elle n’a jamais existé.
Les hommes restent misogynes…
Il y a en tout cas beaucoup plus de misogynes que d’hommes féministes. Je trouve incroyable, par exemple, que les papes successifs de la religion catholique ne veuillent toujours pas ordonner des femmes… alors qu’il manque terriblement de prêtres et que l’Eglise est secouée par des affaires de pédophilie. Les papes ont encore un langage moyenâgeux vis-à-vis des femmes. Il y a des femmes pasteurs, des femmes rabbins, mais dans la religion catholique, les femmes n’ont pas surmonté la réputation que leur a faite saint Paul : elles représentent le péché originel. L’an dernier, les Chiennes de garde ont remis le prix du macho au cardinal André Vingt-Trois, qui disait: "Le tout n’est pas d’avoir une jupe, c’est d’avoir quelque chose dans la tête." De toute façon, on assiste à une renaissance de la misogynie. Des centres IVG ferment. Dans les écoles d’art, on conseille aux femmes de ne pas mettre leur prénom en bas des tableaux pour ne pas les dévaluer. Même les grands couturiers semblent avoir la nostalgie de la femme empêtrée!

"Le féminisme est un humanisme"

Pourtant, beaucoup d’hommes assurent une partie des tâches quotidiennes…
Cela reste une minorité. Mais les hommes ont intérêt à devenir de plus en plus féministes et à partager tout avec les femmes - les idées, le pouvoir, le repassage, la cuisine… - s’ils veulent une relation durable. Les filles d’aujourd’hui sont plus exigeantes. Elles aiment plus facilement un homme qui partage les tâches, les considère aussi intelligentes qu’eux… Elles ne veulent pas être des épouses à l’ancienne. Et si leur mari n’est pas assez féministe, elles divorcent. D’ailleurs, aujourd’hui, ce sont surtout elles qui demandent le divorce.
Quelles leçons tirer des hommes féministes du passé?
Beaucoup de choses sont valables. Fourier, par exemple, prônait la liberté sexuelle des filles. Aujourd’hui, les femmes peuvent évidemment mener une vie libre, mais on les prend pour des dévergondées. Alors que pour un homme, avoir plusieurs maîtresses, c’est bien vu. Même pour un président de la République. A l’enterrement de Mitterrand, ses deux femmes ont pleuré ensemble. Ce serait impensable pour une présidente!
Comment les hommes peuvent-ils être féministes?
Déjà, en ne se moquant pas des féministes. Les hommes renâclent encore. Pourtant, le féminisme est un humanisme. Les deux sexes doivent s’engager. Les femmes ont besoin, non pas de justice, mais de favoritisme. Il faut les aider à gravir les échelons parce qu’elles n’ont pas l’habitude de se mettre en avant. Il faut bien une génération pour apprendre la liberté.
*Grasset, 222 p., 17 euros.




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