1976 : Pierre Jean Jouve, poète et romancier français (° 11 octobre 1887).
Pierre Jean Jouve (né à Arras le 11 octobre 1887, mort à Paris le 8 janvier 1976) est un écrivain, poète, romancier et critique français.
Pierre Jean Jouve1 a eu « plusieurs vies ». Avant 1914, il est un des écrivains de l'unanimisme, ce mouvement créé par Jules Romains, puis un membre actif du mouvement pacifiste animé par Romain Rolland pendant la Première Guerre mondiale.
À partir de 1921, une profonde rupture a lieu grâce à sa seconde épouse, la psychanalyste Blanche Reverchon, traductrice de Freud (1923) et amie de Jacques Lacan. Elle fait de lui l'un des premiers écrivains à affronter lapsychanalyse et à montrer l'importance de l'inconscient dans la création artistique — et cela dès le milieu des années 1920. On peut citer parmi les œuvres de cette époque ses recueils de poèmes : Les Noces (1925-1931), Sueur de Sang (1933-1935), Matière céleste (1937), et ses romans : Le Monde désert (1927), Hécate (1928), Vagadu (1931), La Scène capitale (1935), et le plus connu Paulina 1880, paru en 1925 (adapté au cinéma en 1972 par Jean-Louis Bertucelli).
Il a été aussi, dès 1938 et pendant son exil en Suisse, un important acteur de la résistance intellectuelle contre le nazisme, avec ses poèmes apocalyptiques de Gloire et de La Vierge de Paris.
Jouve a été le compagnon de route de nombreux artistes, d'écrivains (Romain Rolland, Stefan Zweig, Joë Bousquet, Jean Paulhan, Henry Bauchau), …), de peintres (André Masson, Balthus, Joseph Sima, …), de philosophes (Jean Wahl, Jacques Lacan, …) et de musiciens (Michel Fano, …) : il a d'ailleurs beaucoup écrit sur l'art et la musique.
Cet écrivain souvent perçu comme un marginal hautain, refusant les embrigadements des "mouvements" a su toucher beaucoup d'écrivains et d'artistes dont certains peuvent être considérés comme ses disciples, par exemple les poètes Pierre Emmanuel, Salah Stétié ou Yves Bonnefoy.
Dès le début des années 1930, Pierre Jean Jouve a senti la montée des périls en Europe, sans doute parce qu'il connaissait bien l'Italie et Salzbourg : il était l'ami d'Arturo Toscanini et de Bruno Walter, et il a vu l'arrivée des fascistes dans la cité de Dante et celle des nazis dans la cité de Mozart. Si la nouvelle édition du Paradis perdu avec des gravures de Joseph Sima est l'aboutissement d'un travail de 10 ans, sa nouvelle préface La Fautereprend la thématique de l'Avant-Propos de Sueur de Sang : la pulsion de mort, que Jouve a découverte chez les individus grâce à sa lecture de Freud (importance du rôle de son épouse Blanche Reverchon dans cette aventure), est élargie à la destinée tragiques des peuples. Cette thématique qui mêle aventure existentielle et spirituelle avec une vision apocalyptique de l'histoire de l'Europe se retrouve dans le quatrième recueil de poèmes, Kyrie (Gallimard, 1938). Les poèmes introspectifs de la section "Kyrie" y voisinent avec les poèmes visionnaires des "Quatre cavaliers". Ses prises de position politique se retrouvent aussi bien dans ses chroniques musicales — voir dans l'article Le dernier concert de la Paix (NRF, décembre 1939) l'affrontement entre Arturo Toscanini et Wilhelm Furtwaengler accusé de faire carrière en dirigeant Beethoven devant un "public spécial" — que dans des poèmes ouvertement anti-hitlériens : "L'Ode au Peuple" (chez GLM, mars 1939) sera intégrée dans le triptyque "A la France 1939", publiée par Jean Paulhan en ouverture de la N.R.F. du 1er février 1940. En 1940, durant l'exode, Jouve fuit Paris. Il entend l'Appel du 18 Juin du Général De Gaulle, vit quelques mois dans le sud de la France (Dieulefit), puis c'est l'exil en Suisse où il restera toute la guerre. Il y participera activement aux publications suisses (Cahiers du Rhône, "Le Cri de la France" de la LUF) qui défendent la culture française résistant à l'oppression du régime de Vichy et à l'occupation allemande : son Défense et Illustration de 1943 "défend et illustre" des artistes révolutionnaires français, de Delacroix à Courbet. Un recueil de poèmes comme Gloire est engagé sur un chemin spirituel et sur un terrain politique. Gloire (1940 et 1942) : les grands poèmes de Gloire sont à l'origine de la considération de Jouve par ses contemporains comme "témoin" et "prophète" annonçant la guerre. En 1947, Jean Paulhan et Dominique Aury ont écrit : "Ses poèmesKyrie, Résurrection des Morts et À la France ont laissé pressentir la catastrophe". Ses sections, Tancrède, Résurrection des Morts, La Chute du Ciel et Catacombes, ont été écrites juste avant ou juste au début de la Seconde Guerre mondiale. La Vierge de Paris de 1946 est une cathédrale dont les chapelles (les sections) reprennent les précédents recueils publiés un peu avant la guerre, comme certaines parties de Gloire, puis pendant la guerre : Porche à la Nuit des Saints (1941), Vers majeurs (1942) et La Vierge de Paris, plaquette de 1944 dont le volume de 1946 reprend le titre. Le recueil associe des poèmes sur la réflexion mystique de Jouve (thème du "Nada"), sur ses relations avec les figures féminines et sur la pulsion de mort. Celle-ci est à l'œuvre dans le désastre collectif qu'est la guerre engagée par le nazisme : "Ces poèmes conçus et écrits pendant le temps d'apocalypse, pour libérer l'âme, sont aussi des signes de la résistance française à un accablant ennemi" (prière d'insérer du volume de 1946). La guerre a aussi été pour Jouve le temps de l'écriture de grands recueils de textes critiques : sur la littérature, voir son Tombeau de Baudelaire, mais aussi sur la peinture et la musique, comme dans Le Don Juan de Mozart (1942). Le grand recueil Défense et Illustration montre l'étendue de ses champs de réflexion éthiques et esthétiques (poésie, peinture, musique).
