Louis Pergaud est un instituteur et romancier français né à Belmont (Doubs), le 22 janvier 1882 et mort pour la France le 8 avril 1915, peu après la bataille de la Woëvre, près de Marchéville-en-Woëvre (département de la Meuse). Il est l'auteur de De Goupil à Margot, Prix Goncourt 1910, et de la La Guerre des boutons, paru en 1912.
Louis Pergaud est originaire de Belmont (Doubs), près de Besançon en Franche-Comté. Son père, Élie Pergaud (mort le 20 février 1900), y est instituteur paroissien depuis 1877. Le 29 novembre 1879, il y épouse Noémie Collette (morte le 21 mars 1900), fille de fermiers de la même commune. Il est le cadet de trois fils : Pierre (9 août 1880/5 octobre 1880), Louis (né le 22 janvier 1882) et Lucien (1883-1973). En 1900, il se retrouve orphelin à 18 ans, son père et sa mère étant décédés à Fallerans à un mois d'intervalle.
Il suit les traces de son père au moment de choisir son métier : après une préparation à Besançon, en juillet 1898, Louis Pergaud, âgé de seize ans, dont le travail est excellent, présente le concours d’entrée à l’École normale et il est reçu premier. Après 3 ans d'études acharnées dans cette école, il en sort, le 30 juillet 1901, troisième de sa promotion. Il est nommé enseignant à Durnes (Doubs), son premier poste, pour la rentrée d’octobre 1901.
En 1903, il épouse Marthe Caffot, institutrice à La Barèche, un village voisin. En avril 1904, avec l'aide d'un ami poète, Léon Deubel, il fait paraître son premier recueil de poésies, L’Aube. En 1905, lors de la séparation de l'Église et de l'État, Pergaud est muté à Landresse, toujours dans le Doubs. L'arrivée au village d'un instituteur réputé socialiste et anticlérical suscite des protestations des populations locales ulcérées. Le refus de Pergaud d'assister à la messe et d'enseigner la doctrine catholique ont pour effet d'aggraver les tensions. En 1907, il abandonne sa femme. Il « descend » alors à Paris, où sa maîtresse, Delphine Duboz, le rejoindra peu après. Il travaille comme clerc puis comme maître d'école, consacrant tout le temps qu'il peut à sa plus grande passion : l'écriture. Pergaud, l'écrivain, puisera aux souvenirs de sa terre natale, la Franche-Comté, pour composer la quasi-totalité de ses œuvres. La prose de Pergaud est souvent assimilée soit au mouvement réaliste, parfois même naturaliste, soit au mouvement moderniste.
En 1908, Marthe Caffot et lui divorcent après presque trois ans de séparation. Le divorce est prononcé aux torts de l'écrivain. En juillet 1910, il épouse Delphine Duboz.
En août 1914, Louis Pergaud est mobilisé dans l'armée française comme sous-lieutenant au 166e régiment d'infanterie cantonné à Verdun. Il sert en Lorraine sur le front Ouest, pendant l'invasion allemande. Le7 avril 1915, son régiment lance une attaque contre les lignes allemandes : piégé dans les barbelés, il est blessé par balles. À la fin de l'offensive, l'écrivain comtois n'est pas parmi les rescapés.
On croit maintenant que, plusieurs heures plus tard, les soldats allemands sont venus à son secours, et l'ont emmené avec quelques-uns de ses camarades dans un hôpital provisoire. Ce bâtiment, situé à Fresnes-en-Woëvre, serait détruit par un tir de barrage de l'armée française le 8 avril. Louis Pergaud, et de nombreux compatriotes, ont été au nombre des victimes. Son corps n'a jamais été retrouvé.
Le 4 août 1921, Louis Pergaud est déclaré « Mort pour la France ». Ce jugement fera l'objet de deux transcriptions, les 3 et 5 septembre 1921, car la première transcription comporte une erreur sur le prénom : Émile Louis au lieu de Louis Émile.
Louis Pergaud est mort dans la petite commune de Marchéville-en-Woëvre (Meuse) en 1915. Son monument devait être érigé en face du cimetière. D'ailleurs, le socle est resté visible longtemps. Pour des raisons financières, les maires respectifs de Marchéville, M. Guy Mettavant, et de Fresnes, M. Masson, se sont mis d'accord pour que le monument se trouve à Fresnes. Une correspondante de L'Est républicain et de Terre Lorraine, Chantal Canu-Crouët, qui a vécu longtemps à Marchéville, s'est insurgée contre cette décision, dans un article publié au début des années 80. Rendons à Louis Pergaud et à Marchéville… Même mort, il continue à nous emmener à l'école buissonnière… Ce qui le rend encore plus attachant et énigmatique.
Sa première publication en prose parait dans le Mercure de France en 1910, le recueil de ces nouvelles s'intitule De Goupil à Margot (Prix Goncourt 1910). Avec cette œuvre Pergaud s'établit comme maître littéraire dans le domaine animalier. Certains critiques y voient l'expression des similitudes entre les instincts amoraux des animaux, et les activités immorales des hommes. Ces mêmes critiques proposent que Pergaud adopte une telle position en conséquence de son fervent anti-militarisme, une attitude qu'il aurait développée durant son service national en 1902.
En 1911 sort son deuxième recueil de nouvelles sur le thème des animaux, dont La Revanche du corbeau.