source principale : wikipédia (extraits)
Bibliographie
Les lecteurs de Jouve ont accès à ses œuvres les plus célèbres de la période 1925-1937 par des rééditions en collections de poche. Mais il faut savoir que les textes sont ceux des rééditions tardives au Mercure de France.
- Paulina 1880, livre de poche, 1964; Folio, 1974. - Paulina Pandolfini. Née à Milan le 14 juin 1849. Fille cadette de Mario Giuseppe Pandolfini et de Lucia Carolina son épouse. Célibataire sans profession. A séjourné comme novice dans le couvent de la Visitation à Mantoue de 1877 à 1879. A tué à Florence, le 28 août 1880, son amant le comte Michele Cantarini. Condamnée par ,jugement de la Cour de Florence en date du 12 avril 1881, à vingt-cinq années d'emprisonnement. A purgé sa peine dans la prison judiciaire de Turin jusqu'au 15 juin 1891, date à laquelle elle fut graciée.
- Wozzeck d'Alban Berg, avec Michel Fano, 10/18, 1964.
- Les Noces, suivi de Sueur de Sang, Préface de Jean Starobinski, poésie/Gallimard, 1966.
- Le Monde désert, livre de poche, 1968; L'Imaginaire, Gallimard, 1992. - Le Monde désert traite des difficiles relations entre la vie amoureuse et la création artistique chez trois personnages. Jacques de Todi, homosexuel, a peut-être une vocation de peintre, et son modèle, le fils d’un pasteur genevois, s’est réellement suicidé. Luc Pascal, le poète maudit, est un double transparent de l'auteur. La mystérieuse Baladine (sans doute inspirée par Baladine Klossowska, la dernière compagne de Rilke, la mère de Pierre Klossowski et de Balthus) aide les hommes qu’elle aime à se révéler, mais elle ne les protège pas de la mort physique ou symbolique. Le roman se lit à deux niveaux : la vie visible de ses personnages se distingue de leur vie intérieure à laquelle le romancier nous rend très sensible.
- En miroir, 10/18, 1972.
- Hécate, suivi de Vagadu, collection L'Imaginaire, Gallimard, décembre 2010. Cette édition se substitue à :
- Aventure de Catherine Crachat I, Hécate, Folio, 1972. - A Paris, Catherine Crachat se glisse dans la peau d'Hécate, déesse lunaire qui préside aux enchantements. Elle aime - aimante - Pierre Indemini. A Vienne, elle rencontre la baronne Fanny Felicitas, figure d'ogresse érotique, et découvre que Pierre a fait partie de ses amants. Catherine veut renouer avec lui. Il demande le renoncement. Elle s'enfuit. Plus tard, au bord du lac d'Eibsee, Catherine et Fanny se disputent la mémoire de Pierre, mort au loin... Toujours dominée par les autres, c'est Catherine pourtant qui mène le jeu. Quelle force l'habite donc ? Et d'où vient-elle ? Jouve répond à cette question dans Vagadu - récit du combat que livre Catherine avec ses rêves, son passé, son existence, jusqu'à la libération intérieure, " l'affranchissement des erreurs et des fautes ".
- Aventure de Catherine Crachat II, Vagadu, Folio, 1989. - Le diptyque Aventure de Catherine Crachat débute par Hécate (1928) qui conte l’histoire d’une star de cinéma, Catherine Crachat, qui cherche son destin entre différents hommes et différentes femmes. On retient surtout la figure de Pierre Indemini, mathématicien, peintre et poète, et celle de la baronne Fanny Felicitas Hohenstein, la « femme fatale ». Comme Hécate, la déesse lunaire à laquelle elle est comparée, Catherine conduit à la mort ceux et celles qu’elle aime. Le roman peut aussi être lu comme une percutante chronique de la vie dans les milieux intellectuels, mondains, artistiques et féministes des Années 1920 en Europe.
- La Scène capitale, L'Imaginaire, Gallimard, 1982.
- Diadème, suivi de Mélodrame, Poésie/Gallimard, 1970; nouvelle éd. 2006.
- Dans les Années profondes - Matière céleste - Proses, Présentation de Jérôme Thélot, Poésie/Gallimard, 1995.
souvenirs de lecture assez anciens...
Relire ???
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