En 1912, il écrit La Guerre des boutons, roman de ma douzième année : rivalités belliqueuses entre garçons de deux villages voisins à chaque rentrée scolaire. Cette guerre prend une forme un peu particulière : en plus des coups et des injures, les « vaincus » se voient confisquer leurs boutons en guise de trophées, avant d'être renvoyés chez eux. Le roman commence avec humour et innocence, mais devient de plus en plus sinistre au fur et à mesure que la frontière entre jeu et réalité est brouillée. Sa Majesté des mouches développera plus tard des aspects assez similaires. On trouvera aussi dans la Guerre des boutons plusieurs thèmes relevant de la vie sociopolitique de la Troisième République française : le conflit entre l'Église et le mouvement anticlérical, l'esprit revanchard, l'instruction civique à la Jules Ferry, etc.
En 1913 paraît Le Roman de Miraut, chien de chasse. Il écrit de nombreuses autres histoires à propos de la vie « rustique » et du règne animal, qui seront publiées à titre posthume.
En 2011 est publié en intégralité le Carnet de guerre de Louis Pergaud qui débute le 3 août 1914 et prend fin le 6 avril 1915.
L'œuvre de Pergaud est toujours très populaire en France, avec plus d'une trentaine de rééditions de La Guerre des boutons. En octobre 2010, l'œuvre de Louis Pergaud tombe dans le domaine public1.
Il existe une association à Paris : Les Amis de Louis Pergaud.
Bibliographie
- De Goupil à Margot, histoires de bêtes (prix Goncourt 1910), Éd. Le Mercure de France, Paris, 258 p. - Recueil de huit nouvelles, dont le personnage principal est toujours un animal. Ces nouvelles s'intitulent:
- La tragique aventure de Goupil..
- Le viol souterrain.
- L'horrible délivrance.
- La fin de Fuseline.
- La conspiration du Murger
- Le fatal étonnement de Guerriot
- L'évasion de la mort.
- La captivité de Margot.
- La Revanche du corbeau, nouvelles histoires de bêtes, Éd. Le Mercure de France, Paris, 1911, 253 p.
- Le Roman de Miraut, chien de chasse, Paris, Éd. Le Mercure de France, 1913, 424 p.
- La Guerre des boutons, roman de ma douzième année, Paris, Éd. Le Mercure de France, 1913, 344 p. - Cela fait des générations que les enfants de deux villages voisins, ceux de Longueverne et de Velrans, se font la guerre. Une histoire de tradition sans doute, pour une guerre qui, bien qu'enfantine, n'en reste pas moins d'un grand sérieux. Moins sanglante que celle des adultes bien sûr, mais tout aussi dangereuse pour l'amour-propre de ceux qui, prisonniers, se retrouvent à la merci de leurs ennemis ! En effet, le butin de guerre des deux armées est constitué des boutons et lacets, attributs indispensables sans lesquels les malheureux tombés aux mains de l'ennemi se voient obligés de s'enfuir tout nus, et même parfois copieusement fessés !De batailles perdues en revanches, cette guerre épique et truculente rythme la vie des enfants de ces deux villages, menée par des personnages hauts en couleur comme Lebrac, Petit Gibus, Grand Gibus, La Crique ou Camus. On ne peut s'empêcher de rire à certaines des ruses inventées par ces jeunes stratèges mais aussi de s'apitoyer sur le sort des pauvres victimes. Certaines des expressions sont crues comme l'a voulu l'auteur et comme il le précise :
J'ai voulu faire un livre sain, qui fût à la fois gaulois, épique et rabelaisien ; un livre où coulât la sève, la vie, l'enthousiasme... Aussi n'ai-je point craint l'expression crue, à condition qu'elle fût savoureuse, ni le geste leste, pourvu qu'il fût épique.
- Léon Deubel: Régner, poèmes recueillis par Louis Pergaud, Éd. Le Mercure de France, Paris, 1913, 260 p (préface de Pergaud pp. 5 à 48).
- Les Petits Gars des champs, in Revue des œuvres nouvelles, n° 3, mars 1914.
- Les Rustiques, nouvelles villageoises, préface de Lucien Descaves, Éd. Le Mercure de France, Paris, 1921, 241 p.
- Lebrac bûcheron, roman inachevé, introduction d'Edmond Rocher, Éd. Le Mercure de France, Paris, 1923, 318 p. Œuvre posthume.
- La Vie des bêtes, études et nouvelles, Éd. Le Mercure de France, Paris, 1923, 318 p.
- Carnet de guerre, Éditions établie par Françoise Maury, Éd. Le Mercure de France, Paris, 158 p.
La Guerre des boutons est une comédie française d'Yves Robert sur son scénario en collaboration avec François Boyer d'après le roman éponyme La Guerre des boutons de Louis Pergaud, publié en 1912, avec André Treton, Michel Isella, Martin Lartigue dans le rôle du Petit Gibus ainsi que Jean Richard et Michel Galabru. Ce film est sorti en 1962.
C'est la deuxième des cinq adaptations cinématographiques à ce jour du roman. Le film a obtenu le prix Jean-Vigo et la Victoire du cinéma français.
- La célèbre phrase du petit Gibus « Si j'aurais su, j'aurais po v'nu » n'appartient pas au roman original.
- Le co-scénariste François Boyer apparaît à l'écran dans le rôle du curé.
- Devant la difficulté à financer le film, Yves Robert et son épouse Danièle Delorme fondent leur propre société de production : La Guéville. Dans une interview radiophonique à France Inter au cours des années 2000, Danièle Delorme dit que les seuls droits sur le film ont assuré les frais de fonctionnement de La Guéville depuis sa création.
rongé la guerre des boutons et quelques contes...
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